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Mersenne

Le P. Marin Mersenne est un théologien, mathématicien et philosophe français, né au hameau de la Soultière, près d'Oizé (Sarthe), , le 8 septembre 1588, mort à Paris le 1er, septembre 1648. Fils d'humbles paysans, il fit ses premières études chez les Pères de l'Oratoire, au collège du Mans, puis alla chez les Jésuites, au collège de la Flèche, et y eut pour condisciple René Descartes, avec qui, malgré une assez grande différence d'âge, il se lia d'une étroite et amitié.
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Mersenne.
Marin Mersenne.

En 1611, il prit l'habit des Minimes, fit son noviciat à Meaux, professa ensuite la philosophie dans une maison de l'ordre, à Nevers, où il demeura six ans (1614-1620), et, de retour à Paris, s'établit au couvent de l'Annonciade, près de la place Royale

Il publia peu après ses premiers ouvrages : Quaestiones celeberrimae in Genesim (Paris, 1623, in-fol.); l'impiété des Déistes (Paris, 1624, 2 vol. in-8); la Vérité des sciences (Paris, 1624, in-42). Tous témoignent, les Quaestiones surtout, d'une solide érudition. Mais tous aussi sont marqués au coin d'une rare intolérance. Quiconque s'écarte de la plus stricte orthodoxie y est traité d'athée et l'auteur qui, n'épargne pas ses invectives à « ces brigands », à « ce tas de canailles », ne ménage pas davantage les sceptiques, « qui sont des professeurs d'athéisme au ton badin, aussi dangereux que les plus indiscrets des athées ». On en jugera encore par cette citation tirée de ses Questions sur la Genèse

« Pour qu'on ne me soupçonne pas de me plaindre à tort et qu'on n'aille pas soutenir qu'il y a peu de gens qui nient Dieu ou qu'il n'y en a pas du tout, il faut qu'on sache qu'en France et dans les autres pays, le nombre de ces infâmes athées est tellement considérable, qu'il y a lieu de s'étonner que Dieu les laisse vivre. Boverius assure que ces suppôts du démon sont en France près de soixante mille. Mais pourquoi parler de toute la France? La ville de Paris en contient au moins cinquante mille pour sa part, et dans une seule maison on en pourrait compter quelquefois jusqu'à douze qui vomissent cette impieté. La Sagesse, de Charron, le Prince, de Machiavel, le livre de Cardan sur la Subtilité, les écrits de Campanella, les dialogues de Vanini, les ouvrages de Fludd et de beaucoup d'autres sont pleins d'athéisme. »
Malgré cette violence de langage, le caractère et la conduite de Mersenne étaient empreints de modération et de bienveillance. Il se montra d'ailleurs moins intransigeant dans ses relations, fréquentant assidûment nombre de savants d'opinions plutôt libres, tels que Gassendi, Galilée, Fermat, Hobbes, et, quand Descartes fut violemment attaqué, le défendant, lui et ses doctrines, avec la plus chaleureuse énergie. Ainsi, c'est par ses actions, et non par ses écrits, qu'il doit être compris au nombre des soutiens et des propagateurs du cartésianisme.

D'abord il eut le bonheur de retirer Descartes de la dissipation et de le rappeler à sa vocation de philosophe. Il fut comme le tuteur de sa première jeunesse. Plus tard il le fit connaître, le défendit contre des attaques passionnées et le servit de toutes les manières. Il se chargea pour lui d'une foule de soins; il le mit en rapport avec un grand nombre de savants, lui communiqua leurs observations, leur transmit ses réponses, fut son correspondant assidu, et veilla au besoin à l'impression de ses écrits. Il était même, à Paris, son chargé d'affaires, et il alla le visiter en Hollande dans son exil. 

L'amitié qui le liat à Descartes ne fut dissoute que par la mort. Ce fut Descartes qui survécut et qui pleura amèrement son cher Mersenne, mort, dit-on, victime de l'ignorance d'un médecin, qui, en le saignant, se trompa de veine.

Voici le portrait qu'a fait de lui Baillet dans sa Vie de Descartes

« Mersenne était le savant du siècle qui avait le meilleur coeur : on ne pouvait l'aborder sans se laisser prendre à ses charmes. Jamais mortel ne fut plus curieux pour pénétrer les secrets de la nature et porter les sciences à leur perfection. Les relations qu'il entretenait avec tous les savants l'avaient rendu le centre de tous les gens de lettres : c'était à lui qu'ils envoyaient leurs doutes pour être proposés par son moyen, à ceux dont on attendait les solutions; faisant à peu près, dans la république des lettres, la fonction que fait le coeur dans le corps humain. » 
Durant la seconde partie de sa vie, il s'était occupé plutôt de sciences, et les nombreux ouvrages qu'il avait écrit après sa quarantième année ont trait surtout aux mathématiques, à la physique, à l'astronomie. 

La plupart sont aujourd'hui ignorés, car le P. Mersenne, tenu en très haute estime parmi les géomètres du XVIIe siècle, a servi la science moins par ses propres travaux que par l'émulation qu'il a su entretenir entre les grands savants de l'Europe, dont il s'était fait, en même temps que l'intermédiaire, le conseiller et le collaborateur de, tous les instants, leur proposant les questions et provoquant ainsi leurs recherches. Lui-même s'est livré, toutefois, à des expériences personnelles du plus haut intérêt sur plusieurs matières encore obscures, comme la résistance des solides, l'écoulement des liquides, les vibrations des corps, et la preuve de la supériorité de son esprit se retrouve en maints passages de ses écrits scientifiques, parmi les idées bizarres, quelquefois même futiles, qui les déparent.  (L. S. / AF).

Voici les titres des principales oeuvres de Mersenne : Euclidis elementorum libri, Apollanii Pergaei Conica, Sereni de sectione cona, etc. (Paris, 1626, 3 vol. in-46), recueil d'opuscules de mathématiciens anciens, traduits du grec en latin et réimprimés plus tard avec quelques additions sous le titre : Universae geometriae mixtaeque mathematicae synopsis (Paris. 1644, in-4);  les Méchaniques de Galilée (Paris, 1634, in-8); Questions inouïes ou récréations des savants (Paris, 1634, in-4); Questions théologiques, physiques, morales et mathématiques (Paris, 1634, in-8); l'Harmonie universelle, contenant la théorie et la pratique de la musique (Paris, 1636, 2 vol. in-8); Harmonicorum libri Xll (Paris, 1636, infol.), abrégé du précédent;  la Vérité des sciences, contre les Sceptiques et les Pyrrhoniens, 1638;Nouvelles découvertes de Galilée (Paris, 1639, in-8); Cogitate physico-mathematica (Paris, 1644, in-4); Novæ observationes physico mathematicæ, quitus accessit Aristarchus Samius 1647; Catoptrique, 1652 (posthume). 

Sa Vie a été écrite par le P. Hilarion de Costa, 1649.

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