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Vaudeville (chanson)

Vaudeville. - Ce mot désigne, aux XVIIe et XVIIIe siècles, une chanson de circonstance, ayant pour objet le plus souvent la satire politique. L'étymologie vau de vire, que l'on a longtemps contestée, est aujourd'hui hors de doute. Il s'était formé à Vire, au XIVe siècle ou même plus tint, sous le nom de «compagnons gallois » (c.-à-d. joyeux compères), une de ces associations littéraires qui pullulaient alors en Normandie comme dans tout le Nord de la France, et dont les réunions offraient aux confrères l'occasion de boire et de se divertir en commun. C'est dans ce milieu que naquirent les premiers vaux de vire (ainsi nommés des vallées de la Vire et de la Virène, où on les chantait). Le célèbre Basselin paraît avoir conquis dans ce genre une immense réputation qui était encore vivante au XVIIe siècle, puisque Jean le Houx le célèbre à plusieurs reprises comme un ancêtre. Mais il ne reste pas une seule chanson qu'on puisse lui attribuer avec certitude. Peut-être quelques-unes des siennes se trouventelles dans les deux manuscrits de Bayeux et de Vire (XVe s.) où toutes les pièces sont anonymes, mais rien absolument ne permet de les reconnaître. 

Quant à celles qui ont été plusieurs fois publiées sous son nom, elles appartiennent - Gasté l'a péremptoirement démontré - à Jean le Houx, que rien n'autorise à regarder comme un simple remanieur des oeuvres de son prédécesseur. Le vau de vire au XVe siècle est extrêmement varié : dans les deux manuscrits cités plus haut, qui nous en fournissent les plus anciens spécimens connus, tous les genres sont représentés : à coté de la chanson amoureuse, qui y occupe une place d'honneur, et de remaniements des divers genres populaires (pastourelle, chanson d'aube, etc.), se trouvent, en assez grand nombre, des pièces historiques, dont plusieurs, fort précieuses, se rapportent à l'invasion des Anglais en Normandie au XVe siècle. Entre les mains de Jean le Houx, qui, en écartant les sujets amoureux, semble avoir obéi à des scrupules religieux on cédé à la crainte de la censure ecclésiastique, le van de vire devient exclusivement bachique. A partir du XVIIe siècle, ce mot, altéré en vaudeville sous l'influence d'une étymologie populaire (parce que ces sortes de, chansons couraient la ville, "à van la ville"), désigne spécialement des pièces de circonstance, et l'histoire du genre se confond avec celle de la chanson qui a été retracée ailleurs. (A. Jeanroy).



En bibliothèque - A. Gasté, Étude critique et historique sur Jean le Houx et le vau de vire à la fin du XVIe siècle; Paris, 1874.
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Dictionnaire Musiques et danses
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