| Le V latin dérive, du caractère phénicien vau, qui prit, en passant dans les alphabets grecs, la valeur phonétique de u (= ou) et de y. En conservant ce caractère entier ou en prenant seulement la partie supérieure, les Etrusques et les Latins en tirèrent les deux lettres V et Y. Le V seul remonte à une époque ancienne dans l'alphabet romain. L'emploi du V chez les Romains donne lieu, au sujet de sa valeur phonétique (v et u), à la même remarque que pour la lettre U. 1 - Origine et dérivation du V latin.
Dans l'Antiquité, l'alphabet lycien offre un essai pour arriver à distinguer les sons [û, u, ü] etc., au moyen de diverses modifications, dédoublements on renforcements des traits, apportées au caractère V. L'empereur Claude, dans sa réforme graphique, ne songea pas à spécialiser les valeurs respectives de V et U, mais inventa, pour représenter le son V, le digamma inversum F. 2 - Ecritures de la première période du Moyen âge
Le V épigraphique romain, dans ses proportions classiques, a toujours le côté droit plus étroit que le côté gauche. Pendant le Haut-Moyen-Age, les côtés sont munis de prolongements, dirigés à droite ou à gauche, et la base s'élargit et s'allonge jusqu'à donner à la lettre l'apparence d'un Y. Le V de l'écriture des manuscrits est l'une des lettres dans lesquelles on observe le mieux la diffrence de la capitale carrée et de la capitale rustique. 3 - Ecritures dites nationales Dans les écritures semi-onciale, cursive et minuscule, depuis le Ve siècle jusqu'au IXe siècle, on ne rencontre le V que très rarement, l'U ayant à peu près entièrement supplanté le V dans toutes ces écritures. On n'y trouve guère le V que dans les dates en chiffres romains, où l'on fait emploi du V avec sa valeur du nombre 5, et au commencement des noms propres germaniques, tels que Vuido. L'usage de réserver le V pour le commencement des mots, toujours indifféremment avec la valeur v ou u, se trouve quelquefois dès le Xe siècle, notamment dans les diplômes des empereurs d'Allemagne, et surtout au XIe et au XIIe siècle, dans la minuscule romane. E - Ecritures gothiques
Dans l'écriture cursive gothique, le V minuscule commence très fréquemment par une longue ligne contournée, qui est souvent, au XIVe siècle, presque tout à fait verticale, ce qui peut faire confondre le V avec le B. 5 - Ecritures modernes
La distinction définitive, au point de vue phonétique, du V et de l'U, ne remonte qu'au XVIIe siècle. (E.-D. Grand). - Lettres historiées et ornées. 1. Initiale du VIIIe siècle. 2. Initiale ichtyomorphique, VIIIe siècle. 3. Lettre ornée carolingienne, IXe siècle. 4. Initiale ornée carolingienne, IXe siècle. 5. Initiale carolingienne, IXe siècle. 6. Grande lettre ornée du Xe siècle. | 7. Initiale dracontine, Xe siècle. 8. Initiale italienne, XIIe siècle. 9. Lettrine du XIIe siècle. 10. Initiale du XIIIe siècle (ms. du Décret de Gratien). 11. Lettre à rinceaux, XIVe siècle. 12. Bible de Wittenberg. | | |