| Les Goupta ou Gupta sont une dynastie de souverains qui ont régné dans le Nord de l'Inde de 290 à la fin du VIIe siècle de notre ère. Les monnaies d'or de ces rois, par la variété des légendes, ont fourni un appoint considérable à l'établissement de la généalogie et de la chronologie de ces souverains La dynastie a été fondée vers l'an 290 de J.-C. par un prince du nom de Sri-Goupta (« protégé de Sri, et par abréviation Goupta) qui n'était qu'un petit prince, un simple mahârâja du pays de Magadha, très probablement vassal des derniers rois indo-scythes (Histoire de la Bactriane) sur lesquels il conquit son indépendance. Son fils Ghatot-Kâtcha n'eut également que le titre de mahârâja, mais le successeur de ce dernier, Chandra-Goupta Ier, est le véritable fondateur de la puissance des Goupta; il épousa la princesse Kumâradevi, fille du roi Lichchavi qui régnait au Népal et à Pâtalipoutra, et, à la suite de cette union, il fit de Pâtalipoutra (appelée aussi Kousoumapoura, mod. Patna) sa capitale. En même temps, il étendit ses conquêtes vers l'Ouest et prit le titre de mahârâjadhirâja, « grand roi au-dessus des rois » qui indique la suprême royauté. Ses successeurs Kâtcha, Samoudra et Chandra-Goupta Il augmentèrent ses conquêtes, et, en 410, après que les Kshatrapas eurent été expulsés du Saurashtra où ils régnaient depuis l'an 120, l'empire des Goupta s'étendait depuis le golfe de Katch et l'Indus à l'Ouest, jusqu'aux bouches du Gange et à l'Orissa à l'Est; au Sud la limite était la rivière Nerboudda et au Nord le Penjâb qui appartenait encore aux derniers débris des Indo-Scythes ou aux tribus turco-mongoles leurs successeurs. Les villes principales étaient outre Pâtalipoutra et Ayodhya, les deux capitales de l'Est et de l'Ouest, Bénarès (Varanasi), Allahabad, Kanauj, Agra, Gwâlior, Oujjein, Chedi, Broach, Oudayagiri, Sanchi, Oudh, etc. Samoudra-Goupta est le héros de l'inscription d'Allahabad gravée vers l'an 400 par ordre de Chandra Il son fils, inscription très importante parce qu'elle nous donne la liste des peuples étrangers et des rois de l'Inde à la fin du IVe siècle. Sur ses monnaies, Samoudra (comme aussi Kâtcha son prédécesseur) prend le titre d' « exterminateur de tous les rajas », ce qui prouverait le grand nombre de conquêtes et de princes soumis. Outre le monument d'AIlahabad, il existe plusieurs autres inscriptions du règne de Chandra, datées de l'ère nationale. Sous Skanda commencent les attaques des Hounas ou Huns blancs, qui venaient d'entrer dans le Penjâb. Skanda meurt sans postérité (c'est pourquoi il ne figure pas dans la liste généalogique du sceau de Bhitari); son frère Poura ou Sthira (la lecture est encore incertaine) lui succède avec le titre de Prakaçâditya, « soleil de gloire ». Il est le père de Nara Sinha Bâlâditya Ier qui, au bout de quelques années de règne, est détrôné par Toramâna, chef des Hounas, en 495. Restauré en 510 avec le concours du Senapati Bhalarka, fondateur de la dynastie des Valabhi, vainqueur des Hounas, Bâlâditya transmet la couronne à son fils Koumâra-Goupta II (520-530). Ce Koumâra est le titulaire du sceau trouvé à Bhitari en 1885 qui nous donne toute la généalogie de la famille; sur ses monnaies il prend le titre de Kramâditya. Koumâra Il est le dernier roi certain de la branche aînée de la famille. Il existe des monnaies et des inscriptions de Bouddha-Goupta (484-495) et Bhânu-Goupta (510) qui ont régné à Mâlava lors du démembrement de l'empire sous les coups des Hounas; ce sont des princes d'une branche collatérale. L'histoire des derniers Goupta est encore obscure; les inscriptions mentionnent aussi d'autres souverains avec des dates jusqu'à l'an 725 de notre ère. Ce sont ce que l'on pourrait appeler les Goupta postérieurs; on trouvera leurs noms dans la liste ci-après : Premiers Gouptas (branche principale) Sri-Goupta, vers 290 ap. J.-C. Ghatotkâtcha, 305 Chandra-Goupta Ier, 319 Kâtcha, 340 Samoudra-Goupta,350 Chandra-Goupta Il, 380 Koumâra-Goupta Ier , 414- Skanda-Goupta, 452 Poura ou Sthira-Goupta, 480 Nara Sinha Bâlâditya, 490 Koumâra-Goupta Il, 520-530 Branche de Mâlava Bouddha-Goupta, 484-495 ap. J.-C. Toramâna (Houna), 495-510 Bhânu-Goupta, 510 Deva-Goupta, vers 600 Gouptas postérieurs Harsha-Jivita, 500-540 ap. J.-C. Koumâra-Goupta III (simple prince), 540-560 Dâmodara, 560-570 Mahasena, Madhava, Adityasena, Deva-Vishnou, Jivita II, 570-725 - A Benarès Bâlâditya Il, Bâlâditya III, Prakatâditya, etc., 600-670 Epigraphie. Ère des Gouptas. Le t. III du Corpus inscript. indicarum de Fleet est tout entier consacré aux inscriptions des rois Goupta ou de leurs contemporains; elles sont au nombre de plus de quatre-vingts, toutes en sanscrit des Ve et VIe siècles, avec des variantes calligraphiques fort curieuses. Ces textes sont datés, pour la plupart, de l'ère des Gouptas. On a vu à la page sur les Eres Indiennes qu'elle date des années 319-320 et paraît être d'origine népalaise. Bühler a supposé que ce sont les Lichchavi du Népal qui ont emprunté aux Goupta l'ère de 319 dont ils se servent plus tard dans leurs inscriptions, et non les Gouptas au Népal. L'ère des Goupta est donc un comput fondé par un roi de cette famille, très probablement par Chandra Ier, lorsqu'il eut consolidé son trône avec la puissante famille des Lichchavi; cependant il ne l'emploie pas dans ses inscriptions qui ne portent, il est vrai, aucune date. Le plus ancien texte épigraphique daté avec cette ère est de l'an 82 G (= 401 ap. J.-C.) et la date la plus ancienne sur les monnaies de ces souverains est de l'an 135 G. L'ère des Goupta fut introduite chez les peuples voisins et notamment dans le Goudjerat où elle reçut plus tard le nom d'ère de Valabhi (Valabhi-Samvat). Numismatique. Sauf pour les deux premiers, on possède des monnaies d'or de tous les rois Gouptas. Le type a été pris sur celui des rois indo-scythes. Il y a aussi quelques monnaies de cuivre. Après la conquête du Saurashtra, le monnayage d'argent fut adopté par les Gouptas à l'instar des pièces d'argent des Kshatrapas. - Double stature d'or de Chandra-Goupta Il. - A/, roi combattant un lion; légende : mahârâjadhirâjâ Sri, é grand roi au-dessus des rois, illustre ". R/, la déesse Laskshmi assise sur un lion couchant; légende : Sri sinha tekramah, " illustre, puissant comme un lion ". | La numismatique a rendu de grands services à l'histoire de l'Inde; avant la découverte et la lecture des inscriptions, on avait pu, grâce aux monnaies qui sont nombreuses, établir la série des rois Goupta avec un commencement de chronologie. (E. Drouin). | |