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Histoire du Suriname
Avant l'arrivée des Européens, le territoire du Suriname était habité par plusieurs groupes amérindiens, notamment les Arawaks, les Caribs, les Waraos et les Surinen, qui ont donné leur nom au pays. Les premiers Européens à atteindre la région furent les Espagnols au début du XVIe siècle, mais ce sont surtout les Anglais et les Néerlandais qui ont marqué l'histoire coloniale de la région.

L'époque coloniale.
En 1650, des colons anglais dirigés par Lord Willoughby ont fondé une colonie sur la rivière Suriname. Les Anglais y ont installé des plantations de sucre, de tabac et de coton. La région a alors été le théâtre de nombreux conflits entre les Anglais, les Néerlandais et les Amérindiens, chacun cherchant à contrôler le territoire. En 1667, pendant la deuxième guerre anglo-néerlandaise, les Néerlandais se sont emparés de la colonie anglaise. Le traité de Breda (1667) a officialisé cet échange : les Anglais ont cédé le Suriname aux Néerlandais en échange de la Nouvelle-Amsterdam (aujourd'hui New York). La Compagnie néerlandaise des Indes occidentales a pris en charge l'administration de la colonie. Les Néerlandais ont établi un système de plantations basé sur le travail des esclaves africains.

Sous les Néerlandais, l'économie du Suriname s'est centrée sur les plantations de sucre, de café, de cacao et de coton. Les conditions de vie des esclaves étaient extrêmement dures, avec de longues heures de travail, des punitions sévères et une mortalité élevée. De nombreux esclaves ont fui les plantations et formé des communautés de marrons dans l'intérieur des terres. Ces groupes, tels que les Saramacas et les Ndjuka, ont mené des raids contre les plantations et ont signé des traités de paix avec les Néerlandais au XVIIIe siècle, établissant des zones de liberté pour les marrons.

Les conflits entre les marrons et les autorités coloniales ont été fréquents. Les marrons menaient des attaques contre les plantations, cherchant à libérer les esclaves et à obtenir des armes et des provisions. Face à la pression des marrons et à la critique croissante de l'esclavage en Europe, certaines réformes ont été envisagées. Cependant, les changements significatifs n'ont pas eu lieu avant le XIXe siècle.

Au début du XIXe siècle, le Suriname reste dominé par l'économie de plantation, avec une forte dépendance sur le travail des esclaves africains. Sous la pression internationale et interne, les Pays-Bas abolissent officiellement l'esclavage au Suriname en 1863. Cependant, les anciens esclaves doivent encore travailler pendant une période de transition de dix ans, un régime appelé staatstoezicht ( = surveillance de l'État), avant de devenir totalement libres en 1873.

Pour remplacer la main-d'oeuvre esclave, les Néerlandais font venir des travailleurs sous contrat de l'Inde britannique entre 1873 et 1916. Entre 1890 et 1939, des travailleurs sous contrat sont également recrutés dans les colonies néerlandaises des Indes orientales (aujourd'hui l'Indonésie). Des immigrants chinois et des travailleurs des Caraïbes (notamment des Guyanais et des Barbadiens) sont également introduits, contribuant à la diversité ethnique du Suriname.

Au début du XXe siècle, l'économie du Suriname reste axée sur l'agriculture de plantation, mais commence à se diversifier avec l'exploitation de la bauxite, utilisée dans la production d'aluminium. Des investissements sont faits dans les infrastructures, notamment dans les transports et les communications, pour soutenir l'économie croissante. Les autorités coloniales mettent aussi en place des réformes pour améliorer l'éducation et les soins de santé, bien que ces services restent limités et principalement destinés à la population coloniale.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Suriname joue un rôle stratégique en fournissant de la bauxite aux Alliés. Cette période augmente la conscience politique parmi les Surinamais. Après la guerre, des partis politiques commencent à se former, reflétant les divisions ethniques et sociales du pays. Le Parti national du Suriname (NPS), représentant principalement les Créoles, et le Parti hindoustani unifié (VHP), représentant les Hindoustanis (population venue de l'Inde), sont parmi les principaux partis. En 1954, le Suriname devient une partie du Royaume des Pays-Bas avec un statut d'autonomie interne. Les Pays-Bas conservent le contrôle des affaires étrangères et de la défense.

Les décennies suivantes voient une montée des tensions ethniques et politiques. Les partis continuent de s'organiser autour des lignes ethniques, et il y a des revendications croissantes pour une indépendance totale. Au début des années 1970, des négociations entre les leaders politiques surinamais et les autorités néerlandaises s'intensifient. Finalement, le 25 novembre 1975, le Suriname devient officiellement indépendant des Pays-Bas. Johan Ferrier devient le premier président et Henck Arron le premier Premier ministre du Suriname indépendant.

De l'indépendance à nos jours.
Suite à l'indépendance, environ un tiers de la population émigre aux Pays-Bas, craignant l'instabilité économique et politique. Le pays fait face à des défis économiques importants, avec une dépendance persistante à l'exportation de la bauxite.

Le 25 février 1980, un groupe de sergents dirigé par Desi Bouterse renverse le gouvernement d'Henck Arron dans un coup d'État militaire, appelé le Sergeants Coup. Bouterse devient le leader de facto du pays. Le régime militaire de Bouterse est marqué par des violations des droits humains. Par exemple, lors des événements de décembre 1982, connus sous le nom des Massacres de décembre, où  quinze opposants politiques sont exécutés. En 1986, la guerre civile du Suriname éclate entre le gouvernement militaire et les rebelles marrons dirigés par Ronnie Brunswijk, exacerbant l'instabilité et les souffrances civiles. Tandis que se développe une guérilla conduite par l'Armée de libération du Suriname (SLA), qui bloque pendant plusieurs mois la production de bauxite, la pression internationale oblige Desi Bouterse à organiser des élections.

En 1987, une nouvelle constitution est adoptée, rétablissant un gouvernement civil et organisant des élections démocratiques. Le Suriname revient à un  régime civil, en 1988, avec Ramsewak Shankar comme président élu. Mais en 1990, Bouterse fomente un nouveau putsch, connu sous le nom de Coup téléphonique. Shankar est renversé. Bouterse, bien qu'il ne reprenne pas le pouvoir directement, garde la main sur le pays.

Les élections de 1991 voient la victoire de Ronald Venetiaan, qui entame un programme de réformes économiques et de restauration de l'État de droit. Les années 1990 et 2000 sont marquées par des périodes d'instabilité économique et politique, ainsi que des tentatives de consolidation démocratique. Jules Wijdenbosch, un proche de Bouterse lui succède en 1996, et quand, l'année suivante, Bouterse, est accusé de trafic de drogue par les Pays-Bas, le Surinam refuse son extradition. Ronald Venetiaan est réélu en 2000 et, avec le soutien d'une coalition étendue à huit partis,en  2005, poursuivant ses efforts pour stabiliser le pays.

En 2010, Desi Bouterse revient au pouvoir après avoir été élu président. Son administration se concentre sur le développement économique, mais est entachée par des accusations de corruption et des controverses liées à son passé militaire. Le gouvernement de Bouterse mise sur l'exploitation des ressources naturelles, notamment l'or et le pétrole, pour stimuler l'économie. Cependant, des problèmes de gestion et de corruption persistent. Bouterse est réélu en 2015, mais fait face à des critiques croissantes concernant les droits humains et la corruption.

En mai 2020, Chan Santokhi du Parti de la réforme progressiste (VHP) remporte les élections. Son élection marque un tournant dans la politique surinamaise avec une promesse de réformes et de lutte contre la corruption. Le Suriname, comme le reste du monde, est alors affecté par la pandémie de covid-19, qui exacerbe les défis économiques et sanitaires du Suriname. Le gouvernement de Santokhi se concentre sur des réformes économiques pour stabiliser le pays et attirer des investissements étrangers, tout en s'efforçant de restaurer la confiance dans les institutions publiques. Le Suriname renforce ses relations internationales, notamment avec les pays voisins et les partenaires commerciaux, en cherchant à diversifier son économie et à réduire sa dépendance aux exportations de ressources naturelles.

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