|
Le
monde moderne ne connaît pas les fêtes
colossales du monde antique, et les plaisirs équestres d'aujourd'hui
ne sont guère comparables à ceux qui excitaient l'enthousiasme
des Grecs et des Romains
(Les
jeux du Cirque). Les cirques actuels feraient maigre figure,
assurément, auprès de celui de Rome.
Il faut constater cependant que les jeux du cirque, tels qu'on les comprend
et les pratique à l'heure présente et depuis un peu plus
de deux siècles, ne cessent, en tous pays, d'attirer toujours une
foule compacte et véritablement avide de ce spectacle. Que ce soit
en Angleterre,
en France,
en Italie,
en Allemagne,
en Russie,
en Amérique,
en Chine,
le cirque est toujours l'objet de la faveur constante du public, et l'on
est bien obligé de remarquer qu'il lui arrive souvent de primer
le théâtre. Certaines compagnies,
voyageant avec un cirque mobile parcourent ainsi incessamment les routes,
allant de foire en foire, de fête
en fête, et sont depuis longtemps, parfois depuis plusieurs générations,
fameuses parmi le public, qui ne manque jamais de leur faire l'accueil
le plus empressé.
Ce qu'on ne sait
pas, c'est que sur la surface du monde entier, l'enceinte intérieure
de tous les cirques, qu'ils soient mobiles ou à demeure, c.-à-d.
l'arène ou la piste, a exactement, uniformément, les mêmes
proportions. Par suite d'une entente en quelque sorte tacite, provenant
d'une nécessité professionnelle, il a fallu en arriver à
ce résultat. En effet, le personnel des cirques, essentiellement
nomade, s'engageant tantôt ici, tantôt là, doit retrouver
partout, pour la réussite et la régularité de ses
exercices, la même exactitude dans l'espace, les mêmes proportions
observées. Ceci plus encore peut-être pour les chevaux (et
les autres animaux) que pour les humains, le cheval ne devant pas avoir
la moindre indécision, la moindre hésitation que pourrait
lui causer une variation dans l'étendue de la piste à parcourir.
Quelle que soit donc, au point de vue du public, la contenance d'un cirque,
qu'il puisse abriter cinq cents ou cinq mille spectateurs, l'espace réservé
à l'arène sera toujours le même. Celle-ci aura
invariablement un diamètre de 13 m, et sera séparée
du public par une palissade pleine ne devant pas excéder, en élévation,
la hauteur à laquelle un cheval de moyenne taille peut poser les
sabots de devant, tout en continuant de se mouvoir avec l'arrière-train
dans l'arène. Cette palissade doit être percée de deux
portes, placées en face l'une de l'autre, pour l'entrée et
la sortie, portes qui sont fermées aussitôt que le cheval
est en présence du public. Quant à l'arène, elle doit
être couverte de sable ou de sciure de bois sur une épaisseur
de 6 à 8 cm environ. Telles sont les conditions matérielles
indispensables de tous exercices équestres.
Le spectacle offert
au public dans nos cirques modernes ne se borne pas d'ailleurs exclusivement
à ces exercices; bien que ceux-ci en forment encore dans beaucoup
de cas un fond solide, on s'ingénie à y apporter une aussi
grande variété que possible. Aux écuyers et aux écuyères,
généralement très hardis et pleins d'habileté,
viennent se joindre les clowns, puis les acrobates
de tout genre : équilibristes, funambules,
trapézistes, etc., puis encore les animaux savants : chiens ou chats,
singes ou perroquets,
et jusqu'à des oies, des phoques, des éléphants et
autres fauves. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, où les cirques
peuvent jouer sur une palette très large de numéros.
Mais pendant longtemps, le cheval et ses exercices ont formé la
partie essentielle et résistante du spectacle, le reste étant
uniquement considéré comme intermède. Au début
du XXe siècle encore, dans un cirque
ordinaire, on comptait généralement un ensemble de quarante
chevaux, dressés de diverses façons, et soignés par
environ huit palefreniers, à raison d'un par cinq chevaux. |
|