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Clitarque,
historien grec,
fils d'un historien, Dinon de Colophon,
auteur d'un ouvrage considérable sur l'histoire de Perse. Sa vie
nous est assez mal connue; d'après les renseignements qui nous sont
parvenus, il aurait été, plus jeune que l'historien Théopompe,
(né vers 380 av. J.-C.) et, après avoir été
l'élève d'Aristote le Cyrénaïque,
personnage sur lequel on ne sait à peu près rien, il aurait
suivi les leçons de Stilpon de Mégare,
qui était encore dans toute la force de l'âge, lors de la
prise de Mégare par Démétrius, en 307 av. J.-C. On
a supposé, d'après quelques-uns des fragments qui nous restent
de lui, qu'il était né en Égypte
ou tout au moins qu'il y avait vécu; on a cru aussi - sans raisons
décisives - qu'il avait pris part à l'expédition d'Alexandre
le Grand, en Asie. Il semble à peu près certain qu'il
vivait encore en 304 av. J.-C.
C'est vers cette année qu'on s'accorde
à placer la publication de l'ouvrage de Clitarque. Cet ouvrage,
dont le titre exact n'est pas certain (Athénée,
IV, p. 148 D l'appelle Ai peri Alexandron historiai, et XII, p.
530, Ta peri Alexandron tandis que Stobée,
Floril., LXIV, 36, l'intituleTa peri Alexandrou) était
une biographie d'Alexandre le Grand divisée
en 12 livres et même en 14 ou 15 livres, suivant une hypothèse
de Kampe (Philologus, t. IV, p. 120). Cet ouvrage a disparu en entier,
et ne nous est connu directement que par trente et quelques fragments conservés
en grande partie par Élien et Strabon.
Ces fragments, qui nous donnent surtout des détails relatifs à
l'Inde, ont été recueillis et publiés par R. Geier
(Alexandri magni Historiarum Scriptores aetate suppares; Leipzig,
1844, pp. 151-190), et par C. Müller (Scriptores rerum Alexandri
magni; Paris, 1846, pp. 74-85).
La connaissance directe de l'ouvrage de
Clitarque nous manque; nous pouvons cependant nous faire une idée
assez exacte de ce qu'il était d'après Diodore,
Quinte-Curce et Justin
qui l'ont utilisé dans une mesure plus ou moins large. Cette biographie
eut dès l'origine un très grand succès, et ce succès
se maintint longtemps; en effet, elle a non seulement servi de modèle
à plusieurs écrivains, relativement récents, mais
encore - d'après une hypothèse assez peu solidement établie
d'ailleurs, - elle a été remaniée et publiée
à nouveau par un historien grec contemporain d'Auguste.
Si cette biographie eut du succès, ce fut surtout un succès
littéraire; au point de vue historique, elle a toujours été
tenue en médiocre estime par les anciens et les modernes.
Chez les anciens, Cicéron
(Brutus, XI, 42; De Legg. I, 7), Quintilien
(De inst. orat. X, I, 74), pour ne citer que les plus célèbres,
ont suspecté la bonne foi de Clitarque ; chez les Modernes, il n'est
peut-être pas d'écrivain qui ait pris sérieusement
la défense d'un biographe qu'on assimile volontiers à un
romancier. Cet historien vaut cependant mieux que sa réputation;
sans doute, il est ampoulé, amoureux des formules de rhétorique,
trop crédule et doué d'un sens critique médiocre,
mais il a un mérite dont on ne lui a pas tenu compte, et qui devrait
tout au moins lui attirer l'indulgence des Modernes, il représente
une tradition différente de celle d'Arrien,
il raconte des faits omis, sciemment ou non, par l'auteur de l'Anabase;
à ce titre, lui et les historiens grecs ou latins qui le représentent
doivent être consultés par tous ceux qui, de nos jours, entreprennent
d'écrire l'histoire d'Alexandre le
Grand. (S. Dosson). |
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