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L'histoire de Kiribati
Les îles qui composent aujourd'hui Kiribati forment principalement trois archipels, les îles Gilbert, les îles Phoenix et les îles de la Ligne. Les premiers voyageurs austronésiens sont arrivés dans les îles Gilbert dès 3000 av. JC, mais ces îles n'ont été largement colonisées que vers l'an 200 de notre ère par des Micronésiens. Vers 1300, les Samoans et les Tongiens envahissent le sud des îles Gilbert, apportant avec eux des éléments culturels polynésiens. Les arrivées ultérieures de Fidjiens apporte des éléments mélanésiens aux îles Gilbert, et de nombreux mariages mixtes entre les populations micronésienne, polynésienne et mélanésienne conduisent à la création d'une culture spécifique à ces îles, d'autant que celles-ci sont relativement isolées, ce qui permet encore davantage aux traditions culturelles et aux structures sociales de se développer de manière distincte. La société est fortement hiérarchisée et basée sur les liens familiaux et les clans dont lms chefs sont appelésunimane. Les populations vivent de la pêche, de l'agriculture de subsistance (comme la culture du taro et du pandanus) et de la construction de bateaux pour la navigation inter-îles. Quant aux îles  Phoenix et aux îles de la Ligne, elles ont toutes deux été visitées par diverses populations mélanésiens et polynésiens, mais leur isolement et le manque de ressources naturelles signifient que les colonies à long terme n'ont pas été possibles, si bien que les deux groupes d'îles allaient être inhabités au moment de l'arrivée des Européens

Le premier contact enregistré avec les Européens a eu lieu en 1606 lorsque Pedro Fernandes de Queirós a aperçu certaines des îles. Cependant, ces îles ne sont pas explorées de manière approfondie pendant longtemps. Kiribati connaît un contact européen soutenu seulement à partir des années 1760. Thomas Gilbert et William Marshall explorent les îles en 1788. Les trois groupes d'îles sont nommés et cartographiés en 1826. Les baleiniers américains traversent fréquemment les îles et le Royaume-Uni déclare un protectorat sur les îles Gilbert et Ellice (auj. Tuvalu) voisines en 1892 pour bloquer l'influence croissante des États-Unis. L'île de Banaba, riche en phosphate, est annexée au protectorat en 1900. 

En 1916, le protectorat devient une colonie de la Couronne britannique et certaines îles de la Ligne sont ajoutées en 1916 et 1919 (les dernières étant annexées en 1972). Les îles Phoenix sont ajoutées à la colonie en 1937, et le Royaume-Uni accepte de partager la juridiction de certains d'entre elles avec les États-Unis en raison de leur emplacement stratégique pour l'aéronautique. Sous l'administration coloniale britannique, les îles sont davantage intégrées dans l'économie mondiale. Le coprah (l'albumen séché de la noix de coco) devient la principale exportation de l'archipel, tandis que le gouvernement colonial introduit des réformes administratives et éducatives. Cependant, l'économie reste largement de subsistance et les infrastructures sont limitées.

A l'occasion de la  Seconde Guerre mondiale, le Japon occupe le nord des îles Gilbert en décembre1941. En novembre 1943, ces îles sont le théâtre de deux des batailles les plus féroces de la guerre du Pacifique. Les forces américaines, cherchant à repousser les Japonais, envahissnt l'atoll de Tarawa et l'île de Makin, ce qui entraîne des pertes massives des deux côtés et parmi la population civile. A l'issue de ces batailles, les îles sont libérées du contrôle japonais.

Les batailles de Tarawa (20-23 novembre 1943) et de Makin (20-24 novembre 1943) sont deux engagements militaires majeurs qui faisaient partie de l'opération Galvanic, une offensive des forces alliées pour reprendre le contrôle des îles Gilbert, occupées par l'Empire du Japon. Tarawa était fortement fortifié par les Japonais, qui avaient construit des bunkers, des casemates et des obstacles anti-débarquement. L'atoll était défendu par environ 4700 soldats japonais, dont des troupes de l'Armée impériale japonaise et des travailleurs coréens forcés. Les forces américaines, principalement des Marines, ont lancé une attaque amphibie le 20 novembre 1943. L'assaut initial a été marqué par des difficultés, notamment en raison de la marée basse qui a empêché les péniches de débarquement d'approcher correctement des plages, obligeant les Marines à traverser des récifs sous le feu ennemi. Après trois jours de combats intenses, les Américains ont finalement réussi à s'emparer de l'atoll. La bataille a été l'une des plus sanglantes pour les Marines, avec environ 1000 tués et 2300 blessés. Les pertes japonaises ont été quasi totales, avec environ 4690 tués, seuls 17 soldats japonais et 129 travailleurs coréens étant faits prisonniers. Makin (Butaritari), était moins bien défendue que Tarawa, avec environ 800 soldats japonais, principalement de l'Armée impériale japonaise. Le 20 novembre 1943, la 27e Division d'infanterie américaine a débarqué sur Makin. Contrairement à Tarawa, l'assaut sur Makin a rencontré une résistance moindre, bien que des poches de résistance japonaise aient causé des retards et des pertes. Makin est tombée aux mains des Américains le 24 novembre 1943. Les pertes américaines étaient relativement faibles, environ 66 morts et 152 blessés, tandis que presque toute la garnison japonaise a été anéantie, avec environ 650 tués.
Les Britanniques rétablissent leur administration coloniale à la fin de la guerre. Les infrastructures détruites sont réparées et les efforts de développement reprennent, bien que les ressources restent limitées. Cette période marque le début d'une prise de conscience politique parmi les habitants parmi les habitants des îles Gilbert et Ellice réunis dans la même administration, qui commencent à revendiquer plus de participation dans la gouvernance de leurs îles. Cependant, des tensions culturelles et linguistiques entre les Gilbertins (population principalement micronésienne) et les Ellice (population polynésienne) conduisent à des discussions sur la séparation des deux groupes. En 1975, après un référendum, les îles Ellice se séparent des îles Gilbert et deviennent les Tuvalu en 1978. Les îles Gilbert deviennent entièrement autonomes en 1977 et indépendantes le 12 juillet 1979, sous le nom de Kiribati, l'appellation indigène des îles Gilbert. Ieremia Tabai est élu premier président de la République de Kiribati, devenant ainsi le plus jeune chef d'État du monde à l'époque. Les États-Unis ont renoncé, dans un traité d'amitié de 1979 , à toutes les revendications sur les îles Phoenix et les îles de la Ligne peu peuplées.

Après l'indépendance, Kiribati a fait face à de nombreux défis, notamment économiques. Le pays est composé de 33 atolls et îles récifales dispersés sur une vaste étendue de l'océan Pacifique, ce qui rend le développement économique difficile. Kiribati dépend principalement de la pêche, des ressources marines et de l'aide internationale pour soutenir son économie. Le phosphate, autrefois une ressource économique majeure sur l'île de Banaba, était déjà épuisé avant l'indépendance, laissant l'île avec peu de ressources naturelles pour générer des revenus. En 1994, Kiribati a ajusté la ligne de date internationale à l'est des îles de la Ligne, ramenant toutes les îles du pays au même jour et donnant à Kiribati le premier fuseau horaire du monde. 

Kiribati a également adhéré à plusieurs organisations internationales, notamment aux Nations Unies, pour s'assurer un soutien économique et diplomatique. La pêche, en particulier la vente de licences de pêche à des pays étrangers, est devenue une source majeure de revenus pour le gouvernement. Depuis les années 1990, Kiribati doit faire face à des défis environnementaux de plus en plus graves, principalement dus au changement climatique. La zone protégée des îles Phoenix est créée en 2008; en 2010, c'est devenu le plus grand (et le plus profond) site du patrimoine mondial de l'Unesco. 

Le pays est extrêmement vulnérable à l'élévation du niveau de la mer. Les inondations côtières, l'érosion des plages et la salinisation des sources d'eau douce ont tous un impact significatif sur les populations locales. Le gouvernement de Kiribati, conscient des menaces existentielles posées par le changement climatique, joue aujourd'hui un rôle actif dans les forums internationaux pour plaider en faveur d'une action climatique plus ambitieuse. En 2012, l'ancien président Anote Tong a lancé l'initiative Migration with Dignity pour préparer les citoyens de Kiribati à devenir des réfugiés climatiques. Kiribati a acheté un terrain de 22 km² aux Fidji pour une éventuelle réinstallation de sa population en raison du changement climatique. 

Sur le plan politique, Kiribati maintient une démocratie stable. Les élections ont eu lieu régulièrement, avec des transitions de pouvoir pacifiques entre les différents présidents. Le pays entretient des relations diplomatiques avec plusieurs nations, cherchant à équilibrer ses relations entre des puissances telles que l'Australie et la Nouvelle-Zélande En 2003, Kiribati a établi des relations diplomatiques avec la Chine, mais en 2019, sous le président Taneti Maamau, le pays a rétabli ses relations avec Taïwan, provoquant une certaine controverse sur la scène internationale.

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