| Mordant ou Mordent, n. m. - Petit ornement mélodique, en usage depuis le XVIe s. sous des noms et des formes variables. Il consiste en l'introduction d'un battement très bref, précédant la note à orner. Les luthistes, qui en furent sans doute les inventeurs, le pratiquaient en montant et en descendant : Mersenne (1636) qui le nomme « tremblement » l'indique seulement sous la forme ascendante. Les Anglais Simpson (mort en 1669) et Mace (1676) le notent uniquement dans le sens descendant. L'Allemand Fischer (fin XVIIe s.) s'en sert dans le même sens et l'appelle « semi-tremuli, vulgo mordant ». Chez L'Affilard (1697) il devient le « pincé » et s'inscrit en petites notes. Emmanuel Bach (1753) le note en descendant et le déclare indispensable dans le jeu du clavecin, pour soutenir le son, lier des notes qui se succèdent en montant, faire briller des notes syncopées, détachées en staccato, ou produites par saut, etc. Le signe , qui est proprement le signe du trille court, mais traversé d'un trait, est habituel chez Bach et chez Marpurg (1750), qui l'identifie au pincé en le nommant « pincé, italien : mordente ». Mais la confusion qui règne dans les dénominations des ornements porte Léopold Mozart (1756) à placer sous le même titre 3 sortes de formules dont la première seule est conforme aux définitions précédentes. Le sens exact du terme semble de nos jours absolument perdu, puisque Malhomé (1903) donne pour seul « véritable mordant » le « groupe de 2 petites notes qui se suivent par degrés conjoints à la distance d'une tierce au plus de la note principale qu'il précède », groupe cannu des maîtres classiques sous le nom de coulé. Le même théoricien appelle « mordant sous forme de broderie » le mordant classique ou pincé, et « mordant sous forme de double appogiature successive », celui cité ci-dessus comme 2e exemple de Léopold Mozart. Les musiciens modernes écrivent en petites notes et souvent en toutes notes de la valeur voulue les formules ornementales qu'ils empruntent aux traditions des siècles précédents. (Michel Brenet). |