| Clisson est une commune de France, dans le département de la Loire-Atlantique, arrondissement de Nantes, au confluent de la Sèvre Nantaise et de la Moine; 6925 habitants en 2011. - Clisson et la Sèvre Nantaise, vers 1900. Clisson existait dès le IXe siècle et fut alors pillée par les Vikings (843). Elle fit depuis partie du comté de Nantes et eut des seigneurs particuliers. Le plus ancien connu est Olivier le Vieux, qui vivait sous le règne de Philippe le Bel et auquel on doit la construction du château. Plusieurs de ses descendants prirent une part active aux guerres dues à la rivalité de Jean de Montfort et de Charles de Blois : Amaury fut tué en 1347, au combat de la Roche-Derrien, dans l'armée de Charles de Blois; Olivier III fut décapité à Paris (2 août 1343) comme coupable d'avoir voulu livrer Nantes aux Anglais; sa femme, Jeanne de Belleville, pour le venger, arma en course plusieurs navires et poursuivit longtemps les vaisseaux français. Ils eurent pour fils le fameux connétable de Clisson. Sa fille, Marguerite, alliée aux Penthièvre, réussit à attirer dans un guet-apens le duc de Bretagne, Jean V, et le retint en prison. Toute la noblesse de Bretagne se porta au secours de son duc; Marguerite de Clisson lut vaincue et vit ses domaines réunis au duché. - Le château de Clisson Ce château, bâti en 1223 par Olivier Ier le Vieux, sire de Clisson, à l'emplacement d'an ancien manoir de sa famille et sur un roc qui domine la petite ville de Clisson, est un des plus remarquables de France par son étendue, par l'art savant de ses constructions, et par la majesté de ses ruines. II a été saccagé à la fin du XVIIIe siècle, par l'armée de Mayence, quand elle en eut chassé les Vendéens. Les murailles fortifiées qui l'environnaient défendent encore la ville; elles furent augmentées par le connétable Olivier de Clisson et réparées par François II duc de Bretagne. La porte du sud, à demi démolie aujourd'hui, et ornée de deux tourelles en briques, sert d'entrée à la ville; près de cette porte on monte sur le boulevard, garni d'arbres dans toute sa longueur, et, après être arrivé aux secondes douves, on pénètre par la petite porte de l'esplanade dans le château même. L'entrée est près de la porte du nord : une première cour, remplie d'arbres, atteste les ravages des hommes et du temps; on n'y voit que des ruines, auxquelles se sont mêlées des constructions récentes. Sur la gauche, on descend dans des cachots humides, qui ne recevaient le jour que par des grilles. Pour pénétrer dans la demeure du châtelain et de ses hommes d'armes, il faut revenir sur ses pas et franchir 10 portes, dont plusieurs sont garanties par des ponts-levis et des herses, et on arrive dans une seconde cour. Au milieu, il y avait un puits, où les sires de Clisson faisaient jeter leurs victimes; il est comblé maintenant, et au-dessus s'élève un arbre funéraire. Les murs du château ont plus de 3 m d'épaisseur, et leur hauteur est prodigieuse. Des chambres ont été pratiquées dans leur intérieur; on voit encore le foyer de la cuisine, divisé en 2 cheminées d'une longueur de 6 m sur 3 m de profondeur. On a remarqué que, pour le plan, l'élévation et les détails, le château de Clisson reproduit les caractères de l'architecture moresque, et que les créneaux et les mâchicoulis sont parfaitement semblables à ceux de la tour des Pèlerins à Césarée (Palestine). (B.). | Le duc de Bretagne François Il fit de Clisson sa résidence; il y épousa en 1472 Marguerite de Foix, restaura le château et donna des tournois magnifiques dans le pré, qui a retenu le nom de prairie des Guerriers. Il laissa à sa mort le domaine à un fils naturel qu'il avait eut d'Antoinette de Villequier, et qui devint le baron d'Avaujour. Souvent assiégé au cours des guerres de religion, le château de Clisson résista toujours, soit aux protestants, soit aux catholiques. Il appartenait au moment de la Révolution aux Rohan-Soubise et était resté intact. - Le château de Clisson. Occupé en 1793 par Kléber, il fut livré aux flammes afin de ne pouvoir servir de citadelle aux Vendéens. L'année suivante, la ville elle-même fut complètement brûlée et la population dispersée. Clisson resta plusieurs années déserte. En 1798, les frères Cacault, l'un peintre, l'autre ancien diplomate, vinrent s'y fixer, séduits par la situation pittoresque du lieu. Ils y attirèrent bientôt leur ami, le sculpteur Lemot, qui acheta les ruines du château avec quelques dépendances, et traça, dans le goût italien, le plan d'une ville nouvelle qui se construisit peu à peu. Clisson a en effet l'aspect d'une ville italienne. Elle est dominée par les ruines du château (mon. hist.) l'une des plus puissantes forteresses qui aient été construites. Ces ruines sont accessibles par la porte du Nord, qui donne accès dans la première cour. Le donjon est en partie écroulé; il subsiste plusieurs tours, la salle des gardes, tapissée de lierre, de clématite et de mousse, des débris de la chapelle, le logement du connétable et d'énormes remparts qui ont presque partout conservé leur couronnement de mâchicoulis. De ces diverses constructions, les plus anciennes datent du XIIIe siècle, les plus récentes du XVIIe. La Garenne Lemot et la Garenne Valentin sont deux parcs dans le goût du XVIIIe siècle italien, avec grottes, fausses ruines antiques, etc. L'église Notre-Dame est moderne, la Trinité a été reconstruite en 1868, mais a conservé quelques parties romanes. La Sèvre est traversée par deux ponts. Sur la Moine s'est conservé un vieux pont gothique; le profond vallon de cette rivière est traversé, à 45 m de hauteur, par un viaduc de quinze arches, long de 407 m, construit en 1844 par l'ingénieur Jegou. (R. Cosneau). | |