| Dario Varotari Padovano, dit il Cavino, est un peintre et architecte italien, né à Vérone en 1539, et mort à Padoue en 1596. Venu de bonne heure à Padoue, il fut présenté à Véronèse et à Titien qui lui prodiguèrent leurs bienfaits et leurs conseils et lui facilitèrent l'accès de la cour de Rome. Doué d'une très grande facilité, Padovano devint rapidement un habile dessinateur et un peintre de quelque mérite : l'imitation de Véronèse se trahit dans les décorations de Sant' Egidio de Padoue par lesquelles il débuta et qui lui valurent bientôt de nouvelles commandes. Les Saintes Femmes au sépulcre, exécutées pour la chapelle de l'Université de Padoue, sont d'une composition savante, mais plutôt froide, et d'un coloris peu original le souvenir des maîtres vénitiens hante l'imagination de l'artiste qui s'efforce consciencieusement d'utiliser ses réminiscences. Parfois elles le condamnent au pastiche, témoin le Pape approuvant les statuts de l'ordre des Carmes, que Padovano peignit sur les volets de l'orgue de l'église del Carmine, et qu'on a pu attribuer au Titien, et l'Alliance conclue entre Pie V, le roi d'Espagne et le doge Mocenigo, sur l'une des parois de la salle des Ambassadeurs, au palais du Podestat (1573). En revanche, dans le Saint Barnabé qu'il donna à la petite église de Venise qui porte ce nom, le Padovano ne s'inspira que de lui-même. Aussi cette peinture, vraiment unique dans son oeuvre, est-elle marquée d'un caractère saisissant d'énergie et de puissance : on l'admire au musée de l'Accademia à Venise. Comme architecte, le Padovano fit preuve de science et de goût; mais les constructions qu'il édifia, et dont la principale fut la Villa Montecchia, ne portent pas la marque d'une personnalité bien accentuée. (G. C.). | |
| Alessandro Varotari, dit il Padovano (le Padouan), est un peintre italien, né à Padoue en 1580, mort à Venise en 1643, fils du précédent. Orphelin dès l'âge de six ans, il ne put apprendre la peinture de son père; mais, comme lui, il s'éprit de bonne heure des oeuvres de Titien, et commença par étudier les trois belles fresques que le grand coloriste avait laissées à Padoue, dans la scuola di Sant'Antonio; puis il voulut se rendre à Venise, afin de pénétrer à fond les secrets du faire de son maître préféré. Sa prodigieuse faculté d'assimilation lui permit de s'approprier cette chaleur savoureuse dans les carnations, et cette habileté à ménager les demi-teintes qu'il admirait dans Titien; dès son arrivée à Venise, il exécuta brillamment pour l'église Sainte-Justine, le baptême et le martyre de la sainte. C'est surtout à Sainte-Marie-Majeure que se trouvent un grand nombre des ouvrages de Padovano : ils se distinguent, dans une époque où l'école vénitienne était la proie du maniérisme, par une simplicité relative, une dignité et une allure dont on avait perdu l'habitude. Le succès en fut extrêmement vif : tous les princes de l'Italie accablèrent à l'envi le peintre de leurs faveurs, et il ne tarda pas à réaliser une belle fortune. Mais de toutes les productions dont il dota Venise et Padoue, la plus célèbre et la plus belle est sans contredit celle qu'il osa entreprendre après Véronèse et en l'imitant, sur le sujet des Noces de Cana. A vrai dire, tout en se rappelant les principaux motifs de la toile fameuse dont il s'inspirait, le Padouan sut renouveler l'ordonnance de la scène, plaçant son Christ au premier plan, et mettant à coté de lui, par une opposition bien entendue, la figure d'un pauvre mendiant qui reçoit sa part du festin. De gracieuses jeunes filles servent à table et font passer des corbeilles de fruits, tandis qu'un serviteur verse du vin dans les amphores : le miracle est mis ainsi en évidence. Les Noces de Cana, peintes pour le réfectoire de San Giovanni di Verdara, de Padoue, soulevèrent un enthousiasme indescriptible; depuis ce moment, la carrière du Padouan ne fut plus qu'un long triomphe. Pour Venise, il exécuta le Sacrifice d'Iphigénie, au palais Manfrini; la Femme de Darius et le Christ mort, à l'Académie; le Martyre de saint Jean l'Evangéliste, à Saint-Pierre; Santa Maria della Salute; la Parabole des Vierges sages, aux Incurables; Saint Dominique calmant une tempête, à Saint-Jean et Saint-Paul. Pour Padoue : un Christ portant sa croix, l'Incrédulité de saint Thomas, la femme adultère. Les galeries de Florence, les musées de Vienne et de Berlin possèdent diverses toiles de ce maître brillant. Enfin le Louvre a de lui un Amour et Vénus qui ne compte pas parmi ses meilleurs ouvrages. En somme, si Alessandro Padovano s'est montré parfois inférieur à sa retentissante renommée, la postérité doit lui être reconnaissante d'avoir fait un instant revivre, au XVIIe siècle, les nobles traditions de la grande époque. (Gaston Cougny). |