|
. |
|
|
La lettre E est la cinquième lettre de l'alphabet. Le signe qui représente le son E est le même dans les alphabets grecs et latins; il procède d'un hiérogramme égyptien dérivé lui-même d'un signe hiéroglyphique ayant la signification de fenêtre. Emprunté à l'Egypte par les Phéniciens, il a été introduit par eux dans les écritures de l'Antiquité, mais c'est seulement en passant des Phéniciens aux Grecs qu'il a changé de valeur et est devenu une véritable voyelle. 1- Origine et dérivation du E latin. Les Phéniciens traçaient ce signe en plaçant les barres transversales à gauche de la barre verticale . II est figuré exactement de la même manière dans les inscriptions cadméennes dont l'écriture va de droite à gauche, mais on le voit retourné et déjà très semblable à notre E dans les textes où l'écriture a été tracée de gauche à droite, suivant la direction qui finit par prévaloir en Grèce. On le retrouve dans les autres écritures grecques et notamment dansla plus ancienne, l'écriture éolo-dorienne, tout à fait redressé et devenu exactement notre E. Ce sont les colonies chalcidiennes du sud de l'Italie qui ont transmis ce caractère, comme la plupart des autres lettres de l'alphabet, à l'écriture latine, où on le retrouve, dans les inscriptions les plus archaïques, avec la forme que nous lui connaissons. Mais on y rencontre en même temps une autre forme très différente composée de deux traits verticaux parallèles : II. Cette forme caractéristique provient de la tendance de l'alphabet latin à détacher les différents traits des lettres et à les tracer de bas en haut; elle n'a du reste pas persisté. Le tableau n° 1 donne ces différentes formes de l'E et en rend sensible la dérivation. De l'E capital des textes lapidaires latins, que reproduit exactement l'E capital de l'imprimerie moderne, dérivent toutes les formes de cette lettre en usage chez les divers peuples de l'Europe occidentale. La forme II, particulière à l'écriture latine, s'est maintenue assez longtemps dans les inscriptions et on la retrouve même dans celles qui ont été tracées légèrement à la pointe, ou graffiti. Mais de très bonne heure, la nécessité d'écrire rapidement a fait incurver la barre verticale, lorsqu'on voulait la tracer d'un seul trait avec les deux barres, supérieure et inférieure; un second trait y ajoutait la barre du milieu. Cela produisit la forme dite onciale ; on la trouve indiquée déjà assez nettement dans les graffiti et dans les papyrus d'Herculanum et de Pompéi, tandis que les tablettes de cire semblent avoir préféré la forme ancienne II. 2- Ecritures de la première période du Moyen âge. De la forme onciale est naturellement sortie la lettre minuscule; il a suffi que la barre médiane fût reliée au trait supérieur infléchi à droite et forme avec lui une panse, pour que ce caractère ressemble fort a l'e minuscule de la typographie. On rencontre ce caractère dès le VIe siècle dans l'écriture à laquelle le mélange des formes onciales et minuscules a fait donner le nom de semi-onciale. 3 - Ecritures gothiques. Depuis lors cette barre médiane s'est plus ou moins rapprochée du sommet de la lettre, et la panse formée par elle a été plus ou moins vaste; mais la forme générale du caractère n'en a été que peu modifiée, et les formes minuscules n'en diffèrent guère que par les dimensions. Il n'en est pas de même de la cursive : les ligatures des lettres voisines l'ont souvent transformée à ce point qu'il est difficile de reconnaître la forme de cette lettre, au moins dans les premiers siècles du Moyen âge et surtout dans les écritures de chancellerie. Assez souvent l'e cursif, d'assez grande dimension, semble dériver de l'E capital qu'on aurait voulu tracer tout entier d'un seul trait de plume et former de deux panses ouvertes à droite et superposées. 4 - Ecritures modernes. Cette forme s'est conservée jusqu'à nous, et c'est à peu près celle des majuscules de l'écriture courante moderne. Parfois aussi l'e ainsi formé a été de très petite dimension et ressemble à l' (epsilon) grec. D'autres fois enfin s'est ajoutée à la lettre une barre transversale que l'on a tracée, soit dans le haut de la panse supérieure (écriture mérovingienne et caroline), soit entre les deux panses. Cette disposition est caractéristique dans plusieurs des écritures dites nationales et particulièrement dans la cursive et la minuscule dites lombardiques. Certains caractères cursifs, notamment dans les lettrés apostoliques du VIIIe au XIe siècle, ont à peu près la forme d'un 8 dont la panse supérieure très petite serait séparée par un trait de la panse inférieures C'est, du reste, comme on peut le voir par notre tableau 5, à peu près la seule particularité de ces écritures. L'E capital romain est longtemps demeuré en usage dans les inscriptions. On y trouve cependant aussi assez tôt une forme qui se rapproche de l'onciale, témoin la fameuse inscription de Maktar qui remonte pour le moins au VIe siècle. D'abord très rare, cette forme est devenue fréquente à partir du Xe siècle. 5- Ecritures dites nationales. Pendant la seconde partie du Moyen âge (XIIe-XVe siècle), on retrouve encore dans les majuscules initiales, les inscriptions lapidaires et les légendes des sceaux, l'E capital romain, mais la forme la plus ordinaire est dérivée de l'onciale dont elle diffère cependant en ce que presque toujours la lettre est fermée à droite par un trait vertical (V. tableau 3). Les écritures gothiques y ont ajouté, surtout dans les lettrines, des fioritures et des enjolivements. A partir du XIVe siècle, on rencontre assez souvent dans les inscriptions lapidaires et dans les légendes des sceaux la forme minuscule, qui y est employée à peu près seule au siècle suivant et qui est caractéristique des inscriptions gothiques de ce temps. Il y a peu de choses à dire des formes minuscules et cursives; les unes sont devenues de plus en plus anguleuses, surtout dans les lettres dites de forme, les autres d'abord assez semblables aux minuscules, ont été plus tard formées souvent de deux traits légèrement concaves superposés et sans liaison entre eux. Cette forme s'est perpétuée dans les écritures modernes; on la retrouve dans les bulles et jusque dans la bâtarde des XVIIe et XVIIIe siècles. Notre frontispice (ci-dessous) donne une idée du parti décoratif qu'ont su tirer de la lettre E les calligraphes et les enlumineurs du moyen âge. (GE).
|
. |
|
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|