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Les Champs Elysées

Champs Élysées, Champs Elysiens ou Elysée. - Partie des Enfers, où, selon la religion grecque et la religion romaine, séjournaient les âmes vertueuses après la mort. C'était la quatrième division des Enfers, suivant les Grecs, et la septième, suivant les Romains. 

Il y régnait un printemps éternel; l'haleine des vents ne s'y faisait sentir que pour répandre le parfum des fleurs. Un nouveau soleil et de nouveaux astres n'y étaient jamais voilés de nuages. Des bocages embaumés, des bois de rosiers et de myrtes, couvraient de leurs ombrages frais les ombres fortunées. 

Le rossignol avait seul le droit d'y chanter ses plaisirs, et il n'était interrompu que par les voix touchantes des grands poètes et des musiciens célèbres. Le Léthé y coulait avec un doux murmure, et ses ondes y faisaient oublier les maux de la vie. Une terre toujours riante y renouvelait ses productions trois fois l'année, et présentait alternativement ou des fleurs ou des fruits. 

Plus de douleur, plus de vieillesse; on conservait éternellement l'âge où l'on avait été le plus heureux. Là, un goûtait encore les plaisirs qui avaient flatté durant la vie. 

L'ombre d'Achille faisait la guerre aux bêtes féroces, et Nestor y contait ses exploits. De robustes athlètes s'exerçaient à la lutte; des jeunes gens dans la vigueur de l'âge s'exerçaient à la lice, et des vieillards joyeux s'invitaient réciproquement à des banquets. Aux biens physiques se réunissait l'absence des maux de l'âme. L'ambition, la soif de l'or, l'envie, la haine, et toutes les viles passions qui agitent les mortels, n'altéraient plus la tranquillité des habitants de I'Elysée.

Suivant Pindare, Saturne, souverain de ce charmant séjour, y règne avec sa femme Rhéa, et y fait revivre l'âge d'orq ui fut si court sur la terre; suivant d'autres, tout s'y gouverne par les justes lois de Rhadamante.

Les Anciens plaçaient les Champs Elysées tantôt au centre de la Terre, en leur donnant un Soleil et des astres particuliers, tantôt dans la Lune (Lucien de Samosate). D'autres les plaçaient aux antipodes; d'autres encore, comme Hésiode,  les ont établis à l'extrémité de la terre et sur les bords de l'Océan, dans les îles Fortunées ou îles des Bienheureux (qu'on a fini par identifier aux îles Canaries); d'autres, dans les îles Shetland, ou en Islande, qui pourraient être l'une ou l'autre, pense-t-on, la Thulé des Anciens. Homère dans l'Odyssée (ch. XI). Denys le Géographe leur assigne les îles Blanches du Pont-Euxin (île Leucé à l'embouchure du Danube). On  les a aussi supposés dans les délicieuses campagnes de la Bétique. 

Les poètes ne sont pas d'accord sur le temps que les âmes y devaient demeurer. Virigile dans l'Enéide (ch. VI) semble insinuer qu'après une, révolution de mille ans, les âmes buvaient de l'eau du fleuve Léthé, et venaient ensuite habiter d'autres corps; en quoi Virgile  semble adopter le dogme de la métempsycose

Les peuples d'Italie, différant en cela des Grecs, ne croyaient pas les peines éternelles, excepté pour les grands scélérats. Les supplices des autres coupables cessaient après un temps limité par les juges infernaux. Ainsi rien de souillé par le vice n'entrait dans le lieu des plaisirs et de la paix; mais l'infortuné qui n'avait été que faible, dont le cour avait gémi sur ses égarements, n'en était pas banni sans retour, et, après avoir souffert une punition juste et nécessaire, il était rendu à la tranquillité et au bonheur. 

Cet endroit, au final bien ennuyeux, ressemble au Purgatoire des catholiques. Bochart a cru pouvoir lui donner une origine phénicienne.

Les descriptions anciennes des Champs Elysées ont été imitées par Fénelon dans son Télémaque (ch. XIX). 

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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