| Epiménide est un prêtre et poète grec, originaire de Cnossos, dans l'île de Crète, où il vivait vers la fin du VIIe siècle avant notre ère. Il paraît avoir été surtout un législateur. Il nous est, du reste, fort mal connu, et on ne peut prendre au sérieux les légendes répandues sur son compte, et qui nous ont été transmises par Diogène Laërce et par Suidas. Les Athéniens, devenus l'objet de la colère des dieux après l'attentat contre Cylon et ses partisans, vinrent le chercher, sur la foi de l'oracle de Delphes, pour qu'il purifiât la cité. Epiménide leur ordonna de lâcher sur la ville, depuis l'Aréopage où était le sanctuaire des Erinyes, un troupeau de brebis blanches et noires, d'ériger un autel là où elles s'arrêteraient et de les immoler à une divinité quelconque : d'où le culte au dieu inconnu qui subsistait encore dans cette ville lors du passage de l'apôtre Paul. En même temps Epiménide ordonna des sacrifices humains; un jeune homme d'Athènes s'offrit de lui-même à accomplir cette partie de l'expiation. Epiménide devint, dans les écoles philosophiques et auprès des prêtres de ce qu'on a appelé la religion orphique (Textes orphiques), une figure légendaire. On lui donnait un âge invraisemblable, tantôt de cent cinquante-quatre, tantôt même de deux cent quatre-vingt-dix-neuf ans; un grand nombre d'ouvrages, les uns en prose les autres en vers, lui étaient attribués; la plupart avaient pour objet des oracles, des sacrifices, des pratiques de purification et d'expiation (Lustrations); on le mettait en rapport avec, Pythagore, à qui les Orphiques aimaient à faire remonter leurs doctrines. On lui attribuait une théogonie; il y admettait deux principes, l'Air et la Nuit qui en avaient engendré un troisième, le Tartare. Deux autres éléments avaient ensuite été engendrés, dont l'union avait produit l'oeuf du monde, d'où sortaient enfin toutes les créatures. Il est impossible de savoir si Epiménide a modifié de lui-même le poème d'Hésiode, ou s'il s'est inspiré de quelque antre tradition orientale. Un épisode célèbre de la légende est son sommeil mystérieux qui aurait duré cinquante-sept ans au fond d'une caverne; des écrivains chrétiens renouvelèrent cette fable au profit des martyrs d'Antioche. Epiménide mourut soit en Crète, soit à Sparte où l'on montrait, avec son tombeau, des parchemins grossiers sur lesquels il aurait consigne ses enseignements religieux et ses élucubrations mythologiques. Dans l'histoire religieuse des Grecs, Epiménide prend place à côté d'Onomacrite et de Mélampus, comme un des fondateurs de l'Orphisme; c'est à son influence qu'il faut surtout faire remonter les pratiques de purification et d'expiation qui tiennent mie si grande place dans les mystèresd'Eleusis et de Samothrace. | |