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Pitt

William Pitt est un homme d'Etat britannique, premier comte de Chatham, né à Westminster en 1708, servit d'abord comme cornette de cavalerie. Entré à la Chambre des communes en 1755, il s'y montra grand orateur dans l'opposition qu'il fit au ministère de Robert Walpole, dont il hâta la chute. Mais il accepta en 1716 les fonctions de vice-trésorier d'Irlande, de conseiller privé et de payeur général des troupes, et défendit toutes les mesures qu'il avait précédemment combattues. Il attaqua ensuite l'administration avec une si grande violence, qu'on le priva de ses emplois. Il s'attachait à flatter les préjugés nationaux, et son avènement au pouvoir, comme secrétaire d'Etat en 1756, fut accueilli par des acclamations. George II, qui ne l'avait accepté pour ministre qu'avec répugnance, le destitua en 1757; mais il fut forcé par l'opinion publique de le placer cette même année à la tête de ses conseils. 

Pitt donna une nouvelle impulsion à la guerre de Sept Ans, et fit éprouver à la France, dont il se déclarait l'implacable ennemi, des revers et des humiliations qui suscitèrent la conclusion du Pacte de famille. Ses collègues ne se montrant pas aussi acharnés que lui à poursuivre l'abaissement de la maison de Bourbon, il donna sa démission en 1701. Mais il eut soin en s'en allant de se faire accorder une forte pension. Il s'opposa vivement aux mesures qui provoquèrent la révolte des colonies anglaises d'Amérique. Il redevint chef d'un nouveau ministère en 1766, et se fit créer pair et comte de Chatharn. Mais il était accablé d'infirmités, et il ne montra plus qu'incertitude et faiblesse. Il se retira en 1768, et reprit son rôle de tribun contre le ministère tory (Tories et Whigs) de lord North. Il reconquit par son éloquence sa popularité qu'il avait perdue dans son dernier ministère. Il termina sa carrière en demandant que la guerre fût déclarée à la France, et mourut en 1778. Il fut enterré à Westminster. 

Le style de ses discours, formé à l'école de l'Antiquité, unit la correction à la véhémence. On a publié sa Correspondance.

William Pitt, deuxième fils du précédent, né dans le comté de Kent en 1759, fut élevé sous les yeux de son père, et reçu avocat en 1780. Il entra à la Chambre des communes en 1781. Après son premier discours, Fox, devant qui on disait que le fils de Chatham promettait de devenir un des plus grands orateurs du parlement, répondit : « Il l'est déjà! » Il fut nommé chancelier de l'échiquier à l'âge de 23 ans dans le ministère de lord Shelburn en 1782. 

Après la chute de ce cabinet en 1783, il se rendit populaire en proposant un plan de réforme électorale. Appelé cette même année au poste de premier ministre, il se trouva en face d'une formidable opposition, à la tête de laquelle était Fox, son éloquent rival, qu'il venait de renverser du pouvoir. Il triompha de cette opposition, et, par une habile dissolution du parlement, s'assura une majorité dévouée. Il s'attacha résolûment à consolider la prérogative royale et à affaiblir la puissance aristocratique. Un bill régla le gouvernement de l'Inde; un autre assura le crédit public, en rendant le fonds d'amortissement inaliénable. La réduction de plusieurs droits découragea la fraude, et un impôt fut établi sur différents objets de luxe. 

Animé de la haine de son père contre la France, il s'allia avec la Prusse pour arracher les Provinces-Unies à l'influence française et les placer sous l'influence britannique. Quand éclata la Révolution française, dont on prétend qu'il fomenta les premiers troubles, il y vit une occasion pour l'Angleterre de tirer vengeance de l'appui prêté à la révolte de ses colonies d'Amérique, et d'acquérir l'empire des mers par la ruine de sa rivale. Il répondit à la déclaration de guerre de la Convention en 1793, en soulevant et en soudoyant toute l'Europe contre la France. En même temps, il réprimait les idées révolutionnaires qui agitaient l'Angleterre en suspendant l'Habeas corpus, en proclamant l'Alien bill, en créant des pairs, et en prodiguant les pensions et les dignités pour détruire l'opposition. Il ne parvint cependant qu'avec peine à apaiser la fermentation de l'Irlande et la révolte des matelots anglais. Il accrut énormément la dette nationale, sans pouvoir arrêter le cours des succès militaires de la France. 

Il supprima en 1800 le parlement irlandais et le réunit à celui d'Angleterre. Il avait rendu le pouvoir royal absolu, lorsque la nécessité de faire la paix le força en 1801 d'abandonner le ministère. Il en redevint le chef en 1804, et forma contre la France une nouvelle coalition, que la victoire d'Austerlitz anéantit. Il en fut frappé au coeur, et mourut en 1806, en disant : « J'ai été tué à Austerlitz ! » 

Deux passions ont dominé exclusivement sa vie : l'ambition et le goût du vin. Il n'égala pas son père. Ses principaux Discours ont été publiés et traduits en français avec ceux de Fox, en 12 vol. in-8°. Sa Vie a été écrite en anglais par Gifford, 1809, et par Tomline, 1821. On a aussi William Pitt et son Temps, par lord Stanhope, trad. de l'angl. en fr., et précédé d'une Introduction par Guizot, 4 vol.

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Dictionnaire biographique
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