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Avant
l'arrivée des Européens, Trinidad et Tobago étaient habitées
par des Arawaks et les Caribs, dont on a découvert des sites archéologiques
remontant à 7000 ans. Les Arawaks étaient pacifiques et se concentraient
sur l'agriculture et la pêche, tandis que les Carbs étaient plus guerriers
et dominaient certaines parties des îles. Ces populations amérindiennes
ont vécu sur les îles pendant plusieurs siècles avant l'arrivée des
colons européens. Christophe Colomb est le premier
Européen à apercevoir Trinidad, le 31 juillet 1498, lors de son troisième
voyage. Peu de temps après, les Espagnols ont commencé à coloniser l'île,
qu'ils ont rattachée administrativement à Porto Rico par l'Espagne. Mais
celle-ci est restée quasiment délaissée jusqu'en 1595, servant seulement
de réservoir d'esclaves pour les autres
îles. A partir de cette époque, les mythes à propos de l'Eldorado,
que l'on croyait pouvoir découvrir dans les Guyanes, ont incité les Espagnols
à s'installer sur l'île pour en faire la base arrière de leur pénétration
sur le continent.
Terre d'aventures
et d'aventuriers de tout acabit, repaire de flibustiers,
Trinidad a pourtant commencé au XVIIe siècle
a développer une agriculture (tabac, au début), pour laquelle allaient
être requis des esclaves noirs (les Indiens n'étaient pas encore complètement
exterminés, mais se montraient très indociles), ainsi que des colons
français, apportant quelques capitaux. Ces planteurs, réfugiés de Saint-Domingue
(Haïti) et des autres îles allaient faire
plus tard la fortune de Trinidad. En attendant, en 1637, les Hollandais
attaquent l'île. Mais elle ne semble pas très attractive et l'Espagne
la conserve jusqu'à ce que les Anglais s'en emparent, le 18 février 1797.
Il font d'un petit village de pêcheurs, Port
of Spain, la capitale et y installent la troupe jusqu'Ã l'annexion
officialisée en 1802. Sous la domination britannique, l'économie de Trinidad
a rapidement évolué grâce à la mise en place de plantations de sucre,
nécessitant une main-d'oeuvre massive. Les Britanniques ont introduit
l'esclavage africain pour répondre à la demande
de travail sur les plantations, faisant de Trinidad une partie du vaste
système économique colonial basé sur le commerce du sucre.
Quant à Tobago,
dont la richesse principale était le sucre, elle fut d'abord disputée
entre la Hollande, la France et l'Angleterre, Ã laquelle elle revint en
1767, et fut secouée pendant les années qui suivirent par plusieurs révoltes
d'esclaves. En 1781, la France la reconquit, mais l'Angleterre la reprit
en 1793. De nouveau française entre 1802 et 1814, elle fut finalement
cédée à l'Angleterre qui en fit une colonie de la couronne réunie administrativement
avec celles de la Grenade et de Saint-Vincent, puis (1833) la plaça
sous tutelle de la Barbade. Trinidad et Tobago ne furent enfin liées au
sein d'une même administration qu'en 1899. L'esclavage a profondément
marqué la société de Trinidad et Tobago. Les Africains asservis constituaient
la majorité de la population, tandis que les colons européens possédaient
les terres et le pouvoir. Les conditions de vie et de travail des esclaves
étaient extrêmement difficiles, avec de fréquents abus, la malnutrition
et des maladies.
Le mouvement abolitionniste,
qui gagne en force au Royaume-Uni au cours du XVIIIe
siècle, aboutit à l'abolition de la traite des esclaves en 1807 et, finalement,
à l'abolition de l'esclavage dans
l'Empire britannique en 1834. Cependant, les anciens esclaves devaient
rester dans un système de période d'apprentissage jusqu'en 1838, période
pendant laquelle ils devaient continuer à travailler pour leurs anciens
maîtres, bien que dans des conditions un peu moins dures. Après l'abolition,
les planteurs britanniques cherchaient une nouvelle source de main-d'oeuvre
pour leurs plantations. Cela a conduit à l'importation de travailleurs
sous contrat venus principalement de Chine
et d'Inde. Une première vague en provenance
de Chine a eu lieu entre 1806 et 1814, mais le développement de l'industrie
sucrière et de la culture de cacao en nécessitèrent une seconde
entre 1853 et 1866; les Indiens ont commencé à arriver à partir des
années 1870. Plus de 140 000 Indiens ont été amenés à Trinidad,
et beaucoup d'entre eux sont restés après l'expiration de leurs contrats,
formant une communauté indo-trinidadienne importante. Ce processus a introduit
des influences culturelles indiennes significatives, notamment dans la
religion, la cuisine, et les traditions locales. En parallèle, d'autres
groupes ont également migré vers Trinidad,
notamment des Portugais
et des Syriens-Libanais,
créant une mosaïque ethnique unique qui caractérise encore aujourd'hui
Trinidad et Tobago.
Bien que Trinidad
et Tobago soient géographiquement proches, elles ont souvent été administrées
séparément. Cependant, en 1889, les deux îles ont été unifiées sous
une seule administration coloniale britannique. Malgré cette unification
administrative, les deux îles conservaient des identités culturelles
et économiques distinctes, Trinidad étant plus peuplée et développée,
tandis que Tobago restait principalement rurale et agricole.
La Grande Dépression
des années 1930 a exacerbé les tensions sociales, entraînant des grèves
et des manifestations contre les bas salaires et les mauvaises conditions
de travail, en particulier dans les industries sucrière et pétrolière.
L'un des leaders politiques les plus influents de cette période était
Uriah Butler, qui a dirigé des mouvements de grève majeurs dans les années
1930. Ces mouvements ont conduit à des réformes sociales et politiques,
notamment l'introduction de syndicats et de nouveaux droits pour les travailleurs.
Au cours des années suivantes, d'autres figures politiques, comme Eric
Williams, ont émergé et ont joué un rôle dans la transition vers l'indépendance.
Après la Seconde
Guerre mondiale, le mouvement pour l'autonomie et l'indépendance a
pris de l'ampleur. En 1958, Trinidad et Tobago rejoignent la Fédération
des Indes occidentales, une tentative de former une union politique entre
les colonies britanniques des Caraïbes. Cependant, cette fédération
s'effondre en 1962, et Trinidad et Tobago choisissent de devenir une nation
indépendante le 31 août 1962. Eric Williams, leader du People’s National
Movement (PNM), devient le premier Premier ministre du pays. Sa devise
« Massa Day Done » ( = le temps des maîtres est révolu) symbolise la
fin de la domination coloniale.
Au moment de l'indépendance,
Trinidad et Tobago possédait une économie déjà développée dans le
secteur de la production de pétrole et de gaz naturel. Dans les années
1970, la hausse des prix mondiaux du pétrole a stimulé l'économie de
Trinidad, et le pays a connu une période de croissance rapide. Toutefois,
les années 1980 ont été marquées par une récession mondiale qui a
affecté l'économie locale, obligeant le gouvernement à adopter des mesures
d'austérité. Malgré sa relative prospérité économique, Trinidad et
Tobago a connu des tensions sociales et politiques. En 1970, le pays est
confronté à une tentative de coup d'État menée par des jeunes militants
noirs influencés par les mouvements de libération afro-américains. Ce
mouvement, appelé la Révolution de 1970 ou Black Power, a échoué,
mais il a exposé les inégalités sociales et raciales du pays. En 1990,
une tentative de coup d'État plus sérieuse a eu lieu lorsque le groupe
musulman radical Jamaat al Muslimeen a pris en otage le gouvernement et
le Parlement pendant six jours. Bien que le coup ait échoué, il a révélé
l'instabilité politique persistante et les divisions sociales dans le
pays.
Trinidad et Tobago
est devenue une république en 1976, tout en restant membre du Commonwealth.
Le pays continue de dépendre de ses industries énergétiques, en particulier
du gaz naturel liquéfié, et il possède une économie diversifiée dans
la région. Le carnaval de Trinidad, l'une des plus grandes célébrations
culturelles au monde, incarne la richesse culturelle du pays, influencée
par ses diverses origines africaines, indiennes, européennes, et autres. |
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