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Lautréamont
(Isidore Ducasse, de son vrai nom) est
un écrivain français, né le 4
avril 1846 Ã Montevideo (Uruguay) et
mort le 24 novembre 1870 Ã Paris, Ã seulement 24 ans, probablement des
suites d'une infection. Il célèbre pour son œuvre unique et sulfureuse
Les
Chants de Maldoror, qui a publié sous le nom de plume Comte de Lautréamont.
Sa vie reste mystérieuse. Son père était diplomate français, et sa
mère, d'origine espagnole, est morte peu après sa naissance. Ducasse
a grandi en Uruguay avant d'être envoyé
en France pour poursuivre ses études. Il étudie au lycée impérial de
Tarbes,
puis au lycée de Pau, où il se montrait studieux,
mais aussi tourmenté. Attiré par thèmes sombres et subversifs, il s'intéresse
à des écrivains comme Byron,
Baudelaire.
• Les
Chants de Maldoror se situe à la frontière entre la poésie et la
prose, combinant des passages narratifs et des envolées lyriques. Publié
pour la première fois à compte d'auteur en 1869, l'ouvrage est considéré
comme l'une des oeuvres les plus énigmatiques et provocatrices de la littérature
française. Il interpelle par sa radicalité et son rejet des conventions
de la morale et de l'art. En plus d'être une attaque en règle contre
les valeurs dominantes, ce long poème en prose est aussi un cri désespéré
et poétique d'un esprit en quête d'absolu. Il est divisé en six
chants, qui peuvent être vus comme des sections ou des tableaux autonomes,
bien qu'ils partagent une continuité thématique. Ces chants racontent
les pensées et actions d'un personnage central, Maldoror, être maléfique,
cruel, et en rébellion contre la création divine et les conventions humaines.
+ Chants
I, II et III. - Les premiers chants introduisent le personnage de Maldoror,
décrit par des métaphores de loup ou de créature démoniaque. Maldoror
est un anti-héros absolu, qui proclame sa haine de Dieu et exprime des
sentiments d'agression envers l'humanité.
+ Chant IV.
- Ce chant est plus narratif. Il renferme des épisodes détaillés de
la vie de Maldoror, qui déploie ses pouvoirs de séduction et de destruction.
Des passages décrivent sa cruauté envers des innocents et mettent en
lumière son caractère impitoyable.
+ Chants V et
VI. - Dans les derniers chants, la violence se mêle à des moments
de réflexion, où Maldoror exprime des pensées d'isolement et de désespoir.
La fin de l'oeuvre plonge dans une ambiguïté absolue, ne laissant aucun
espoir de rédemption pour le protagoniste.
L'ouvrage se caractérise
par un langage poétique flamboyant, baroque, avec des images violentes
et sombres. Le style de Lautréamont est intense et intransigeant, parfois
presque prophétique, influencé par les Romantiques mais aussi porteur
d'un nihilisme radical. : Lautréamont utilise une série de métaphores
surprenantes et de symboles mystérieux, qui renforcent le caractère étrange
et inquiétant de l'oeuvre. Malgré sa violence, le texte est traversé
par un humour acerbe, qui amplifie l'horreur des scènes décrites et contribue
à l'absurdité des situations.
Un des passages
les plus célèbres, et qui symbolise bien l'humour noir de Lautréamont,
est celui où il compare la beauté au spectacle insolite d'un jeune homme
« aussi beau que la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une
machine à coudre et d'un parapluie ». Ce genre d'image, à la fois absurde
et frappante, illustre bien l'esprit provocateur de l'oeuvre.
Lors de sa parution,
Les
Chants de Maldoror passe largement inaperçu. Antonin
Artaud et Alfred Jarry ont sans doute
une dette envers Lautréamont, mais la consécration de l'oeuvre viendra
plus tard avec les artistes surréalistes, notamment André
Breton, Salvador DalÃ, Jean Cocteau et Man
Ray q ui la redécouvrent et y voient une oeuvre libératrice et subversive
qui déjà inaugure les thèmes qui seront ceux du surréalisme
: le rêve, la révolte, l'inconscient. Par delà le mouvement surréaliste,
le texte de Lautréamont a aussi influencé des écrivains de l'absurde
comme Albert Camus et Samuel
Beckett (Théâtre
de l'absurde). |
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