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Marduk ou
Mardouk est le dieu de la
ville de Babylone, où il siégeait
dans son temple « au pinacle surélevé » (Esagil),
en compagnie de son épouse Sapanîtu, ou Zarpanîtu. Les
mésopotamiens en faisaient le fils aîné d’Êa
et de la déesse Damkina. Dieu agraire
d'importance secondaire à l'origine, il acquiert toute son importance
sous le règne de Nabuchodonosor
(XIIe s. avant notre ère). Le Poème
de la Création, l'épopée babylonienne des origines
du monde, écrit à cette époque, est destiné
à justifier cette promotion. Marduk finira par supplanter Enlil
(en en absorbant les attributions) comme dieu suprême du panthéon.
On lui associe le dragon et la planète
Jupiter.
Divinité locale à l'origine
et envisagé comme une des multiples manifestations du soleil, ainsi
que l'indique la forme étymologique de son nom Amar-utuki «
éclat du soleil » , il devint le chef du panthéon assyro-babylonien
et prit le pas sur les autres divinités poliades, à partir
du jour où la prépondérance politique de Babylone
fut définitivement reconnue. Sa personnalité se confond dès
lors avec celle de Bel, le fils aîné d'Êa ; c'est pourquoi
on le nomme souvent Bel-Marduk, et il préside à la plus grosse
et à la plus brillante des planètes, Jupiter. On l'appelle
« le dieu qui mesure la marche du soleil, le prince des légions
stellaires »; il est qualifié de « juge, soutien de
la royauté, dieu des légions, celui qui marche devant Êa
». On l'invoque comme il suit dans un hymne en soit honneur :
Roi de la
surface de la terre, roi des contrées,
Fils aîné
d'Êa, qui ramènes le ciel et la terre (dans leurs mouvements
périodiques),
Grand seigneur de
la surface de la terre, roi des contrées, dieu des dieux.
du ciel et de la
terre, qui n'as pas d'égal,
serviteur d'Anu
et de Bel, miséricordieux entre les dieux,
miséricordieux
qui rappelles les morts à la vie,
Marduk, roi du ciel
et de la terre, roi de Babylone, seigneur du E-Sagil
Seigneur du E-Zida,
seigneur du E-Mah-bilat; à toi sont le ciel et la terre, à
toi sont ensemble le ciel et la terre, à toi est le charme de vie,
à toi est le philtre de vie,
à toi est
la clôture brillante de l'ouverture de l'Océan!
L'ensemble des hommes,
Tous les êtres
vivants, désignés par un nom, qui existent à la surface
de la terre, les quatre régions célestes dans leur totalité,
les Archanges des
légions du ciel et de la terre, tous tant qu'ils sont.
...
Ô Marduk!
roi du ciel et de la terre,
j'ai invoqué
ton nom, j'ai invoqué ton coeur; que les dieux glorifient ton nom!
qu'ils bénissent celui qui t'est soumis!
Sous le nom mystique de Silik-mulu-hi, Bel-Marduk
est l'une des principales divinités invoquées dans les incantations
magiques. Son rôle est non moins important dans l'épopée
cosmogonique où il lutte pour défendre le monde organisé,
contre les puissances du chaos, Anu, Tiamat et leurs
agents subalternes.
Le combat de Marduk et de Tiamat forme
un des plus importants chapitres de la grande épopée babylonienne.
Jouant le rôle du serpent tentateur dans la Genèse,
et prenant la figure d'un animal monstrueux, Tiamat, la source du péché,
induit l'humain à désobéir aux règles établies
par Êa, l'intelligence divine. Alors, les dieux arment, de la foudre
et de la harpè, Marduk qui précipite Tiamat dans les
enfers. Le dithyrambe qui suit est placé
dans la bouche de Marduk, au moment où les dieux célestes
viennent de l'équiper pour ce grand combat :
Devant la
terreur de ma force immense, puissante comme celle d'Anu, qui oserait résister?
Je suis le maître;
les montagnes escarpées qui élèvent leurs têtes
jusqu'au ciel, tremblent devant moi;
La montagne d'albâtre,
de lapis et d'onyx, je la tiens dans ma main.
Archange de la terre,
comme un oiseau de proie fond sur les passereaux,
Dans la montagne,
par ma vaillance héroïque, je décide la querelle.
Dans ma main droite,
je tiens le disque de feu;
Dans ma main gauche,
je tiens le disque de carnage.
Le soleil à
cinquante faces, arme de ma divinité, je le porte;
Le vaillant, qui
brise les montagnes, le soleil dont l'action ne cesse pas, je le porte.
L'arme qui, comme
l'ogre, agit merveilleusement tout autour d'elle, je la porte.
Celle qui brise
les montagnes, l'arme puissante d'Anu, je la porte.
Celui qui courbe
les montagnes, le poisson aux sept nageoires, je le porte.
La lame flamboyante
de la bataille, qui dévaste et désole le pays rebelle, je
la porte.
La harpè
qui bouleverse les rangs, glaive de ma divinité, je la porte,
Celle aux atteintes
de qui la montagne n'échappe pas, la main du mâle puissant
de la bataille, je la porte.
La joie des vaillants,
la lance qui fait la force dans la bataille, je la porte.
Le lacet qui s'attache
à l'homme, et l'arc de la foudre, je les porte.
La massue qui écrase
les demeures du pays rebelle, et le bouclier de la bataille, je les porte.
La trombe de la bataille, l'arme aux cinquante têtes, je la porte.
Pareil à
l'énorme serpent à sept têtes, ayant le ... à
sept têtes, je le porte.
Pareil au serpent
qui bat les flots de la mer, attaquant l'ennemi en face,
Dévastatrice
dans la violence des batailles, dominatrice du ciel et de la terre, l'arme
aux sept têtes, je la porte.
Faisant jaillir
son éclat comme celui du jour, le dieu qui échauffe l'Orient,
je le porte. Créateur du ciel et de la terre, le dieu dont la main
ne rencontre pas d'adversaire, je le porte.
L'arme qui remplit
le pays de la terreur de sa force immense,
Dans ma main droite
puissamment, le projectile d'or et d'onyx ...
On se souvient que dans le récit des
premiers chapitres de la Genèse biblique, Yahveh
place à la porte de l'Eden « pour
garder le chemin de l'arbre de vie », avec les Kérubim,
une arme qualifiée « la lame flamboyante du glaive qui tourne.
» Il s'agit probablement d'un instrument analogue au tchakra des
indiens, disque aux bords tranchants, au centre évidé, que
l'on projette horizontalement après l'avoir fait tournoyer autour
des doigts, de manière à lui imprimer une rotation rapide
sur lui-même. Ce disque tranchant, pareil, sans doute, aux roues
qu'Ezéchiel décrit à côté des Kérubim
de sa vision de la Merkabah, nous en avons la description complète
dans le dithyrambe en l'honneur de Marduk, que nous venons de rapporter.
Marduk est muni d'une panoplie complète, harpè, lance,
lasso, arc, massue et bouclier; il tient
sur chacune de ses mains un disque tournoyant.
C'est là son arme la plus formidable, celle qui assure le mieux
sa victoire, celle qu'il décrit avec le plus de complaisance et
avec abondance de métaphores.
Ainsi armé, Marduk s'avance contre
Tiamat qui est à la tête des légions des démons
et des divinités infernales; l'épopée babylonienne
poursuit comme il suit, le récit de ce dramatique épisode
:
Il prit
l'instrument dans sa main droite,
et il suspendit
[l'arc] et le carquois.
Il lança
un éclair devant lui,
et [une fureur]
impétueuse remplit son corps.
Il prit aussi le
cimeterre qui devait pénétrer le corps de Tiamat.
Il retint les quatre
vents pour que les attaques de celle-ci ne passent pas se produire au dehors,
le vent de sud,
le vent de nord, le vent d'est et le vent d'ouest. Sa main plaça
le cimeterre à côté de l'arc de son père Anu.
il créa le
vent mauvais, le vent hostile, la trombe, l'ouragan;
quatre vents, sept
vents, le vent dévastateur, le vent sans trêve; - et il lâcha
les vents qu'il avait créés, sept en nombre,
pour porter le bouleversement
dans le corps de Tiamat en se précipitant à, sa suite. Il
souleva aussi, en maître, le tourbillon, sa grande arme, Il monta
dans un char solide, sans rival, qui aplanit tout devant lui, il s'y tint
debout et sa main attacha les quatre paires de rênes,
...
« Tu t'es
précipité [sur moi] et ... tu as dirigé ton
hostilité contre moi. Mais ta troupe ne prévaudra pas et
ce sont leurs corps qu'iront frapper Les armes, Détourne-toi, et
moi et toi nous nous livrerons un combat singulier. »
Tiamat, quand elle
entendit cela,
fut d'abord stupéfaite
et changea sa résolution.
Elle examina attentivement
en haut,
et elle fortifia
puissamment et complètement sa base. Elle prépara un sortilège,
elle se plaça ...
et elle fit prendre
les armes aux dieux qui combattaient (avec elle). Et Tiamat assaillit le
héraut des dieux, Marduk;
ils se précipitèrent
ardemment l'un sur l'autre en combat, et ils se joignirent en bataille.
Le seigneur tira son cimeterre et la frappa; il lâcha en avant de
lui le vent mauvais, qui prend par derrière. Et Tiamat ouvrit sa
bouche pour l'engloutir;
mais il avait fait
entrer en elle le vent mauvais, de telle façon qu'elle ne put fermer
sa
bouche.
La violence du vent
remplit son estomac;
son coeur défaillit
et sa bouche se tordit.
Marduk porta en
avant son arme tranchante, il rompit son estomac, il la coupa par le milieu
et fendit son coeur; il l'abattit et trancha sa vie.
Il reconnaît
son trépas et se dresse superbe sur elle.
Après que
Tiamat, qui marchait devant eux, fut abattue,
il dispersa ses
soldats; sa cohorte fut dissipée, et les dieux ses auxiliaires,
qui marchaient à son côte,
tremblèrent,
prirent peur et retournèrent en arrière.
Ils se sauvèrent
pour mettre leurs vies en sûreté, et ils se cachèrent
en fuyards, dépourvus de vaillance.
Mais [il fondit]
sur eux et brisa leurs armes.
La lutte de Marduk
et de Tiamat continue, après que cette dernière est vaincue,
contre les débris de l'armée des démons. Ce sont particulièrement
sept mauvais esprits, les fils de Tiamat, qui cherchent à entraver
la marche du dieu Sin (la lune) et à ternir
son éclat. Marduk est obligé de voler au secours de Sin,
son fils, et pour vaincre il lui faut avoir recours à son père
Êa, l'intelligence suprême, organisatrice
du monde; voici l'épisode qui raconte la lutte victorieuse de Marduk
contre les sept esprits du mal
:
«
Les jours qui reviennent en cycles, ce sont les dieux méchants,
les génies
rebelles qui ont été formés dans la partie inférieure
du ciel, Eux, ils sont ceux qui font le mal,
complotant dans
leurs têtes méchantes ... le coucher du soleil, coulant avec
les fleuves ...
Entre eux sept,
le premier est ...
le second, un ogre
à la bouche de qui personne n'échappe, le troisième
une panthère qui frappe ...
le quatrième
un serpent ...
le cinquième
un dogue de garde qui contre ...
le sixième,
une tempête soufflant violemment, qui ... contre dieu ou roi, le
septième, le messager du vent funeste qui ...
Ils sont sept, messagers
d'Anu, leur roi;
de ville en ville
chaque jour ils dirigent leurs pas.
Ils sont la tempête
de vent du sud qui violemment chasse en avant dans le ciel, le nuage flottant
qui dans le jour obscurcit le ciel,
la tempête
de vent qui souffle violemment et dans un jour brillant produit les ténèbres.
Avec les vents mauvais, en vents mauvais ils circulent;
inondation de Raman,
ils développent leurs exploits;
à la droite
de Raman, ils s'avancent;
des fondements du
ciel ils éclatent comme l'éclair;
coulant avec les
fleuves, ils marchent en avant.
Dans les vastes
cieux, résidence d'Anu, leur roi, ils se sont fixés pour
faire le final et n'ont pas de rivaux. »
Un jour, enfin, Bel-El
(Belial?) entendit de cette affaire et fortifia sa volonté dans
son coeur.
Avec Kin, il maîtrisa
la sainte colère des dieux,
Et ils retinrent,
pour les diriger ensuite, Sin (la lune), Shamash (le soleil) et Ishtar
(Vénus) dans la partie invisible du ciel.
Avec Anu, il renouvela
pour eux la direction des légions célestes.
Et à eux
trois, les dieux, ses enfants,
Il relégua
ces sept dieux méchants dans la partie invisible du ciel. Il confia
le renouvellement du jour et de la nuit, sans interruption,
A Nannar, il confia
de nouveau la lune,
Il rendit leurs
qualités aux mains de Shamash, le héros, à Raman,
le vaillant.
Il casa Ishtar avec
Anu, le roi de la demeure brillante,
Et la consacra pour
la royauté des cieux.
(Suit une lacune
de trois lignes qui traitait probablement de la reconstitution de l'ordre
céleste.)
Alors ces sept démons,
Au commencement
de la période, en présence de ... (montrèrent) leur
inimitié.
Pour une année
(ils obscurcissent) sa face brillante (de Sin).
Sin (la lune), le
roi des hommes (ne luit plus) pour gouverner les pays.
Quant au soleil,
(sa splendeur) fut troublée, et il vécut en tristesse.
Le jour fut obscurci,
et il ne demeura pas dans le siège de sa royauté ...
Les dieux ennemis,
messagers d'Anu, leur roi,
Les représentants
malfaisants s'aidaient mutuellement.
Et se confirmaient
dans leur méchanceté
Du milieu du ciel
vers la terre, ils se ruèrent.
Bel vit les exploits
de Sin et son obscuration.
Le maître
parla ainsi à son serviteur Nusku :
« Nusku, mon
serviteur, porte ma décision vers l'abîme,
La nouvelle concernant
mon fils Sin qui, dans le ciel, est tristement obscurci,
Apporte-la à
Kin (qui habite) dans l'abîme. »
Nusku reçut
avec respect l'ordre de son maître,
Et alla de suite
vers Kin (qui habite) dans l'abîme,
Vers le maître
des maslu suprêmes, le maître de Nukimut.
Nusku rapporta le
message de son maître de l'autre côté.
Kin, dans l'abîme,
entendit cette nouvelle,
Et se mordit les
lèvres, et sa face se remplit de larmes.
Kin appela son fils
Marduk et lui murmura la nouvelle :
« Va, mon
fils, Marduk,
Il y a une nouvelle
de mon fils Sin qui est tristement obscurci dans le ciel;
Vois mon obscuration
dans le ciel;
Ce sont les sept
dieux ennemis, les assassins sans vergogne,
Ce sont les sept
dieux ennemis qui tombent sur le pays comme des orages,
Qui, comme les cyclones,
dévastent la terre. ils se sont postés devant Nannar, la
lune, avec succès.
Shamash et Raman
se sont rangés de leur côté. »
La suite du poème, malheureusement
fort mutilée, raconte les opérations magiques auxquelles
Marduk dut avoir recours pour délivrer Sin c'était là
le côté pratique et édifiant du récit, car si
un immortel a besoin du secours des incantations pour échapper à
l'étreinte des démons, à plus forte raison l'humain
devra-t-il, en pareille occurrence, faire appel à la puissance surnaturelle
du magicien.
Sur un grand nombre de cylindres en pierre
dure, on voit Marduk délivrant Sên de l'étreinte des
sept Génies du mal. Un de ces monuments entre autres, figure le
dieu Sin, à mi-corps au milieu du croissant lunaire son symbole;
il est barbu, en costume royal, coiffé de la cidaris ou tiare droite
appelée agu en assyrien. Sa main gauche tient les trois fruits
symboliques de grenadier sortant d'une même branche, que portent
beaucoup de divinités et dont la signification n'est pas bien établie.
Sin, tourné du côté de Marduk, l'appelle à son
secours. (F. Lenormant). |
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