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Nestorius

Nestorius est unpatriarche de Constantinople, né à Germanicia (Syrie), et mort en une année fort diversement rapportée : 440? 454? Après la mort (24 décembre 427) de Sisinnius, évêque de Constantinople, les partis qui avaient, troublé son Église pendant sa vie se disputèrent si haineusement sa succession que Théodose Il estima nécessaire de prendre un évêque au dehors. Le prenant dans une ville et dans une situation que le souvenir de Jean Chrysostome rendait vénérables, il désigna Nestorius, qui avait été moine au couvent de Saint-Euprepius, près d'Antioche, et était devenu prêtre en cette ville, prédicateur renommé pour sa science, son éloquence et ses austérités. Nestorius fut consacré le 10 avril 428. Dès le commencement de son épiscopat, il se signala par son ardeur pour l'orthodoxie, et par un zèle intransigeant contre tout ce qui lui paraissait hérésie : supprimant le peu de tolérance qu'on avait gardée envers les ariens, instituant des persécutions contre les macédoniens et les quartodécimans et s'efforçant d'en provoquer contre les novations. Il s'était ainsi attiré la haine de tous les chrétiens qui étaient plus ou moins séparés de l'Église officielle, lorsqu'il se fit accuser lui-même d'hérésie, en heurtant la foi ou du moins les formules de la dévotion du peuple.

Nestorius avait amené comme syncelle un prêtre nommé Anastase, disciple comme lui de Théodore de Mopsueste (mort vers 429), qui fut, après Diodore de Tarse (mort vers 394), le plus éminent docteur de la théologie d'Antioche. A l'inverse des Alexandrins, qui s'adonnaient aux spéculations métaphysiques et aux imaginations mystiques, les théologiens d'Antioche s'attachaient à tirer des faits consignés dans le Nouveau Testament les éléments de leur doctrine sur la personne de Jésus. Or, ces faits : naissance d'une femme, état d'enfance, croissance, développement en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les humains, faim, soif, tentation, ignorance sur plusieurs points ou connaissance limitée, subordination déclarée envers Dieu le Père, souffrances et défaillances de la passion, mort, indiquent bien une nature complètement et intégralement humaine; tandis que la sainteté immaculée et les faits miraculeux peuvent être expliqués par une attribution divine, attribution infiniment supérieure à celle qu'aucun humain ait jamais reçue. 

Dans son Traité sur l'incarnation, Théodore de Mopsueste admet une nature essentiellement divine en Jésus-Christ, mais par une sorte d'adaptation, résultant de ce qu'il appelle l'eudoxie de Dieu, puisque la divinité proprement dite ne peut être restreinte ni par des limites, ni par des conditions. Il affirme aussi l'unité de personne; mais, pour exprimer la réalisation de cette unité entre deux natures différentes, il rejette le mot union, et se sert du mot conjonction; il repousse tout mélange des deux natures et toute communication à l'une d'elles des attributs de l'autre; il réprouve les expressions Dieu est né, Dieu a souffert, Dieu est mort, employées par les apollinaristes et par les Alexandrins. Quant au titre de Mère de Dieu, appliqué à Marie, il le tolère, mais seulement comme formule imagée, dénuée de signification théologique. 

Un jour, prêchant devant Nestorius, Anastase recommanda de ne pas appeler Marie Mère de Dieu, parce qu'elle n'était qu'une femme, et qu'il est impossible que Dieu naisse d'une femme. Ces paroles excitèrent une pénible émotion chez la plupart des auditeurs; car le titre qu'Anastase refusait à Marie était cher au peuple et aux moines; d'ailleurs il avait été employé par des théologiens appartenant à des partis fort différents : Athanase, le célèbre docteur de l'orthodoxie nicéenne, et Eusèbe, l'historien semi-arien. Quelque temps après, l'opinion d'Anastase fut violemment attaquée par Proclus qui, avant la nomination de Nestorius, avait été un des compétiteurs du siège de Constantinople, candidat protégé par Pulchérie, soeur de l'empereur. Nestorius prit la défense d'Anastase. Ses discours sont résumés, plus ou moins fidèlement, par Marius Mercator, qui se trouvait alors à Constantinople. Les mots Mère de Dieu pouvant induire le peuple à croire que le Verbe éternel est né, d'une femme, Nestorius proposait de les remplacer par les mots Mère du Christ. Un concile tenu à Constantinople, en 429, condamna Proclus.

Les Alexandrins s'empressèrent d'intervenir dans ces débats. Ils y étaient excites par les exigences de leur propre théologie et beaucoup aussi par leur haine endémique contre le siège de Constantinople, élevé à la suprématie d'honneur, sur le même rang que le siège de Rome. Cyrille, patriarche d'Alexandrie, censura âprement les opinions de Nestorius, dans une lettre pastorale qu'il publia lors des fêtes de Pâques (429) et dans une longue instruction qu'il adressa aussitôt après aux moines d'Égypte (Mansi. Concil., IV, 587). Puis il se mit en relations avec ceux qui attaquaient Nestorius à Constantinople. Au mois de juillet, il lui écrivit directement pour l'avertir des conclusions que quelques moines tiraient de sa doctrine : ils refusaient le titre de Dieu à Jésus-Christ, ne le considérant que comme l'instrument de la divinité. Nestorius répondit brièvement et dédaigneusement. Il s'ensuivit une controverse acrimonieuse, dans laquelle chacun attribuait à l'opinion de son adversaire les conséquences les plus extrêmes qui pussent en être déduites. Nestorius étant soutenu par les évêques d'Orient, attachés à la théologie d'Antioche, Cyrille chercha un appui du côté de Rome, et il réussit à obtenir l'adhésion du pape Célestin. Un concile tenu à Rome (août 430) déclara Nestorius excommunié, s'il ne se rétractait pas dans les dix jours qui suivraient la réception de cette sentence. C'était la coutume des patriarches des Églises orientales de s'adresser ainsi à l'évêque de Rome, lorsqu'ils étaient en conflit entre eux, non parce qu'ils lui reconnaissaient un droit de suprême juridiction, puisque la décision définitive appartenait aux conciles, mais afin de s'assurer le secours d'un allié puissant. Enhardi par la décision du synode romain, Cyrille assembla à Alexandrie un concile, où il formula douze propositions dans lesquelles il opposait à l'hérésie de Nestorius, avec anathèmes, ce qu'il appelait la pure doctrine. Sommé d'y souscrire, Nestorius répondit par un nombre égal d'anathèmes. Les thèses de Cyrille scandalisèrent les Orientaux. Théodoret, évêque de Cyrrhus (Syrie), et André, évêque de Samosate, publièrent des traités pour les réfuter. Cyrille répondit à Théodoret. Ces écrits sont, avec les lettres de Nestorius, les documents qui font connaître les idées dogmatiques des deux partis.

Nous avons indiqué plus haut la raison pour laquelle Nestorius recommandait de substituer l'expression Mère du Christ à l'expression Mère de Dieu. Il avait déclaré à plusieurs reprises, même dans deux lettres à Célestin, qu'il ne réprouvait pas cette dernière expression, lorsqu'elle était bien comprise, c.-à-d. en ce sens que l'humanité, unie avec le Verbe, est née de Marie. De cette manière, le Verbe est devenu homme en Marie, et c'est d'elle qu'il est sorti et qu'il s'est produit comme humain. Cependant, il maintenait la différence entre la divinité et l'humanité en Jésus-Christ. Pour lui, l'humanité était le vêtement que le Verbe avait pris, le temple dans lequel il habitait. Il y avait entre les deux natures une indissoluble conjonction; c'est pourquoi l'humanité devait être adorée avec la divinité. Mais, quoique conjointes, ces deux natures conservaient leur caractère originel, de sorte que toutes les affections humaines : souffrances, mort, etc., devaient être attribuées à la nature humaine, tandis que les propriétés divines appartenaient exclusivement à la nature divine. 

Cette doctrine étant professée par tous les Orientaux, Cyrille en concluait que Nestorius et ses adhérents divisaient le Christ en deux parties, ou même en deux personnes : le Verbe et l'humain; car ils n'admettaient pas une union complète, mais seulement une union relative de la divinité et de l'humanité, effectuée sous certaines conditions, et en conséquence de laquelle la divinité avait communiqué à l'humanité sa dignité et sa puissance, tout en restant séparée d'elle sous tous les autres rapports. Dans une lettre à Célestin, il accuse même Nestorius de renouveler l'hérésie de Paul de Samosate, et d'enseigner que le Jésus n'était qu'un simple humain, et que le Verbe avait été uni avec lui, comme antérieurement avec les prophètes, avec cette seule différence que l'union avait été plus intime. Nestorius et les Orientaux repoussaient cette accusation et déclaraient qu'ils n'enseignaient qu'un seul Christ et Fils : pour eux, les deux natures étaient réunies en une seule personne.

De son côté, Cyrille prétendait que Marie doit être appelée Mère de Dieu, parce qu'elle a enfanté charnellement le Verbe, qui est devenu chair. Le Verbe s'est uni a la chair, quant à la substance. Il n'y a qu'un seul Christ. Après l'union, on ne peut plus séparer les deux substances, ni rapporter certains passages de l'Écriture Sainte uniquement à l'humanité et d'autres à la divinité. Tout doit être rapporté au Christ unique, au Fils unique, qui est Dieu. Protestant de sa fidélité à la formule d'Athanase : une seule nature, la nature incarnée de Dieu le Verbe, il refusait d'admettre deux natures dans le Christ, parce que c'eût été admettre deux personnes. 

Nestorius et les Orientaux répondaient qu'en faisant naître charnellement le Verbe Cyrille le métamorphosait nécessairement en chair; de même que, en enseignant une union substantielle du Verbe et de la chair, et en rapportant au Verbe seul, ainsi constitué, tous les changements survenus dans la personne, il admettait une transformation de la chair en la divinité. Dans tous les cas, il mêlait les deux natures et faisait disparaître ce qui les distinguait, tombant ainsi dans l'hérésie d'Apollinaire. Cyrille s'efforçait de décliner ces conséquences, en soutenant que les expressions relatives à l'union par enfantement charnel signifiaient simplement que l'union entre la divinité et l'humanité n'était point limitée à certains rapports, mais qu'elle était générale et complète.

Cette querelle dogmatique s'étant étendue de Constantinople sur tout l'Orient, et commençant à gagner l'Occident, il ne restait plus, à cause de l'antagonisme irréductible des adversaires, qu'un seul moyen de rétablir la paix dans l'Église. Au mois de novembre 430, Théodose décida la convocation d'un concile général, qui devrait se réunir à Éphèse, pour la Pentecôte suivante. Les lettres de convocation adressées aux évêques étaient conçues dans des termes très bienveillants pour Nestorius. L'empereur choisit même comme son représentant au concile un ami personnel du patriarche. Mais, au jour, indiqué, les partisans de Cyrille se trouvèrent de beaucoup les plus nombreux. En outre, pour les soutenir, Cyrille s'était fait accompagner d'une nombreuse escorte de moines et de matelots; et tous ensemble ils avaient réussi à soulever contre leurs adversaires la haine des moines et de la population d'Éphèse.

Les évêques syriens et les légats de l'évêque de Rome n'étaient point encore venus. Après une attente de quinze jours et au moment où les Syriens faisaient annoncer leur arrivée, Cyrille procéda à l'ouverture du concile (22 juin 431), malgré les protestations de Nestorius et du commissaire impérial. Dans ces conditions, Nestorius refusa de comparaître; il fut jugé par défaut, condamné et excommunié, non à cause de sa propre doctrine, mais à cause des conséquences que l'animosité de ses adversaires en avait, déduites, la condamnation visant simplement les Anathèmes de Cyrille et la lettre de Célestin. C'est ainsi que l'accusation d'avoir divisé le Christ en deux personnes a faussement pesé, jusqu'aux temps modernes, sur ce patriarche. Quand les évêques syriens furent arrivés, ils se constituèrent eux-mêmes en concile, au nombre de quarante-trois sous la présidence de Jean d'Antioche; et par représailles, ils condamnèrent et excommunièrent Cyrille et Memnon, évêque d'Ephèse, son complice. Enfin, vinrent les légats de l'évêque de Rome. S'étant entendus avec Cyrille pour s'ériger en arbitres, ils se prononcèrent contre Nestorius et firent excommunier Jean d'Antioche.

A Constantinople, les moines, soutenus par les intrigues de Pulchérie, avaient fanatisé le peuple. Des bandes tumultueuses parcouraient les rues en proférant des menaces contre Nestorius et contre ses protecteurs. Il est démontré par des documents incontestables que Cyrille ruinait le trésor de l'Église d'Alexandrie, pour acheter dans le palais, dans les offices impériaux, dans les églises, dans les couvents, parmi tous ceux qui avaient quelque puissance ou quelque influence, même parmi les femmes, des auxiliaires contre l'adversaire qu'il voulait abattre. Théodose, qui s'était proposé d'annuler les sentences prononcées à Éphèse et de soutenir Nestorius, manqua du courage ou de la force nécessaire pour résister à ces pressions. Au mois de septembre ou d'octobre 431, Nestorius fut déposé et relégué dans le monastère de Saint-Euprepius, qu'il avait quitté pour monter sur le trône patriarchal.

De ces faits il était résulté entre l'Égypte et l'Orient un schisme, que Cyrille ne put atténuer qu'en signant à Éphèse (433) une confession de foi rédigée par Théodoret et présentée par les évêques orientaux. Elle déclarait que le nom de Mère de Dieu pouvait être donné à Marie, à cause de l'union sans mélange par laquelle les deux natures étaient entrées en Jésus-Christ. Quoiqu'ils fussent virtuellement dirigés contre les idées d'union physique et de communication des idiomes, la plupart des articles pouvaient, avec une interprétation complaisante, être plus ou moins accommodés avec la doctrine de Cyrille; mais, sur un point essentiel, l'un d'eux était en complète contradiction avec ses précédentes déclarations. Il y était dit que les paroles des Évangélistes (Évangiles) et des Apôtres (Actes des Apôtres) se rapportent tantôt à toute la personne de Jésus-Christ, tantôt à l'une et tantôt à l'autre de ses deux notoires; que celles qui conviennent à Dieu se rapportent à la divinité, les autres à l'humanité.

Tandis que Cyrille, patriarche d'Alexandrie, reniait ainsi ce qu'il avait enseigné, en souscrivant les formules dogmatiques de ses adversaires, Jean, patriarche d'Antioche, reniait Nestorius et approuvait la condamnation qui lui imputait des doctrines qu'il savait bien n'avoir pas été professées par son ami. Dès lors, le séjour de Nestorius dans un monastère situé aux portes d'Antioche lui étant devenu un reproche incessant, il s'associa aux persécuteurs. Sur ses instances, jointes à celles de Cyrille, Nestorius fut transporté (435) dans l'oasis de Ptolémaïs, où l'on reléguait habituellement les criminels de la pire espèce, exposés aux attaques des Blemmyes. Ceux-ci s'emparèrent de Nestorius, dans une de leurs incursions. Quand ils l'eurent relâché, il resta pendant quelque temps en liberté dans la Thébaïde (Thèbes); puis il fut traîné en divers lieux d'exil, et il mourut de la misère et des sévices qui lui furent infligés. Il est certain qu'il vivait encore en 439. Révillout (Mémoires sur les Blemmyes, 1874, 1887, dans la Revue égyptologique, t. V) raconte les persécutions qu'il subit, et place la date de sa mort vers l'année 454. Il manquerait quelque chose à l'histoire ecclésiastique, si la fin d'un personnage condamné par l'Église comme hérétique n'était pas marquée d'une note d'infamie. Des écrivains pieux ont assuré que, avant la mort de Nestorius, les vers lui rongeaient déjà la langue. 

Ses écrits avaient été condamnés au feu; leur conservation et leur reproduction étaient punies comme des crimes. Les magistrats et le clergé rivalisèrent de zèle pour les anéantir. Il n'en reste que ce que ses adversaires nous ont transmis. Il semble que les principaux ouvrages de Nestorius furent un traité Sur l'Incarnation, un volume d'Homélies dans l'ordre de l'alphabet, une Apologie composée en Égypte. La Liturgie qui lui fut attribuée a été reproduite par Renaudot (Liturgiarurn Orientalium Collectio, t. 1; Paris, 1746, 2 vol. in-4).

Les évêques d'Orient avaient été aussi mécontents de la conduite de Jean, que les Égyptiens de celle de Cyrille. Mais le gouvernement impérial voulait la tranquillité, et il prêtait l'appui de sa puissance aux manoeuvres destinées à réduire au silence les opposants. Dans sa province, Jean usa de violence pour contraindre ses suffragants à adhérer à ses actes et à réprouver les doctrines perverses et impies de Nestorius. Ceux qui résistèrent furent destitués. Mais ailleurs beaucoup refusèrent de se soumettre.

Le foyer de l'opposition était l'École d'Édesse, centre principal des études théologiques pour l'Arménie, la Syrie, la Chaldée et la Perse. Au temps du concile d'Éphèse, Rabulas était évêque d'Édesse. Au concile, il avait soutenu énergiquement la cause de Nestorius; mais après sa condamnation, il avait promptement pris rang parmi les persécuteurs. Il témoigna de son dévouement au parti victorieux en fermant l'école qui illustrait sa ville épiscopale. Ibas, chef de cette école, protesta en traduisant en persan les écrits de Diodore de Tarse et de Théodore de Mopsueste. Après la mort de Rabulas (436), il tut élu évêque et il reconstitua l'école. Jusqu'à la fermeture définitive, ordonnée en 489 par l'empereur Zénon, on y enseigna fidèlement le nestorianisme, c.-à-d.. la théologie antiochienne. 

D'autre part, Barsumas, un des maîtres expulsés par Rabulas, avait fondé à Nisibis une école, qui resta florissante jusqu'au milieu du Moyen âge, et il avait réussi à assurer aux nestoriens la protection des rois de Perse. Beaucoup de persécutés se réfugièrent dans ce royaume; ils y établirent non seulement de nombreuses églises: mais aussi d'importantes écoles, car le zèle pour l'instruction était un de leurs traits caractéristiques.

En 498, un synode assemblé à Séleucie, sous la présidence de Ctésiphon et de Babous, métropolitain de cette ville, abolit complètement le célibat ecclésiastique et constitua une Église persane absolument indépendante de l'Église grecque. Les membres de cette Église, qui existe toujours, s'appellent eux-mêmes Chrétiens assyriens ou chaldéens. Le nom de nestoriens leur est donné par leurs adversaires ou les étrangers. Ils persévèrent dans la doctrine primitive des Églises de Syrie, refusent à Marie le nom de Mère de Dieu, réprouvent le culte des images, ainsi que la Croyance à la transsubstantiation et au purgatoire, et n'admettent comme sacrements que le baptême; l'eucharistie et l'ordre. Leur patriarche, appelé catholique, résida à Séleucie jusqu'en 762, puis à Bagdad jusqu'au XVIe siècle, ensuite à Mossoul. Au XIXe siècle, il demeurera dans une vallée presque inaccessible, située sur les confins de la Turquie et de la Perse. 

Ces chrétiens s'étaient répandus rapidement à l'Est, au Nord et au Sud de la Perse. Cosmas Indicopleustes, qui écrivait vers 547 dit qu'ils avaient établi dans l'Inde et à Ceylan des églises, dont les évêques reconnaissaient la juridiction du patriarche de Séleucie. Ils avaient porté l'évangile chez les Arméniens, les Mèdes, les Elamites, les Bactriens et les Huns, et pris pied en Tartarie et en Chine. Un historien musulman de grande valeur, Al-Birouni, donne des renseignements intéressants sur leurs fêtes, leurs rites et leur condition générale au XIe siècle, dans l'empire des califes ; la majorité des habitants de la Syrie et du Kurdistan était alors composée de nestoriens. Le calife avait permis à leur patriarche de nommer leurs chefs. Al Birouni constate leur supériorité intellectuelle sur les melchites orthodoxes: 

« Nestorius, dit-il, leur a appris à examiner par eux-mêmes et à user des instruments de la logique et de l'analogie, dans la discussion avec leurs adversaires. » 
Au XIVe siècle, ils furent cruellement persécutés par les Mongols musulmans. Les débris de leurs églises, qui avaient échappé à la destruction, se reconstituèrent dans les vallées de l'Arménie et du Kurdistan. On y comptait en 1900 environ 400 000 Nestoriens. Les vestiges de leurs anciennes missions sont représentés par 70 000 chrétiens de saint Thomas, habitant la côte de Malabar, et par de petits groupes isolés, qu'on dit exister en divers endroits de l'Asie. (E.-H. Vollet).
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Dictionnaire biographique
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