| Lenclos (Anne, dite Ninon de), née à Paris en novembre, 1620, morte à Paris le 17 octobre 1705. D'après les actes de naissance et de décès, il faudrait écrire Lanclos, avec un a. Fille d'un gentilhomme tourangeau qui aimait la musique elle fut élevée par son père dans les principes de la philosophie épicurienne. Il lui donna une instruction des plus variées. Son caractère enjoué, sa beauté piquante et les circonstances firent le reste : après une première intrigue amoureuse à dix-sept ans, dans la maison paternelle, elle s'enfuit pour s'abandonner jusqu'à sa vieillesse au goût des liaisons rapides et de la galanterie spirituelle. Elle ne porta dans cette carrière ni hypocrisie, ni cynisme, ni esprit de lucre ou d'ambition. Ce n'est pas du premier coup, d'ailleurs qu'elle parvint à considérer l'amour « comme un sentiment aveugle et machinal, qui ne suppose aucun mérite dans l'objet qui le fait naître ». Après avoir appartenu à Gaspard de Coligny, Ninon de Lenclos demeura trois ans attachée, au marquis de Villarceaux; elle passa ensuite du marquis d'Estrées à l'abbé d'Effiat (qui se seraient disputé aux dés un enfant qu'elle avait eu, le futur chevalier de la Boissière). Parmi ses adorateurs, on cite encore Condé, La Rochefoucauld, Sévigné, La Châtre (« Ah! le bon billet qu'a La Châtre! »), Longueville, Saint-Evremond; etc; Elle savait garder comme amis ceux qu'elle n'avait plus comme amants, n'ayant jamais, dit la légende, plus d'un amant à la fois. Dans son âge mur et presque dans sa vieillesse Ninon de Lenclos tint un de ces «-bureaux d'esprit-» qui aurait rappelé l'hôtel de Rambouillet, si l'amour platonique n'en eut été exclu. Tout en la méprisant parfois, Mmes de Sully; de La sablière, de La Fayette lui donnèrent le nom d'amie. Elle vécut familièrement, au Marais, avec Mme de Maintenon, qui essaya même plus tard de la convertir et de se l'attacher. ElIe donna, dit-on, de bons conseils littéraires à Molière. Voltaire, fils de son notaire, lui fut présenté à l'âge de onze ans (et non de treize, comme il le croit lui-même). La vieille femme qui, en dépit de la légende attachée à son nom, était alors « sèche comme une momie » et affligée de toutes les infirmités de l'âge, lègua 2000 F pour s'acheter des livres à l'enfant dont le précoce génie l'avait séduite, et qui a souvent parlé d'elle, mais avec plus d'affection que d'exactitude. La Correspondance authentique de Ninon de Lenclos a été publiée par Laurent (1886). (H. Monin). | |