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Philip K. Dick

Philip K. Dick est un écrivain américain né le 16 décembre 1928 à Chicago et mort le 2 mars 1982 à Santa Ana (Californie). Il est l'un des auteurs les plus importants de la science-fiction du XXe siècle. Son oeuvre tourne autour des thèmes comme la nature de la réalité et de l'identité, la perception, la paranoïa et le contrôle social Bien qu'il ait lutté contre des démons personnels tout au long de sa vie, son influence sur la littérature, le cinéma et la culture populaire reste immense. Il a inspiré d'innombrables films de science-fiction, des séries télévisées et des oeuvres littéraires.

Philip Kindred Dick naît dans une famille de classe moyenne. Il a une soeur jumelle, Jane, qui meurt à l'âge de six semaines, une perte dont il ne peut se souvenir, mais qui affectera profondément sa construction psychologique tout au long de sa vie. Sa mère, Dorothy, et son père, Joseph, divorcent en 1933, alors que Philip a cinq ans. Il est principalement élevé par sa mère, et la relation entre eux est souvent difficile. Pendant son enfance, Philip déménage souvent, vivant dans plusieurs villes de Californie, avant de s'installer à Berkeley, où il passera la majorité de sa jeunesse. Philip Dick est un enfant solitaire, mais il développe très tôt un goût pour la lecture et la musique classique. Il découvre la science-fiction en lisant des magazines comme Astounding Stories et se passionne pour des auteurs comme A. E. van Vogt et H. P. Lovecraft.

À l'adolescence, il commence à souffrir de divers troubles de santé, notamment d'anxiété et de tachycardie, qui affecteront également sa vie adulte. Cela contribue à son intérêt pour les questions liées à la perception de la réalité. En 1946, Dick sort diplômé de la Berkeley High School et s'inscrit brièvement à l'Université de Californie à Berkeley pour étudier la philosophie et l'histoire allemande. Toutefois, il abandonne rapidement ses études universitaires, en partie à cause de sa lutte contre l'anxiété sociale et les troubles de santé. C'est également pendant cette période qu'il commence à s'intéresser à des penseurs comme Platon, Schopenhauer et Heidegger, dont les concepts vont influencer profondément ses futures oeuvres.

Après avoir quitté l'université, Dick se consacre de plus en plus à l'écriture. Il commence à écrire des nouvelles, principalement dans le genre de la science-fiction. À cette époque, il travaille aussi dans une boutique de disques à Berkeley, ce qui lui permet de financer ses premières tentatives littéraires. C'est au début des années 1950 que Philip K. Dick se lance sérieusement dans l'écriture. Il soumet ses premières nouvelles à des magazines spécialisés dans la science-fiction, un genre en plein essor à cette époque. En 1952, il vend sa première nouvelle, Roog, qui est publiée dans le magazine The Magazine of Fantasy and Science Fiction. Cela marque le début de sa carrière professionnelle. Dans les mois suivants, Dick écrit de nombreuses nouvelles, bien que plusieurs soient rejetées par les éditeurs. Son style, qui combine science-fiction et préoccupations philosophiques, est encore en développement, mais il commence déjà à parcourir des thèmes complexes comme la question de la réalité, de la conscience et de l'illusion.

Pendant cette période, la vie personnelle de Dick est tumultueuse. En 1948, à l'âge de 20 ans, il a épousé sa première femme, Jeanette Marlin, mais leur mariage a été de courte durée et ils ont divorcé après seulement six mois. En 1950, il a épousé Kleo Apostolides, une militante de gauche. Leur mariage durera jusqu'en 1959 et, bien que Kleo soutienne sa carrière d'écrivain, leurs différences personnelles et politiques provoquent des tensions. Dick, tout en écrivant des nouvelles et des romans, est également profondément affecté par l'instabilité de sa vie personnelle. Ses premiers mariages et ses difficultés financières ajoutent à son sentiment de frustration, et il commence à souffrir de périodes de dépression et d'anxiété croissante.

En 1954, Philip K. Dick publie son premier roman, Loterie solaire (Solar Lottery), qui reçoit un accueil favorable. Ce roman de science-fiction, qui aborde des thèmes de pouvoir et de contrôle, montre déjà l'intérêt de Dick pour les systèmes politiques dystopiques et les réalités manipulées. Bien qu'il ne rencontre pas un succès commercial immédiat, il lui permet de se faire connaître dans le milieu de la science-fiction. En parallèle de Loterie solaire, Dick continue de vendre des nouvelles à des magazines de science-fiction. C'est à cette époque qu'il publie des textes qui deviendront des classiques, comme Le père truqué (The Father-Thing) et L'Imposteur (Impostor), qui tournent déjà autour de la paranoïa et de la question de l'identité.

Durant la seconde moitié des années 1950, Dick se fait progressivement un nom dans la science-fiction grâce à ses romans et ses nombreuses nouvelles. En 1956, il publie Le Maître du Haut Château (The Man in the High Castle), une uchronie qui imagine un monde où l'Axe a gagné la Seconde Guerre mondiale. Ce roman, considéré comme l'un de ses chefs-d'oeuvre, lui vaudra de remporter le prestigieux prix Hugo en 1963. Dick produit encore de nombreux romans et nouvelles où l'on retrouve toujours ses thèmes favoris : la nature de la réalité, l'identité, et les systèmes de contrôle. Parmi ses oeuvres importantes de cette période, on remarque  Docteur Futur (Dr. Futurity, 1960) et Les Pantins cosmiques (The Cosmic Puppets, 1957). Cependant, malgré sa prolifique production, Dick peine à obtenir la reconnaissance littéraire qu'il espère en dehors du genre de la science-fiction. Sur le plan personnel, sa vie reste compliquée. Après plusieurs mariages infructueux, il continue de chercher une stabilité émotionnelle, tout en luttant contre des épisodes d'anxiété et de paranoïa. Son mariage avec Kleo Apostolides prend fin en 1959, et il épouse la même année Anne Rubinstein avec qui il aura une fille, Laura.

Au cours des années 1960, Dick continue de publier à un rythme effréné, mais il aborde également d'autres genres littéraires. Il écrit des romans réalistes, sans éléments de science-fiction, espérant percer dans la littérature "sérieuse". Parmi ces oeuvres, Confessions d'un barjo (Confessions of a Crap Artist, écrit en 1959 et publié en 1975) est l'un des rares à être publié, mais ses autres romans réalistes sont généralement rejetés par les éditeurs, ce qui est une source de grande frustration pour Dick. Pendant cette période, ses oeuvres de science-fiction deviennent de plus en plus profondes et sondent des thèmes de plus en plus psychologiques et métaphysiques. Parmi les livres publiés dans les années 1960, on trouve Les Clans de la Lune Alphane (Clans of the Alphane Moon, 1964), Simulacres (The Simulacra, 1964) et Le Dieu venu du Centaure (The Three Stigmata of Palmer Eldritch, 1965), un roman particulièrement sombre qui traite de la réalité altérée par des drogues et des dieux extraterrestres. En 1968, il publie Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? (Do Androids Dream of Electric Sheep?), devenu célèbre plus tard sous le titre de Blade runner.

Les années 1960 sont également une période de grande instabilité personnelle pour Dick. Il commence à consommer des amphétamines pour soutenir son rythme d'écriture frénétique, mais cela exacerbe ses problèmes de santé mentale, notamment des épisodes de paranoïa intense. Il divorce d'Anne en 1965 et se marie avec Nancy Hackett la même année. Leur mariage, qui dure jusqu'en 1972, est tumultueux en raison des difficultés personnelles de Dick. Pendant les années qui suivent Dick se montre à la fois prolifique et perturbé par des événements étranges qui vont marquer son existence. En 1970, il publie Ubik, un autre de ses chefs-d'oeuvre, dans lequel la réalité est en perpétuelle mutation, rendant incertaine la frontière entre la vie et la mort. Ce roman est l'un de ses plus complexes et traite en profondeur de ses préoccupations métaphysiques. Cependant, sur le plan personnel, la vie de Dick devient de plus en plus chaotique. 

En 1971, sa maison est cambriolée, ce qui renforce ses tendances paranoïaques. Il soupçonne le FBI ou des agences gouvernementales d'être derrière cet événement. Il déménage alors au Canada pendant un temps, avant de retourner en Californie. Sa santé mentale se détériore, et il devient dépendant à la drogue. En 1972, il fait une tentative de suicide après la fin de son mariage avec Nancy Hackett. En 1974, Philip K. Dick fait l'expérience d'une série de visions mystiques et religieuses, qu'il appellera plus tard le "2-3-74". Après avoir reçu une dose de penthotal sodique à la suite d'une opération dentaire, il commence à avoir des visions qu'il interprète comme une révélation divine. Il prétend avoir été contacté par une intelligence supérieure, qu'il nomme parfois VALIS (Vast Active Living Intelligence System), et qui lui aurait montré la vraie nature de la réalité, ainsi que des événements futurs. Ces visions auront un impact durable sur la suite de sa vie et de son oeuvre. Les expériences mystiques de Dick influencent ainsi profondément ses écrits des années suivantes. Il rédige une vaste exégèse, un journal de plusieurs milliers de pages où il tente de comprendre ses visions et leur signification. Cette quête hallucinatoire et philosophique imprègne ses oeuvres tardives, notamment SIVA (VALIS, 1981), qui aborde ses expériences mystiques à travers un récit semi-autobiographique.

En dépit de ses problèmes de santé mentale et de ses difficultés personnelles, Dick continue à écrire des romans remarquables. Parmi ses oeuvres majeures de cette période figurent Coulez mes larmes, dit le policier (Flow My Tears, the Policeman Said, 1974), qui traite de la perte de l'identité, et Substance mort (A Scanner Darkly, 1977), un roman semi-autobiographique inspiré de ses expériences avec la drogue. Substance mort est une oeuvre poignante sur la dépendance, la surveillance et la dégradation mentale. En 1981, Dick publie encore La Transmigration de Timothy Archer (The Transmigration of Timothy Archer), le dernier roman de sa trilogie théologique, avec SIVA et L'Invasion divine (1981, The Divine Invasion). Ce roman  reflète son obsession pour la question de la vie après la mort.

Philip K. Dick  souffre de problèmes de santé chroniques et 18 février 1982, il subit une attaque cérébrale, suivie d'une autre quelques jours plus tard. Il meurt le 2 mars 1982 à l'âge de 53 ans, alors que ses romans commencent à être adaptés au cinéma, à commencer par Blade Runner (adaptation de son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?), de Ridley Scott, qui sort quelques mois plus tard.

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