| Guzzerat, Gujerat ou Goudjerat. - Etat de l'Inde, au Nord-Ouest de la presqu'île en deçà du Gange, forme en grande partie une presqu'île comprise entre les golfes du Katch et de Cambaye : 100 km sur 25. Le sol de ce pays est plat et marécageux; il est arrosé par le Mahy, la Nerbedda le Tapti, qui souvent l'inondent dans la saison pluvieuse (de juin à septembre). On recueille dans cette contrée de riches moissons de céréales, des plantes oléagineuses et tinctoriales. Les forêts y sont très étendues et remplies d'animaux sauvages, parmi lesquels les derniers lions d'Asie. Les Radjpoutes dominaient dans le Goudjerat lorsque les Musulmans les en chassèrent, en 1022; le pays fut envahi par les Afghans en 1202, par les Mongols en 1297; en 1390 les Radjpoutes parvinrent à en reconquérir la souveraineté, à la faveur de l'invasion de Tamerlan; en 1572 Akbar réunit de nouveau le Goudjerat à l'empire des Moghols; mais après la mort d'Aureng-Zeyb, 1707, il devint la proie des Mahrattes. En 1780 les Anglais en conquirent une partie, et bientôt ils étendirent leur influence sur la contrée tout entière. Les Portugais ont eu deux établissements importants portants au Goudjerat : Daman au Sud de Surate, et Diu dans l'île de ce nom. Le Goudjerat a une physionomie particulière dans la géographie religieuse de l'Inde; il est la terre d'élection de deux religions secondaires, l'une indienne d'origine et l'autre d'adoption. Les jaïnas y forment un groupement beaucoup plus compact que dans tout le reste l'Inde, et les temples qu'ils y ont élevés comptent parmi les plus beaux spécimens de l'architecture hindoue. La colline de Girnar, et la colline de Satrounjaya, toutes deux dans le Kathiawar, sont littéralement couvertes d'édifices sacrés qui remontent en partie au XIIe siècle. Les Parsis, expulsés de l'Iran depuis plus de cinq siècles, ont fait du Goudjerat leur seconde patrie; si l'amour des grandes affaires en a entraîné quelques-uns jusqu'à Aden ou jusqu'en Birmanie, c'est autour de Surate, de Nausari, de Baroda que se groupent encore les grandes colonies parsies. S'ils se sont établis en grand nombre à Mumbai, attirés par l'importance commerciale de la ville, ils ont moins déserté le Goudjerat qu'ils ne l'ont étendu. Ils ont véritablement conquis Mumbai au Goudjerat en y répandant la langue et l'écriture guzeraties. La langue guzeratie appartient à la famille des langues indo-aryennes de l'Inde moderne, dont l'Hindi est le type le plus élevé. Elle est parlée sur un domaine qui coïncide à peu près avec les limites du Goudjerat; seul le dialecte de Katch se rapproche davantage du Sindhi. Le guzerati n'a pas de littérature écrite importantes, mais un assez grand nombre de journaux sont publiés dans cette langue. L'alphabet dont on se sert pour l'écrire n'est qu'une modification de l'alphabet dévanagari. (Sylvain Lévi). | |