Arthur Neville Chamberlain

Fils de Joseph Chamberlain, un important homme politique britannique, et de sa seconde épouse Florence Kenrick, Neville Chamberlain grandit dans une famille profondément impliquée dans la politique et les affaires. Après des études à Rugby School et au Mason College (qui deviendra plus tard l'Université de Birmingham), il s'engage dans les affaires, notamment dans la culture de sisal aux Bahamas, une entreprise qui s'avérera être un échec. De retour en Angleterre, il entre dans la vie publique à Birmingham, suivant les traces de son père.

Chamberlain fait son entrée en politique locale à Birmingham, en devenant conseiller municipal en 1911 et Lord Maire de Birmingham de 1915 à 1916. Son passage à la mairie est marqué par des réformes et une gestion efficace, ce qui établit sa réputation d'administrateur compétent. Il entre au Parlement en 1918 à l'âge de 49 ans, représentant la circonscription de Birmingham Ladywood. Rapidement remarqué pour ses compétences en matière financière et administrative, il gravit rapidement les échelons du gouvernement conservateur.

Dans les années 1920 et 1930, Chamberlain occupe divers postes ministériels importants, notamment Chancelier de l'Échiquier à plusieurs reprises. A ce poste, il se distingue par sa gestion prudente des finances publiques et son intérêt pour les questions sociales, notamment le logement et les pensions. Il est un artisan clé de la politique économique et sociale du gouvernement conservateur de l'entre-deux-guerres.

En 1937, après la démission de Stanley Baldwin, Chamberlain devient Premier ministre. Il hérite d'une situation internationale tendue, marquée par la montée en puissance de l'Allemagne nazie sous Adolf Hitler. Chamberlain crot fermement en la diplomatie et en la négociation pour éviter une nouvelle guerre, hanté par les horreurs de la Première Guerre mondiale. Il adopte une politique d'apaisement envers Hitler, espérant qu'en cédant à certaines de ses demandes, il pourrait préserver la paix en Europe.

L'apogée de cette politique fut l'accord de Munich en septembre 1938. Chamberlain, avec le Premier ministre français Édouard Daladier, rencontre Hitler et Mussolini à Munich et accepta l'annexion par l'Allemagne des Sudètes, une région de Tchécoslovaquie peuplée majoritairement d'Allemands. À son retour à Londres, Chamberlain fut accueilli en héros et déclare avoir rapporté "la paix pour notre temps". Cette phrase deviendra tristement célèbre par la suite.

Cependant, la politique d'apaisement est de plus en plus critiquée, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Royaume-Uni. Beaucoup considéraient qu'elle encourage Hitler et qu'elle était une capitulation face à l'agression nazie. Winston Churchill, alors député d'arrière-ban, est l'un des critiques les plus virulents de l'apaisement.

En mars 1939, l'Allemagne viole l'accord de Munich en occupant le reste de la Tchécoslovaquie, démontrant clairement que Hitler n'était pas satisfait et que la politique d'apaisement avait échoué à garantir la paix. Malgré ses espoirs initiaux, Chamberlain finit par comprendre la nécessité de résister à l'agression nazie. Après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne le 1^er septembre 1939, et après l'expiration d'un ultimatum britannique, Chamberlain déclara la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, entraînant le Royaume-Uni dans la Seconde Guerre mondiale.

En tant que Premier ministre en temps de guerre, Chamberlain est critiqué pour sa direction jugée trop timide et inefficace face à la menace allemande. La débâcle de la campagne de Norvège en 1940 affaiblit considérablement sa position. Le 10 mai 1940, après un vote de défiance au Parlement, Chamberlain démissionne et est remplacé par Winston Churchill. Il sert ensuite dans le cabinet de guerre de Churchill en tant que Lord Président du Conseil jusqu'à ce qu'il démissionne en raison de problèmes de santé en octobre 1940. Il meurt d'un cancer peu après, en novembre 1940.