| Masque. - Le masque est un visage artificiel qu'on s'applique afin de se rendre méconnaissable ou d'effrayer les autres ou simplement de se protéger la figure. Cet usage est à peu près universel. Les masques funéraires sont destinés, disent les insulaires Aléoutes, à protéger la face des morts contre les larves et les démons qui voudraient la dévorer. On retrouve des masques funéraires de bois et de cuivre au Mexique, d'argent au Pérou, d'or à Mycènes, Kertch, Koyoundjik, d'argile polychrome à Carthage, sans oublier les masques dits d'Anubis des anciens Égyptiens. Fréquemment le masque est un déguisement employé afin d'épouvanter un ennemi, spécialement les démons et fantômes. De là son usage général dans les danses religieuses. Les Amérindiens, les Australiens se masquent de têtes d'animaux féroces, souvent avec la peau entière, imitant le cri, l'allure, etc. Le combat contre les démons étant supposé livré avec la coopération des dieux ou bons génies, on en vint à se figurer ceux-ci revêtus du même costume, en Inde, en Égypte, etc. Souvent aussi, au lieu de s'affubler de têtes d'animaux, on se contente de donner au masque la figure humaine avec une expression terrible. Ainsi font les habitants de la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle-Islande, les Chinois, une foule de sociétés africaines, américaines, australiennes. Dans tous ces pays, comme chez les anciens Européens, se perpétue l'usage des processions de masques destinées à épouvanter et chasser les mauvais génies, par, exemple en cas d'épidémie, ou bien au moment du solstice d'hiver contre les démons qu'on suppose rôdant afin de dévorer les germes de l'année nouvelle (Chine, Germanie, Celtique). La pratique des masques épouvantails fut étendue aux dieux eux-mêmes; les Mexicains apposaient à leurs dieux en cas d'épidémie et de fléau public des masques de pierre; le mythe grec de la Gorgone nous montre les dieux faisant usage de ces masques et pétrifiant de terreur leurs adversaires à l'aide de ce masque à chevelure de serpents. Pour compléter cet exposé, il nous reste à signaler les maisons ou huttes en forme de masques de quelques populations brésiliennes. Usités encore dans quelques cérémonies et danses religieuses du Moyen âge, les masques ne sont plus maintenant en Europe qu'un divertissement de société, dans les bals masqués et mascarades. Ce déguisement autorise une exceptionnelle liberté de langage et de manières. On l'emploie principalement au moment des fêtes du carnaval, soit individuellement, soit collectivement, dans de grandes figurations allégoriques. (P. Monceaux). | |