|
Alejo
Carpentier
est un écrivain cubain né le 26 décembre 1904 à Lausanne,
et il est mort le 24 avril 1980 à Paris. Né en Suisse et issu de parents
franco-russes, il a grandi à La Havane,
à Cuba. Il y a étudié l'architecture et le journalisme, et s'est
rapidement orienté vers le journalisme et l'écriture. Engagé politiquement,
Carpentier a été un fervent opposant au régime de Gerardo Machado, dictateur
cubain. À cause de ses opinions, il a dû s'exiler en France de 1928
à 1939, où il a rencontré les surréalistes, ce qui influencera son
approche littéraire. Carpentier est retourné à Cuba
après la Révolution de 1959 et a occupé des postes culturels importants
sous le régime de Fidel Castro. Sa carrière littéraire a vraiment pris
son essor avec des Å“uvres comme Le Royaume de ce monde (1949) et
Le
Siècle des Lumières (1962), qui lui ont apporté une reconnaissance
internationale.
• Le
Royaume de ce monde (El reino de este mundo, 1949) se déroule
à Haïti pendant la révolution haïtienne
(fin XVIIIe et début XIXe
siècle) et suit le personnage de Ti Noël, un esclave d'origine africaine.
Le roman retrace son parcours et ses expériences de la révolution menée
par Toussaint-Louverture et de la rébellion
des esclaves contre les colons français. Ti Noël est témoin de la violence
et de la souffrance de la lutte pour la liberté, mais aussi de la transformation
d'Haïti en une dictature sous le règne du roi Christophe. Le roman
mêle des événements historiques réels à des éléments surnaturels
inspirés par les croyances vaudou et la mythologie
haïtienne.
• Le Siècle
des Lumières (El siglo de las luces, 1962) se déroule à la
fin du XVIIIe siècle, pendant la période
révolutionnaire en France et dans les Antilles.
Le roman raconte l'histoire de trois jeunes cubains ( Esteban, Sofia, et
Carlos) qui se laissent envoûter par Victor Hugues, un révolutionnaire
français. Attirés par les idéaux des Lumières
et l'espoir de justice et de liberté, ils sont entraînés dans les
événements tumultueux de la Révolution
française et des guerres d'indépendance dans les Antilles. Cependant,
confrontés à la violence et aux contradictions de la révolution, ils
finissent par s'interroger sur la réalité des idéaux qu'ils défendaient.Carpentier
est l'un des pionniers du réalisme magique,
qu'il a nommé “réalisme merveilleuxâ€. Contrairement à d'autres
auteurs de ce genre, il ne présente pas le surnaturel comme ancré dans
le quotidien, mais comme un élément merveilleux inspiré par la culture
et la réalité d'Amérique latine, un monde où l'histoire, les mythes,
et les réalités sociales sont extraordinairement entrelacés. Carpentier
questionne l'histoire et les racines culturelles de l'Amérique latine,
notamment à travers des oeuvres comme Le Royaume de ce monde, qui
aborde la révolution haïtienne, et Le Partage des eaux, qui traite
des transformations sociales et culturelles, ou encore La Harpe et l'ombre,
qui s'intéresse à la figure controversée de Christophe
Colomb. Ses oeuvres sont marquées par des descriptions poétiques
et une forte dimension historique, abordant les conflits de pouvoir, la
liberté, et la complexité identitaire.
• Le
Partage des eaux (Los pasos perdidos, 1953). - Dans ce roman,
le narrateur est un musicien et compositeur cubain qui travaille aux États-Unis.
À la recherche d'un instrument de musique précolombien, il part en expédition
dans une région isolée de la forêt amazonienne. Ce voyage, motivé au
départ par des raisons professionnelles, se transforme en quête spirituelle
et identitaire. En vivant au sein d'une communauté indigène, le protagoniste
redécouvre les valeurs primordiales, la simplicité, et le lien profond
avec la nature, contrastant avec la modernité et l'aliénation de la
société urbaine.
• La Harpe et
l'Ombre (El arpa y la sombra, 1979). - Carpentier imagine
ici une reconstitution fictive du processus de canonisation de Christophe
Colomb par l'Église catholique. Le récit alterne entre différents
points de vue et époques : on y trouve Colomb lui-même, des responsables
de l'Église, et le pape Pie IX, qui pèse les
raisons de la canonisation. Le livre dresse un portrait complexe de Colomb,
à la fois comme explorateur et comme homme ayant commis de nombreux abus
envers les populations indigènes. Le romancier expose les contradictions
de Colomb et met en question l'héroïsme qui lui est souvent attribué.
|
|