|
Les
feux d'artifice sont des préparations combustibles variées,
destinées à s'enflammer à l'air pour donner lieu,
par certaines combinaisons de feux et de couleurs, à la production
d'effets lumineux et pittoresques. L'effet général dépendra
de la disposition particulière des éléments qui les
constituent; c'est dans cet arrangement que se manifeste le goût
de l'artificier, car il n'existe pas de règle fixe à cet
égard.
L'art de faire des
feux d'artifice en signe de réjouissance paraît avoir été
cultivé de très bonne heure en Chine
et en Inde,
et, aujourd'hui même, il est resté fort avancé dans
le premier de ces deux pays. S'il faut en croire les historiens grecs,
un feu d'artifice aurait été tiré par ordre d'Alexandre
le Grand en mémoire de son entrée
à Babylone. Flamininus, le vainqueur
de la Macédoine,
trouva les feux d'artifice en usage dans les principales villes qu'il conquit.
Le rhéteur Philostrate nous apprend qu'on utilisait les artifices
à la défense des villes, et cite, près du fleuve Hyphésis,
une place considérée comme imprenable, parce que ses habitants
lançaient des foudres et des éclairs. Claudien,
décrivant les fêtes organisées
à Rome sous Théodose,
mentionne les serpenteaux et les girandoles.
En ce qui concerne
l'Europe,
les connaissances pyrotechniques ont été assez bornées
jusqu'à l'introduction de la poudre à canon; on s'était
servi jusque-là de divers mélanges incendiaires. Les feux
d'artifice prospéraient en Italie
vers la fin du XVe siècle, où
on les employait particulièrement pour la célébration
des solennités religieuses; les Florentins
et les Siennois se montraient les plus habiles dans la pyrotechnie, Cet
art passa d'Italie en France,
en Espagne
et en Flandre.
En 1559, un feu d'artifice représentant un combat naval fut tiré
à Rennes en l'honneur de Henri
II. En 1606, dans une fête donnée à Fontainebleau
par Sully, il y eut aussi un simulacre de combat.
A partir du XVIIe siècle, les feux
d'artifice ont pris un développement toujours croissant, et ils
ont atteint à partir de la seconde moitié du XIXe
siècle les limites du merveilleux, grâce aux travaux aux recherches
des chimistes et au bon goût des artificiers, tels les Ruggieri.
De nos jours, les
diverses pièces qui composent les feux d'artifice sont fournies
par la combinaison d'artifices élémentaires constitués
en général par des cartouches en papier ou en carton, remplies
d'un mélange combustible convenable; on peut classer les différentes
compositions en : compositions rayonnantes, lorsque la combustion a lieu
avec dégagement de nombreuses étincelles; compositions fusantes
lorsque le dégagement du gaz est assez vif pour que la réaction
produise un mouvement; compositions colorées, lorsque la flamme
possède une couleur particulière, etc.
-
Feu
d'artifice du 14 juillet à Andrésy. ©S.
Jodra, 2008.
Les mélanges
sont constitués en général par les composés
de la poudre additionnés de substances communiquant des propriétés
spéciales, ou tout au moins par dès mélanges de corps
comburants et combustibles permettant à la composition de brûler
sans le concours de l'oxygène de l'air et donnant lieu à
des effets lumineux d'une grande intensité.
Les feux d'artifice
peuvent d'autre part être fixes ou mobiles.
Feux
fixes. - Les feux fixes principaux sont les lances de décoration,
constituées par des tubes de papier remplis d'une composition brûlant
avec une flamme colorée ou non; celles qui brillent le plus vivement
doivent être les plus longues, elles sont chargées à
la main sans aucun moule avec des baguettes de différentes longueurs
et sont armées d'une mèche; ces lances forment les figures
de grandes décorations ; elles sont fixées avec des pointes
sur les charpentes en bois représentant des figures, palais, temples,
etc.; la communication entre les diverses lances s'établit à
l'aide d'étoupilles.
Les pétards
sont des cartouches remplies de poudre ordinaire, et étranglées
après compression plus ou moins forte. - Les marrons sont des bottes
carrées ou rondes, de carton ou de parchemin, remplies de poudre
à canon en grains, et liées tout autour avec du fil retors.
- Les gerbes se composent d'un mélange rayonnant enfermé
dans une cartouche. Les flammes de Bengale, qui produisent un bel effet
théâtral, ont encore une autre composition.
Feux mobiles.
- Ils comprennent: les chandelles romaines, constituées par des
tubes chargés alternativement de composition rayonnante et d'étoiles
très brillantes projetées par une petite charge de poudre.
Les fusées volantes qui s'élèvent dans l'air avec
une grande rapidité, sont l'une des pièces les plus communes
des feux d'artifice; lorsqu'elles sont employées avec profusion,
elles forment ces riches bouquets qui terminent les fêtes publiques;
ces artifices sont formés par de solides cartouches en carton chargées
d'une composition fusante assez vive, la combustion progressive du mélange
donne lieu à un dégagement de gaz qui s'échappe avec
vitesse par la partie inférieure munie d'une ouverture convenable;
la résistance opposée par l'air au dégagement du gaz
communique par réaction à la fusée un mouvement très
rapide dont l'ascension est guidée au moyen d'une baguette de longueur
de 18 à 20 fois plus grande que celle de la cartouche et dont le
diamètre doit aller en diminuant. La fusée porte à
sa partie supérieure une garniture qui peut être composée
de divers artifices, le plus souvent d'étoiles colorées,
petits solides cubiques ou ronds, auxquels le feu se communique lorsque
la composition fusante a fini de briller. Les bombes, qu'on lance avec
un mortier, éclatent en l'air en lançant divers artifices,
le plus souvent des étoiles colorées. Les soleils sont des
roues mobiles autour d'un axe horizontal, sur la circonférence desquelles
on fixe des cartouches de différents diamètres chargées
de compositions fusantes et communiquant entre elles par des conduits,
en sorte qu'elles s'allument l'une après l'autre et donnent par
le dégagement des gaz un mouvement de rotation à l'ensemble.
Les girandoles, les caprices, les spirales et quelques autres pièces
ont une rotation horizontale.
Les artificiers peuvent
diversifier grandement leurs effets par la couleur et l'arrangement de
leurs jets de feu et donner au besoin les mouvements à l'aide de
mécanismes spéciaux. Une substance très employée
sur les théâtres, principalement pour représenter les
éclairs et les torches de feu, est le lycopode qui, répandu
dans l'air et au contact d'une bougie, brûle avec une couleur rose
et une flamme magnifique. L'effet des compositions rayonnantes dont nous
avons parlé est obtenu au moyen de charbon de bois dur en poudre,
de limaille de fonte, de fer, d'acier, de zinc, d'antimoine.
On fait usage, surtout
dans les théâtres, de flammes à l'alcool, qui ont les
compositions suivantes : flammes jaunes : alcool, sel marin 3 ; flammes
rouges: alcool 1, chlorure de strontiane 1; flammes vertes: alcool 1, azotate
de cuivre, 3.
On applique depuis
la fin du XIXe siècle le picrate
d'ammoniaque mélangé a divers sels, pour obtenir des feux
colorés qui ont l'avantage dans les théâtres de ne
pas donner, par leur combustion, naissance a des gaz irritants; les feux
jaunes se composent de picrate d'ammoniaque 50, picrate de fer 50; les
feux verts de picrate d'ammoniaque 48, azotate de baryte 52; les feux rouges
de picrate d'ammoniaque 54, azotate de strontiane 46. (B.
/ L. Knab).
-
Feux
d'artifice, place de l'Etoile à Paris, le 14 juilet 1801.
|
|