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Mésopotamie > Religion assyro-babylonienne |
La démonologie mésopotamienne Esprits, génies, anges et démons de l'ancienne Mésopotamie |
Au-dessous des
grands dieux qui personnifient les forces de l'univers et forment la cour
suprême du panthéon, l'imagination des Assyro-Babyloniens
avait conçu l'existence de divinités inférieures qui
se comptent par milliers, si bien que leur hiérarchie et leurs attributs
demeurent, la plupart du temps, dans une inextricable confusion.
Chaque ville avait sa divinité préférée
et tutélaire, dont le renom de puissance était plus ou moins
répandu, selon que la cité elle-même étendait
son action plus ou moins loin en dehors de ses murailles. Nous connaissons,
par exemple, le dieu Sita qui avait son
Un bas-relief de Koyoundjik représente un sacrifice offert dans le camp de Sennachérib à des dieux Serpents. Les deux reptiles ont des têtes de quadrupèdes et ils sont fixés par le cou a une barre transversale qui les tient suspendus; devant eux est un trépied sur lequel brûlent des parfums; plus loin, un vase posé sur un piédestal, contient l'eau du sacrifice, et deux pontifes, en adoration, récitent les prières préparatoires, tandis que le victimaire amène le bouc qui doit être immolé. On cite un dieu Sarru-idku, en suméro-akkadien
Lugal-turda, qui se métamorphose en « oiseau de la tempête
», sorte d'oiseau gigantesque et fabuleux comme le rokh des contes
arabes. On nous raconte comment cet oiseau déroba un des principaux
talismans de la puissance des dieux; comment Anu
et Bel-Marduk ordonnèrent à Raman
et à Nabu de le tuer; comment ceux-ci conseillèrent
de le chasser seulement de la présence des dieux; comment enfin,
à leur place, Marduk se chargea de l'oeuvre de destruction qui est
retracée sur plusieurs cylindres. Citons encore, entre autres, Nirba,
le dieu des moissons et de la fertilité des champs; Dibbara, le
dieu de la peste ou du choléra, proche parent, sans doute, du génie
Namtar.
Le dieu à deux têtes amène devant Anu (?) l'oiseau-tempête Zu. (Cylindre assyrien; Louvre). Isdubar, le héros de l'épopée mésopotamienne du déluge, est formellement donné comme un dieu dans certains textes; c'est un personnage de l'Olympe assyrien et il n'est autre que le dieu Feu (is-bar) des textes suméro-akkadiens, dont le culte paraît avoir eu beaucoup d'importance aux époques primitives; ce nom de dieu du feu qui lui est donné, explique les mythes judéo-musulmans relatifs à la fournaise de Nemrod, puisque Nemrod est assimilable à Isdubar. C'est lui qu'on invoque dans l'hymne suivant qui fait partie du grand recueil magique copié par ordre d'Assurbanipal : Ô Feu, seigneur suprême, qui t'élèves dans le pays;Le fleuve qui répandait la fertilité dans le pays par ses inondations périodiques, ne manqua pas, comme le Nil en Égypte, d'être divinisé et mis au nombre des esprits bienfaisants. On l'invoquait pour repousser le mauvais sort, et nous possédons un hymne, assez obscur d'ailleurs, qui lui est consacré : Dieu Fleuve, qui pousse en avant,Si, remontant maintenant dans les régions supra-terrestres, nous envisageons le côté sidérique de la religion assyro-babylonienne, nous constaterons que ce sont non seulement les grands dieux qui s'incarnent dans les astres, mais que chaque étoile, chaque constellation a son génie propre, veillant du haut du ciel sur l'humanité et pour lequel rien de ce qui se passe sur la terre n'est indifférent. Toutes les étoiles sont des divinités d'un ordre inférieur, les unes considérées comme fastes, ce sont les anges; les autres, comme néfastes, ce sont les démons. Elles sont groupées entre elles suivant des lois rigoureuses et savantes, dictées par les scrutations astronomiques : on leur donne des noms divins au même titre que nos astronomes modernes désignent par des lettres grecques les différentes étoiles d'une même constellation. Il y avait les lu-lim, expression suméro-akkadienne qui signifie « le bélier de tête »; c'étaient les étoiles considérées comme les plus importantes d'un groupe déterminé. L'imagination d'une société en grande partie adonné à la vie pastorale, se représentait les astres qui peuplent le firmament, comme un immense troupeau dispersé dans les espaces célestes, et chaque étoile qui paraissait conduire la marche d'un groupe d'autres, à travers le désert sans limites, était un lu-lim, un bélier de tête, ou un chef, et cette expression empruntée à la vie pastorale, devint à la longue une manière poétique de désigner, parmi les humains, un chef ou un roi. Autour du dieu Anu, il y avait les igighs, au nombre de sept, qui habitaient dans le ciel, et dont nous avons la représentation symbolique sous la forme de sept globules, sur un grand nombre de monuments; sous les ordres de ce même dieu, étaient des esprits terrestres appelés les anunnaks (annunaku / anunnaki): « Tu n'as qu'à parler, dit un texte, et dans le ciel les Igighs se prosternent; tu n'as qu'à parler, et, sur la terre, les Anunnaks embrassent le sol. »Un passage de Diodore de Sicile vient fort à propos nous faire connaître ce qu'étaient au juste ces Igighs et ces anunnaks et le rôle à eux assigné dans l'astronomie assyro-babylonienne : c'étaient les dieux subordonnés aux grandes divinités zodiacales, et appelés les juges de l'univers. « Les douze signes du zodiaque, dit Diodore, était divisés en trente-six parties, présidées à leur tour par autant d'étoiles subordonnées aux grandes divinités zodiacales et nommées dieux conseillers. De ces dieux secondaires, la moitié habite au-dessus, l'autre moitié au-dessous de la terre pour la surveiller; et tous les dix jours, l'un d'eux est envoyé en qualité de messager, de la région supérieure à l'inférieure; un autre passe de celle-ci dans celle-là, par un invariable échange. Ces trente-six dieux étaient les décans, ainsi appelés parce que chacun d'eux régnait pendant dix jours sur un tiers de signe. Et comme, chaque dixième jour, le tiers d'un signe ou la trente-sixième partie du zodiaque monte au soir sur l'horizon, tandis qu'une autre descend au-dessous, on voit que l'échange signalé n'était autre chose que le fait astronomique résultant du mouvement propre du soleil. Partageant ensuite la sphère céleste entière en dehors du zodiaque, comme ils avaient partagé le zodiaque lui-même, les Chaldéens, pour achever leur construclion à la fois scientifique et religieuse, distinguaient douze étoiles ou constellations dans la partie boréale du ciel, et douze autres dans la partie australe, disant que celles-là, qui se voient, sont préposées aux vivants, et que celles-ci, invisibles, sont assignées aux morts : toutes ensemble étaient alors les juges de l'univers. »Aux archanges qui habitent les étoiles, à ces Igighs et à ces anunnaks, il faut rapporter les représentations symboliques des astres qu'on voit sur les monuments qui figurent le monde supra-sensible. Ce sont, outre le grand croissant lunaire, le disque solaire et l'étoile d'Ishtar (Vénus), les sept globules planétaires et des tiges ou hampes verticales, parfois à plusieurs branches et à têtes d'animaux, qui sont l'image d'êtres divins dont nous ne connaissons pas les noms. On a conjecturé que les Succoth-Benoth des émigrés de Babylone sur la terre d'lsraël, dont il est question dans la Bible, sont peut-être les Pléïades. Il est impossible de rien affirmer de précis à ce sujet. Les grands dieux, les personnifications sidérales, les génies des planètes, de l'atmosphère et de l'Océan se présentent non seulement avec des noms étranges en suméro-akkadien, mais avec un rôle et des attributs tout à fait différents de ceux qui leur sont donnés dans la religion publique et officielle. Ainsi, à la fin d'une invocation contre Namtar, le démon de la peste, les dieux sont invoqués sous les noms liturgiques qu'on leur donne dans les opérations théurgiques. Bêl prend le nom de Mul-gec; Belit, celui de Nin-gelal; Adar s'appelle Nin-dar; Nabu s'appelle Paku; Sin, Enzuna; Ishtar, Tishu; Raman, Im; Shamash, Ud. D'après ce que nous venons de dire,
il y avait pour ainsi dire, deux religions en présence : la religion
publique et officielle dont les divinités essentielles sont
les grands dieux; la religion cachée, mystérieuse,
de la magie et de la sorcellerie,
dont les divinités et les rites nous sont révélés
par les documents appelés religieux par les assyriologues. On pourrait
aussi nommer cette dernière, la religion des esprits, car
ce sont eux qu'on invoque toujours, et dont on provoque l'intervention
dans les affaires humaines.
Démons à têtes de lion et à griffes d'aigle du palais d'Assurbanipal à Koyoundjik (British Museum). Les textes religieux dont nous parlons,
auxquels il faut joindre les nombreuses inscriptions talismaniques gravées
sur les cylindres et les amulettes, attestent
chez les Mésopotamiens de l'existence, au-dessous des dieux, d'une
démonologie extrêmement riche. Il y a lié un monde
complet d'esprits bienfaisants et d'esprits malfaisants, dont les personnalités
étaient soigneusement distinguées dans l'enseignement théologique,
les attributions déterminées avec précision, la hiérarchie
savamment classée, comme les anges et les archanges de la théologie
chrétienne.
Génie à tête de lion chargé d'écarter les démons des maladies. (Statuette en bronze; British Museum). Au sommet de l'échelle, on place deux classes d'êtres qui tiennent de plus près que les autres à la nature divine; ce sont des génies ou des demi-dieux, presque des dieux inférieurs. Les uns reçoivent le nom suméro-akkadien de mas « soldat, combattant », auquel on substitue en assyrien celui de sed « génie »; les autres, le nom suméro-akkadien de lamma « colosse », traduit en assyrien par lamas. Ces noms sont appliqués fréquemment à des génies favorables et protecteurs, sous l'égide desquels on se place. D'autres fois, ces appellations désignent des génies méchants et nuisibles dont il faut conjurer la puissance. Les Mésopotamiens avaient, ce semble, imaginé des choeurs opposés de mas ou alap bons et mauvais, de lammas méchants et favorables; souvent même ces génies avaient une double face et pouvaient, suivant les circonstances, se manifester tour à tour comme bienfaisants et funestes, protecteurs et ennemis. Les lions ailés,
sentinelles vigilantes à la porte des palais, sont des nirgalli,
et leur chef de file est le grand dieu Nergal.
Les taureaux ailés à têtes humaines sont appelés,
tantôt sedi « génies », d'après
la nature de leur essence, tantôt alpi « taureaux
», d'après leur figure. On leur donnait aussi parfois le nom
de kirubi. La description des kerubim dans la Bible, a des
rapports frappants avec la représentation des taureaux assyriens
(Chérubins).
Taureau ailé à tête humaine, génie tutélaire qui gardait l'entrée du palais de sargon, à Khorsabad. (VIIe s. av. J.-C.; Louvre). Les textes bibliques nous disent que les kerubim sont des quadrupèdes dont les pieds sont « sans articulation avec un sabot pareil à celui du veau », et ils sont munis d'une ou plusieurs paires d'ailes. La gravure d'un cylindre assyrien du British Museum est en quelque sorte l'illustration plastique de la description des animaux symboliques d'une des visions du prophète Ezéchiel. Sur les ondes d'un fleuve, flotte un vaisseau merveilleux et vivant qui se termine à la poupe et à la proue par un buste humain. Sur ce vaisseau, on voit deux taureaux ailés qui en soutiennent deux autres parallèles. Ces quatre animaux supportent un pavois surmonté d'un trône où est assis un dieu barbu, peut-être Sîn, vêtu d'une longue robe, coiffé de la cidaris, tenant à la main un sceptre et un anneau. Un personnage, le sukallu, se tient auprès du dieu, attendant des ordres : c'est lui qui est l'ange ou le malak, servant d'intermédiaire entre le dieu et l'adorateur qui le contemple dévotement. Ne sont-ce pas là les quatre kérubim d'Ézéchiel, adossés deux par deux et se mouvant « chacun dans la direction de sa face », vers les quatre côtés? « Au-dessus des têtes des animaux, dit le prophète, il y avait l'apparence d'un pavois de cristal resplendissant, qui s'étendait sur leurs têtes, dans le haut... Et au-dessus du pavois qui était sur leurs têtes, il y avait l'apparence d'une pierre de saphir, en forme de trône; et sur cette forme de trône, apparaissait comme une figure d'homme placée au-dessus, en haut. Et je vis comme de l'émail, comme du feu, au dedans duquel était cet homme, et qui rayonnait tout autour; depuis ses reins jusqu'en haut, et depuis ses reins jusqu'en bas, je vis comme du feu, et comme une lumière éclatante dont il était environné. Tel est l'aspect de l'arc qui est dans la nue un jour de pluie, ainsi était l'aspect de cette lumière éclatante qui l'entourait : c'était la vision de l'image de la gloire de Yahveh. »Les prières des fiers monarques d'Assur s'adressent fréquemment aux êtres surnaturels qui, par suite d'une opération magique, sont censés habiter dans les corps de pierre des kirubi. Assarhaddon dit à la fin de l'inscription d'un cylindre de terre cuite déposé dans les fondations de son palais : « Dans ce palais, que le génie propice, le colosse propice, gardien des pas de ma royauté, qui réjouit ma majesté, perpétue sa présence à toujours, et jamais ses bras (de la majesté du roi) ne perdront leur force. »Et un peu auparavant, quand il parle des travaux du palais : «Les portes de bois de sapin aux panneaux solides, je les ai bandées de zones d'argent et d'airain, et j'en ai garni les baies de génies, de colosses de pierre, qui, comme les êtres qu'ils représentent, bouleversent (d'effroi) la poitrine du méchant, protégeant les pas, conduisant à leur accomplissement les démarches du roi qui les a formés; à droite et à gauche, j'ai fait exécuter leurs verrous. »Les deux taureaux de la porte du temple de la fameuse ziggurat de Babylone (L'architecture en Mésopotamie), sont enregistrés dans les listes divines parmi les personnages secondaires composent la cour de Marduk, le dieu de ce temple, avec ses « deux portiers et les quatre chiens du dieu. Les mêmes listes donnent les noms des « deux taureaux de la porte de la déesse Damkîna », son épouse, comme des «-six taureaux » des trois portes « du Soleil ». Les nombreuses images de taureaux et de
lions ailés que les fouilles modernes ont mises au jour, achèvent
de nous édifier sur le rôle et les formes peu variées
de ces êtres fantastiques. Les uns, à tête humaine et
à griffes de lion, ont des bras, comme les kérubim d'Ézéchiel
qui ont « une forme de main d'homme sous leurs ailes »; d'autres
n'ont d'humain que le visage. Voyez ceux dont Botta
enrichit en son temps le musée du Louvre.
Il en est qui ont cinq pattes, ou plutôt l'une des quatre pattes
est figurée deux fois, afin que le spectateur en voie toujours quatre,
de quelque côté qu'il envisage le monstre. Les ailes déployées
partent des épaules et s'élèvent en arrière
au-dessus de la croupe; la tête est coiffée d'une tiare cylindrique
ornée de plumes et de rosaces, et ceinte, à sa partie inférieure,
de la double rangées de cornes, emblème de la force matérielle.
Ces taureaux ont à peu près deux fois la hauteur d'un homme
de grande taille.
Tête de démon assyrien. Un petit bas-relief conservé aussi à Paris, représente un quadrupède ailé, se rapprochant des grands taureaux dont nous venons de nous entretenir, mais avec des attributs tout spéciaux. Le monstre a le corps et les pattes de devant d'un lion; les pattes de derrière, armées de serres puissantes sont celles de l'aigle; il a des oreilles de boeuf, des cornes d'aegagre; l'oeil, la face et le bec entrouverts ressemblent à ceux du perroquet ou du faucon. Une crinière hérissée orne son cou fièrement cambré comme celui du cheval, et s'étend tout le long de l'épine dorsale jusqu'à la croupe; la queue, pareille à celle du lion, se redresse et se termine en trois touffes épaisses; enfin, de grandes ailes, à plumes imbriquées, qui prennent naissance au-dessus des pattes de devant, se développent en éventail. Tel est le bizarre assemblage dont on a formé un animal symbolique participant â la fois du griffon, de la chimère et du sphinx, tels que les Grecs ont figuré ces êtres fabuleux. Les schedi et les lamassi
à deux pieds sont plus fréquents encore que les quadrupèdes.
Au British Museum, on en voit deux qui tiennent un bouquetin et un cerf
et sont vêtus d'une sorte de chape qui descend jusqu'aux talons :
sauf les ailes, ils sont entièrement humains. D'autres ont des becs
d'aigle comme le dieu Nisruk, leur chef suprême. En voici un qui
tient par la crinière deux chevaux ailés - comme le Pégase
de la mythologie hellénique; un autre est en adoration devant l'arbre
de vie; un troisième à quatre ailes, saisit par les pattes
de derrière deux lions ailés à tête humaine.
Le plus souvent, ils tiennent de la main droite élevée la
pomme de pin, et de la gauche abaissée le panier mystique qui figure
toujours, dans les scènes religieuses, à la main d'un des
officiants. Qu'on prenne la peine, en un mot, de jeter un coup d'oeil sur
les représentations qui décorent les cylindres en pierre
dure, et l'on sera surpris de la variété infinie des scènes
où figurent ces génies, et de la bizarre fécondité
de l'esprit assyrien qui les a inventés; on comprendra aussi, en
même temps, les difficultés qu'éprouve aujourd'hui
l'archéologue pour retrouver l'idée qui a présidé
à une conception de ce genre et la signification originaire de pareils
symboles.
Ils sont sept; ils sont sept.Ces monstres font leur demeure habituelle dans les lieux incultes, malsains et sauvages; c'est de là qu'ils viennent rôder dans les endroits habités pour tourmenter les humains. Issus de l'aral, l'empire ténébreux de Mul-ge, les diables affectionnent particulièrement les ténèbres, et c'est pendant la nuit, surtout, qu'ils attaquent l'humain et rôdent autour des habitations pour y semer l'épouvante. - Dieu à tête d'aigle, découvert à Nimrud (albâtre, hauteur 1,20 m, musée du Louvre). On nous dit que « l'utuq habite le désert, le mas se tient sur les sommets, le gigim erre dans le désert, le telal se glisse dans les villes. Mais c'est surtout le désert qui est leur réceptacle. A chaque instant, dans les textes magiques, il est question des démons qui guettent l'homme du fond du désert; les exorcismes, nous l'avons vu, ont pour objet de les repousser dans ces solitudes privées de vie. L'habitation des démons dans le désert était, du reste, une croyance générale en Syrie aussi bien qu'en Mésopotamie, et les prophètes d'Israël eux-mêmes ont adopté cette opinion populaire. Quand Isaïe décrit la dévastation d'Édom, il dit : « Les épines croîtront dans ses palais, les ronces et les chardons dans ses forteresses; ce sera la demeure des chacals, le repaire des autruches.A la suite de ces démons actifs, à la puissance desquels on attribue tout mal, prennent rang ceux qui, sans avoir une action aussi directe, se manifestent par des apparitions effrayantes et sont dans un étroit rapport avec les ombres des morts enfermées sous la terre, dans les sombres demeures du pays immuable, qui correspond exactement au schéol des anciens Hébreux. Tels sont « le innin et l'uruku énormes », sortes de lémures et de larves. Mais les trois principaux êtres de cette classe sont le fantôme (labartu), le spectre (labassu) et le vampire (ahharu). Les deux premiers épouvantent seulement par leur aspect le vampire « attaque l'homme. » Un des démons femelles les plus importants et les plus dangereux est Lilith qui a persisté dans la démonologie rabbinique et même arabe. On la trouve, mentionnée dans la prophétie contre Édom. Chez les rabbins des bas temps du judaïsme, la Lilith est une strige, une sorte de lamie ou d'empuse qui enlève les petits enfants pour les mettre à mort; dans les livres des Mendaïtes, elle est, de même, censée s'introduire auprès du lit des femmes en couches pour tuer les nouveau-nés. Dans les mêmes écrits comme dans la littérature magique des assyro-babyloniens, Lilith est un démon d'impureté dont les criminels amusements donnent naissance à des démons lascifs, les hengê et les séirim : ce sont les faunes et les satyres de la mythologie assyrienne. (F. Lenormant, E. Babelon). |
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