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Le mot bannière
a désigné, au Moyen âge
et jusqu'au XVIe siècle, un petit
drapeau rectangulaire, armorié, attaché
à une lance ou à une hampe. La bannière était
le privilège des seigneurs puissants qui pouvaient conduire à
l'armée un certain nombre de chevaliers et qui étaient dits
bannerets; les officiers qui commandaient l'armée royale
jouissaient de la même prérogative, même s'ils n'étaient
pas bannerets; enfin le roi, lorsqu'il était à la tête
de ses troupes, se faisait précéder de la bannière
royale.
L'historien Rigord
raconte qu'à la bataille de Bouvines
Gales de Montigny portait devant Philippe-Auguste
la bannière royale semée de fleurs de lys, « signum
regale forums lilii distinctum ». Les vitraux
de Chartres nous ont conservé la
représentation de nombreuses bannières féodales du
XIIIe siècle et notamment de la
bannière royale de saint Louis. C'est
un petit drapeau bleu semé de fleurs de lys d'or. La bannière
royale n'accompagnait pas seulement le roi à l'armée; elle
figurait à son sacre et à
ses obsèques; on la mettait en
girouette sur les tours des villes du domaine; on l'attachait à
des mâts plantés dans les camps des troupes royales; on la
plaçait à la poupe des vaisseaux royaux. C'était toujours
un carré, de soie ou de velours bleu frangé d'or, semé
de fleurs de lys d'or. Mais l'usage de la bannière royale tomba
peu à peu en désuétude; elle parut pour la dernière
fois aux obsèques de Louis XIV.
Les bannières des églises
et des abbayes furent longtemps semblables
de forme comme de nom aux bannières féodales : elles avaient,
du reste, la même signification; elles guidaient à l'armée
ou dans les cérémonies les vassaux de l'église on
de l'abbaye et étaient portées parleurs avoués. Telle
est la bannnière de saint
Denis représentée sur une miniature
du manuscrit français 2829 (XVe
siècle) de la Bibliothèque
nationale.
La bannière
des églises a la forme d'un carré long, de 1,20 m à
1,50 m de hauteur, sur 1 m à 1,20 m. de largeur, terminé
en bas par des festons demi-circulaires taillés en lambrequins;
elle est de diverses couleurs, avec de riches broderies, garnie de franges
tout autour, et représente quelque image sainte, la Vierge
ou le patron. On la place dans le choeur,
et elle précède la croix aux processions solennelles.
On regarde la bannière
comme un souvenir du labarum de Constantin.
La première bannière qui ait été bénie
par un pape est celle que Grégoire III
envoya à Pépin le Bref; les clefs
de Saint Pierre y étaient représentées.
Jadis la bannière
était portée par un diacre en dalmatique. Aujourd'hui ce
soin est confié presque partout à des laïques. Aux extrémités
du bâton horizontal de la bannière des confréries,
on attache d'ordinaire des cordons, à l'aide desquels on peut la
soutenir contre la force du vent, et qu'on a tort, par conséquent,
de remplacer par des rubans fragiles.
A la procession qui
avait lieu après le couronnement du pape,
on portait 12 bannières rouges. La bannière de la confrérie
de l'Annonciate, à l'église Santa-Maria-Nuova de Pérouse,
est citée comme une oeuvre remarquable du peintre Foligno.
(B.).
A l'exemple des barons, les communes
eurent leurs bannières, analogues à celles des chevaliers;
et bientôt les paroisses, les confréries, les corporations
ou les quartiers des villes se distinguèrent par des bannières
différentes, si bien que dans certaines villes le mot bannière
finit par être synonyme de quartier ou de corporation.
Dans quelques villes du Nord on nommait
maieurs de bannière les chefs élus des métiers. A
la fin du XVe siècle, on imagina
de disposer la bannière carrée sur un manche en forme de
T, à la barre transversale duquel on la cloua; en même temps,
les bannières devinrent plus amples. Depuis le XVIe
siècle, on donna de préférence aux bannières
religieuses la forme du labarum qu'elles ont conservée jusqu'à
nos jours. Depuis cette époque, le clergé,
les confréries et surtout les corporations et les sociétés
ont seules conservé l'usage de la bannière. Les sociétés
musicales, notamment, ont chacune leur bannière, à la hampe
de laquelle on suspend les médailles
et autres signes de distinction obtenues dans les concours par l'association.
On a souvent, par abus, donné le
nom de bannière à d'autres sortes de drapeaux. Ainsi, dans
la marine, on donnait aussi autrefois le nom de bannière au pavillon
de l'arrière d'un bâtiment. Les voiles sont larguées
en bannière, lorsqu'elles ne sont plus relevées par leurs
cargues sur les vergues; cette disposition permet de les faire sécher
plus rapidement que lorsqu'elles sont larguées sur les cargues.
Lorsqu'une voile n'est plus retenue par ses écoutes, le vent la
fait flotter comme une bannière; on peut employer ce moyen pour
faire à grande distance des signaux convenus. (GE). |
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