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Jean-Pierre Abel), Rémusat est un sinologue né à Paris le 5 septembre 1788, mort à Paris le juin 1832, fils de Jean-Marie Rémusat, originaire de Grasse, chirurgien, et de Jeanne-Françoise Aydée. Son père, qu'il perdit en 1805, avait été son seul précepteur, et comme lui il s'adonna d'abord à la médecine; mais en 1806 la vue des manuscrits orientaux qu'avait rapportés l'abbé de Tersan, ayant éveillé sa curiosité, il étudia avec tant d'ardeur les langues que l'on appelait alors tartares que cinq ans plus tard il publia un Essai sur la langue et la littérature chinoises (Paris, 1811, in-8), suivi la même année de l'Etude des langues étrangères chez les Chinois; ce qui ne l'empêcha pas de passer son doctorat en médecine en 1813. Nommé à la chaire de chinois du Collège de France le 9 novembre 1814, membre de l'Académie des inscriptions en 1815, conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque royale en 1824, il avait fondé en 1822 la Société asiatique de Paris, dont jusqu'à sa mort il resta le secrétaire. Il fut une des victimes du choléra de 1832, et ne laissa pas d'enfants de son mariage (1830) avec la fille du général Lecamus. (E. Asse).
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Auguste-Laurent, comte de Rémusat est né en Provence le 25 avril 1762, mort à Paris le 15 mai 1823. Si la Révolution lui fit perdre sa charge d'avocat général à la Chambre des comptes d'Aix, elle ne le persécuta pas. Nommé en 1802, en même temps que Benezech, Didelot, de Luçay, préfet du palais du premier consul par l'influence de Mme de Vergennes, sa belle-mère, premier chambellan le 10 juillet 1804, surintendant des théâtres impériaux le 1er novembre 1807, il accompagna l'empereur quand, en 1808, il visita les Etats de la Confédération du Rhin. Resté habilement à l'écart pendant les Cent-Jours, il accepta de Louis XVIII la préfecture de la Haute-Garonne, puis occupa celle du Nord de 1817 à 1821, époque à laquelle il fut destitué par Villèle. C'était un homme prudent, avisé, au fond royaliste, mais avec un esprit de libéralisme qui s'est développé chez ses descendants. | ||||
Claire-Elisabeth-Jeanne Gravier de Vergennes, comtesse de Rémusat, femme du précédent, est née à Paris le 5 janvier 1780, et est morte à Paris le 16 décembre 1821. Son père, neveu du célèbre ministre des affaires étrangères, intendant d'Auch, membre de la Commune de Paris en 1789, avait été guillotiné en 1794. Elevée par une mère (née de Bastard) femme d'esprit et de sens, versée de bonne heure dans la société de Mme d'Houdetot, à Sannois, dans celle de Joséphine de Beauharnais, elle épousa en 1796 le comte de Rémusat, et quand le premier consul forma sa maison devint dame du palais (1802). Aimant les lettres, et même les pratiquant, elle écrivait sous le coup des événements un journal, qui fut plus tard détruit sous l'Empire de la crainte, puis récrits, mais avec des sentiments peut-être un peu différents de ceux plus admiratifs qu'elle avait d'abord éprouvés pour Napoléon. Epistolaire active, ses lettres étaient attendues avec impatience et conservées. Enfin elle se mêlait aussi de philosophie éducationnelle. De là les trois ouvrages qui ont paru après sa mort : 1° Essai sur l'éducation des femmes (Paris, 1824, in-8), et publié par son fils;Plus encore que de son mari, on peut dire d'elle que si elle servit à la fois l'Empire et la Restauration, elle les desservit également : la dame du palais n'est pas plus tendre pour Napoléon que la préfete pour Louis XVIII. Il existerait, dit-on, d'elle en manuscrit un roman, Lettres ou un Ministre, où sous des noms supposés elle a peint les moeurs et les personnages du Premier Empire. | ||||
Charles-François-Marie, comte de Rémusat est un homme politique et écrivain, né à Paris le 14 mars 1797, mort à Paris le 6 janvier 1875, fils d'Auguste-Laurent et de la comtesse Rémusat auteure de l'Essai sur l'éducation des femmes (ci-dessus). Elève du lycée Napoléon, puis de l'Ecole de droit (1817-1819), reçu avocat en 1820, porté de bonne heure vers les lettres, si grandement honorées dans le salon de sa mère, il se livra à des études de philosophie, de législation et de politique, il publia en 1818, dans les Archives philosophiques, un premier article sur Mme de Staël, et collabora de 1820 à 1830 à la Revue encyclopédique, au Courrier français, etc. En même temps qu'il suivait en politique la ligne de son ami Guizot, nommé directeur général de l'intérieur, et défendait le ministère Decazes (1818-1819). Toute sa vie il se partagea ainsi entre la politique et les lettres, d'un côté faisant des articles sur Jacopo Ortis, sur Lamennais (l'Indifférence), un Essai sur la nature du pouvoir, traduisant le théâtre de Goethe, le De Legibus de Cicéron, collaborant au Globe (1824), et de l'autre coté combattant la Restauration, signant la protestation des journalistes contre les ordonnances de Juillet (27 juillet 1830). II avait même un triple talent, si l'on ajoute celui de chansonnier de salon : mais ses chansons étaient surtout politiques. La révolution de Juillet lui ouvrit la carrière parlementaire, et, de 1830 à 1847, il représenta à la Chambre la Haute-Garonne (arrondissement de Muret) et s'associa à la politique de Casimir Périer, son parent. Il devint sous-secrétaire d'État au ministère de l'intérieur dans le cabinet Molé (septembre 1836), il se retira avec lui le 27 avril 1837. Après la chute de ce cabinet, de Guizot son amitié était allée à Thiers, qu' il accompagna dans le centre gauche, et qui, dans le cabinet du 1er mai 1840, lui donna le portefeuille de l'intérieur et l'eut pour allié dans son opposition à Guizot, quand celui-ci l'eut remplacé (9 octobre 1840). Jusqu'en 1847, Rémusat sembla s'absorber alors dans les études philosophiques, tout en restant député. Il publia successivement : Essais de philosophie (Paris, 1842, 2 vol. in-8), qui lui ouvrirent, la même année, l'Académie des sciences morales et politiques; Abélard, (Paris, 1845, in-8); De la Philosophie allemande (Paris, 1846, in-8), parti d'abord sous la forme d'un rapport fait à l'Institut; et qui coïncida avec son élection à l'Académie française à la place de Royer-Collard; enfin Passé et Présent (Paris, 1847, 2 vol. in-12), recueil d'articles de revues (la Revue française, la Revue des Deux Mondes, etc.); Saint Anselme de Cantorbéry (1852); l'Angleterre au dix-huitième siècle (1856); Bacon, sa vie, son temps, sa philosophie (1858); Politique libérale (1860); Channing, se vie et ses oeuvres (1861); une traduction du Théâtre de Schiller. Nommé un instant ministre de l'intérieur dans la nuit du 23 au 24 février, il fut envoyé à la Constituante par la Haute-Garonne et prit place dans la droite modérée. Exilé après le coup d'Etat de 1852, mais rentré peu après, il reprit ses travaux philosophiques et littéraires; ainsi se succédèrent : Saint Anselme (Paris, 1853, in-8); l'Angleterre au XVIIIe siècle (Paris, 1856, 2 vol. in-8); Channing (Paris, 1857, in-8); Bacon et son temps (Paris, 1857, in-8) ; Politique libérale (Paris; 1860, in-8); Philosophie religieuse. De la théologie naturelle en France et en Angleterre (Paris, 1864; in-12). Après la chute de l'Empire, nommé ministre des affaires étrangères par Thiers (2 août 1871), il tomba du pouvoir avec lui (24 mai 1873). Et après avoir échoué à Paris le 27 avril en concurrence avec Barodet, ancien maire de Lyon du 4 septembre, il fut, au mois de novembre de la même année, envoyé à l'Assemblée nationale par le département de la Haute-Garonne, et y siégea au centre gauche jusqu'à sa mort (1875). Dans l'intervalle, il contribua à renverser le duc de Broglie (16 mai 1874) qui l'avait remplacé au ministère des affaires étrangères. Ses dernières publications furent : John Wesley (Paris, 1870, in-18); Casimir Périer (Paris, 1874, in-12); Lord Hubert de Cherbury (Paris, 1874, in-12); Histoire de la philosophie en Angleterre depuis Bacon jusqu'à Locke (Paris, 1875, 2 vol. in-8). Après sa mort ont paru, publiés par son fils : la Saint- Barthélemy (Paris, 1878, in-8); Abélard, drame (Paris, 1879, in-8). Tous les écrits de Rémusat sont d'un esprit fin et délicat autant qu'élevé. | ||||
Paul de Rémusat est un homme politique français, né à Paris le 17 novembre 1834, mort à Paris le 22 janvier 1897. Fils du précédent, il fit des études très solides, complétées par un voyage aux Etats-Unis. En 1854, il débutait à la Revue des Deux Mondes où il donna des articles de vulgarisation scientifique, de littérature et de bibliographie. Il collabora aussi au Journal des Débats et à d'autres journaux. En 1865, il se lança dans la politique et fit à l'Empire une opposition assez vive. Il se présenta en 1869 aux élections législatives à Toulouse où l'administration fit contre lui une campagne acharnée et fit échouer sa candidature. En 1870, il accompagna Thiers dans sa tournée diplomatique en Europe. En 1874, il devint député de la Haute-Garonne à l'Assemblée nationale. Membre du centre gauche, il combattit le 16 Mai, fit partie des 363 et ne fut pas réélu avec eux enu 1877. Mais peu après (1878), il reprenait son siège à la Chambre. En 1881, il fut élu sénateur de la Haute-Garonne et fut réélu en 1888 et en 1897. Ses dernières années furent tristes: il avait été frappé d'une paralysie cérébrale et il ne recouvra jamais entièrement la santé. Paul de Rémusat, qui avait été élu membre libre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1890, a laissé entre autres ouvrages : les Sciences naturelles, Etudes sur leur histoire et leurs plus récents progrès (Paris, 1857, in-12); De la dissolution du Conseil municipal de Toulouse (Paris, 1867, in-8); Thiers (Paris, 1889, in-12). Il a publié les Lettres et les Mémoires de sa grand-mère, la comtesse de Rémusat. (R. S.). |
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