| L'abbé Nicolas Gédoyn est un érudit né à Orléans le 15 juillet 1667, mort au château de Fort-Pertuis, près de Beaugency, le 10 août 1744. Sa famille était ancienne et pauvre; et il eut dix frères ou soeurs. Dans son bas âge, on le crut mort, et il fut sauvé par Me Cornuel. Il entra au noviciat des jésuites en 1684. Maître de rhétorique à Blois, il dut se retirer à cause de sa santé, et vivre à Paris d'une rente de 400 livres. Sans rompre avec les jésuites, il noua des relations mondaines, C'est ainsi qu'il fut l'ami, et, dit-on, l'amant de Ninon de Lenclos, âgée de quatre-vingts ans. En 1701, Nicolas Gédoyn obtint un canonicat à la Sainte-Chapelle, et un peu plus tard deux abbayes; dès lors il se livra tout entier au monde et aux lettres. Membre de l'Académie des inscriptions en 1711, sa traduction de Quintilien le fit entrer en 1718 à l'Académie française. C'est une de celles qu'on appelait « belles infidèles ». Mais elle fut surtout une protestation contre le goût alors à la mode, de Lamotte et de Fontenelle. L'abbé fit aussi une traduction de Pausanias, fort inexacte. Ses opinions littéraires étaient assez libres. Il disait qu'on ne pouvait juger de Pindare sans connaître la musique grecque. Il faisait peu de cas du théâtre grec. Ses idées religieuses ont été fort louées par d'Alembert, qui dit de lui qu' « il n'avait ni les préjugés de sa robe ni ceux de l'érudition ». Voltaire, qui l'avait connu, raconte qu'il « aurait voulu qu'on pardonnât à la religion des auteurs de l'Antiquité en faveur de leur mythologie ». Les oeuvres de Gédoyn ont été publiées après sa mort par d'Olivet, sous le titre : Oeuvres diverses de M. l'abbé Gédoyn (1745, in-12). On trouve aussi des Réflexions sur le goût, de Gédoyn, dans un vol. in-12 publié en 1767 à Amsterdam, Recueil d'opuscules littéraires publiés par un anonyme (d'Olivet). Voiture y est mis à côté de La Fontaine, et Saint-Evremond de La Bruyère. (C-EL.). | |