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L'islam
avait commencé à étendre ses conquêtes au dehors de l'Arabie, vers
l'époque où la domination byzantine
s'éteignait dans l'Afrique
septentrionale. Affaiblie par le schisme des donatistes et par les fréquentes
révoltes des indigènes, brisée ensuite par les Vandales,
l'autorité des césars y avait reçu un coup fatal, et bien qu'elle fût
relevée par l'habileté de Bélisaire et soutenue
pendant. quelques années par les armes de Salomon et de Jean Troglita,
elle penchait vers sa ruine définitive à l'époque où nous commencerons
notre résumé historique. Les populations latines s'étaient concentrées
autour de leurs places fortes, après avoir abandonné leurs riches campagnes
aux Berbères; plusieurs villes de premier rang
venaient d'être évacuées, et, depuis l'an 618,
l'importante province de la Tingitane était tombée aux mains des Goths
d'Espagne. Dans leur deuxième expédition en Afrique, les Arabes n'avaient
pas atteint le Maghreb el-Acsa (= l'Ouest du Maghreb actuel). El-Mohadjer
s'était en effet arrêté aux environs de Tlemcen, lorsque Koséila, le
chef des Aureba, avait revêtu les apparences de la conversion. Ce fut
en 682
qu'Ocbaibn-Nafé franchit la Molouïa et arriva devant Ceuta
où résidait le comte Julien (comes Julianus) qui en était gouverneur
au nom de Constantin IV. Il avait le titre de seigneur d'El-Djazirat el-Khadra
(Algésiras), Ceuta et autres lieux, et son autorité s'étendait sur le
pays voisin qu'occupaient les Ghomara. On sait l'accueil réservé par
Julien au conquérant. Sorti au-devant des musulmans avec des présents
magnifiques, il fit sa soumission et en obtint la confirmation dans son
gouvernement. Ocba marcha ensuite sur Tanger qui fut emportée après une
résistance acharnée des Berbères, et, se dirigeant vers le Sud, le conquérant
s'empara d'Oualili, cité prospère et renommée au loin, l'antique Volubilis
de la domination romaine, occupée alors par les Berbères chrétiens de
cette région; puis, continuant son oeuvre, Ocba franchit l'Atlas et on
le vit dans le Sous el-Acsa entrer à Idjli ou Taroudant. Les captives
qu'il fit étaient si belles que les chroniqueurs arabes (El-Bekri, En-Nouaïri,
Ibn-Khaldoun, El-Kairouâni) nous en ont
dépeint les charmes. Il remonta vers le Nord, repassa la Molouïa et fut
tué à Tahouda. Telle fut retracée à grands traits la première apparition
des Arabes au Maroc.
Leur domination était
plutôt annoncée qu'établie, car la mort d'Ocba rendait à son vainqueur
Koséila toute sa puissance. Il semble que ce soit vers 705
que Moussaibn-Noséir ait reçu d'Abd-el-Aziz le commandement de l'Afrique
et qu il ait alors commencé la conquête du Maghreb jusqu'à Tanger, l'étendant
plus tard jusqu'à l'Espagne. De Tanger, il envoya deux généraux vers
la contrée où devait dans la suite s'élever Fès,
et où ils firent un grand massacre des gens de la tribu des Aureba. Le
bruit de ce carnage s'étant répandu au loin, le nom seul de Noséir ne
tarda pas à inspirer la terreur, et les historiens arabes nous représentent
les Berbères, quoique découragés, combattant avec la même vaillance,
presque toujours vaincus, tandis que Moussa parvient jusqu'au Sous el-Adna.
La ville de Tanger fut alors repeuplée avec des otages provenant de la
tribu des Masmouda; une garnison de Berbères bien armés et bien approvisionnés
y fut laissée en toute confiance, car ils avaient embrassé l'islam. A
cette même époque, il convient de placer la défense de Ceuta
par le comte Julien. Attaqué, il se défendit avec vaillance, prouvant
la bravoure de ses troupes aux musulmans surpris de tant de résistance.
Sur ces entrefaites, le roi d'Espagne Witiza mourut et Roderic monta sur
le trône. On prétend que Julien, outragé par ce dernier dans l'honneur
de sa fille qui, suivant la coutume de la cour des Goths, était élevée
au palais de Tolède, aurait conclu un traité avec Moussa aux termes duquel
il ouvrait aux Arabes les portes de ses villes et leur assurait aussi le
passage du détroit pour débarquer dans la péninsule. Quoi qu'il en soit,
il servait ainsi la cause des parents et des créatures laissés par Witiza
contre Roderic. En 709-710
eut lieu la première expédition des musulmans en Espagne. Ils débarquèrent,
sous la conduite de Tarik, sur la plage de Tarifa.
La mesure était habile, car elle détournait vers l'autre rive du détroit
l'ardeur guerrière des Berbères, ce qui permit aux Arabes de venir Ã
bout de cet ennemi vaillant. Plusieurs émirs succédèrent à Moussa-ibn-Noséir
dans le difficile gouvernement du Maghreb; le siège de leur pouvoir était
à Kairouan. L'un d'eux, voulant compléter la soumission des Berbères
dans le Sous aussi bien que dans la province de Tanger, confia, en 739,
la conduite d'une grande expédition au fils d'Ocba-ibn-Nafé, tandis qu'il
dirigeait Omar-ibn-Obeïd-Allah vers le détroit. Les populations se soulevèrent
en masse et battirent les Arabes. L'insurrection se propagea; l'armée
des émirs fut battue par Khaled sur les bords du Sebou, et les populations
du Maghreb se trouvèrent livrées à elles-mêmes.
Les adversaires les
plus redoutables des gouverneurs arabes allaient être les docteurs schismatiques
qui se propagèrent vers cette même époque. Telle cette doctrine du kharédjisme
que les Berbères embrassèrent d'autant plus ardemment qu'en l'adoptant
ils avaient le droit de repousser la domination arabe tout en gardant l'islam.
C'est ainsi qu'ils proclamèrent califes
et encore imâms ou chefs de la religion, émirs el-moumenin ou commandeurs
des croyants des chefs élus par eux, choisis dans leurs rangs et dont
le mérite était de combattre les étrangers. Le kharédjisme, simple
protestantisme
en Orient, devenait donc dans l'extrême Occident un drapeau politique,
véritable symbole d'affranchissement et de nationalité, et c'est lÃ
une des clefs de l'histoire un peu obscure et confuse de la lutte entre
les deux populations : ainsi autrefois le donatisme ou l'arianisme contre
le christianisme de Byzance, L'anarchie qui s'ensuivit permit aux Berbères
de l'Ouest d'établir deux dynasties indépendantes; l'une fut fondée
par Abderramanibn-Roustem à Tiaret (Algérie)
en 771
; l'autre, la seule qui intéresse l'histoire du Maroc, est celle des Beni-Midrar
ou dynastie miknasienne des Beni-Ouassoul; elle eut pour siège la ville
et l'oasis de Sidjilmassa vers l'an 757
et elle prit fin en 963.
Depuis un siècle
et demi, la puissance des califes d'Orient était représentée dans l'Afrique
septentrionale par les émirs siégeant à Kairouan; mais, diminuée insensiblement
quoique sûrement par l'établissement des dynasties berbères, la puissance
arabe abandonne le Maghreb et-Acsa, tandis que cette autre forme de la
religion musulmane et plutôt berbère achève le mouvement; c'est alors
qu'Obeïd-Allah, descendant d'Ali et de Fâtima, fonde la dynastie fâtimide.
Il chasse les émirs dits Aghlabites (909)
(Les
dynasties musulmanes au Moyen âge) et conquiert tout le pays depuis
les Syrtes jusqu'au milieu du Maroc; mais, tandis que la nouvelle dynastie
devient orientale par la conquête de l'Égypte (973),
le Maroc est en partie et à nouveau conquis, converti, administré par
les Edrisides, de 788Ã
985. Leur
nouvelle dynastie s'y établit consacrant la perte définitive de cette
contrée pour le califat. Nous en retracerons les phases principales.
Après les luttes
qui marquèrent en Arabie le lendemain de la mort du calife Ali, gendre
du prophète, ses partisans avaient vainement essayé d'obtenir le trône
à ses enfants. La dynastie omeyyade s'était fondée; mais les Alides,
ayant formé une manière d'association secrète, n'avaient cessé d'attendre
le moment de reconquérir le pouvoir; plus tard, quand ils furent vaincus
et anéantis à la bataille de Fekh (787),
un oncle d'Hosein, du nom d'Edris-ben-Abdallah, s'étant échappé grâce
au zèle de son affranchi Rached, réussit à gagner les contrées lointaines
du Maghreb. Après avoir séjourné à Tanger, il gagna les montagnes du
Zerhoun habitées alors par les Aureba et y fut si bien accueilli par leur
chef, Abou-Leïla-Ishak, qu'il s'établit dans la ville d'Oulili. Vers
la fin de 788,
Edris (Idris) ayant obtenu l'appui des Ghyiâtsa, des Maghila, des Miknasa
et d'une partie des Ghomara, se déclara indépendant et étendit son autorité
sur une grande partie des populations d'alentour, dont plusieurs avaient
conservé leurs croyances chrétiennes ou juives. Les ayant forcés Ã
embrasser l'islam, il franchit la Molouïa, atteignit Tlemcen où l'on
raconte qu'il jeta les fondations de la grande mosquée, puis revint aux
rivages de l'Atlantique où il s'empara de la ville de Chela ou Sla. Le
nouveau pouvoir était dès lors fondé. Edris mourut empoisonné par les
soins du calife d'Orient qui, redoutant le développement de cette puissance,
lui avait envoyé le traître Éch-Chemmakh. Il fut enterré dans une des
gorges du djebel Zerhoun, en face d'Oulili, en 793,
et, de nos jours, son tombeau est encore l'objet d'une sainte vénération.
Il laissa un fils
posthume, Edris-Seghir ou Edris II, qui fut élevé par les soins du fidèle
Rached, tandis que son oncle Soleïman exerçait le pouvoir en son nom
à Tlemcen. Rached ayant été assassiné par un émissaire du calife,
les Berbères témoignèrent leur dévouement au jeune Edris en lui prêtant
serment dans la mosquée d'Oulili, en 803.
Ce prince, voyant chaque jour son autorité s'étendre et sa résidence
devenir insuffisante, résolut de fonder une grande cité, et, en 803,
il choisit à cet effet le territoire que traversait un petit affluent
du fleuve Sebou. C'est là que s'élevèrent les premières constructions
de Fès, destinée à devenir une des villes
les plus fameuses du Nord de l'Afrique. La plus grande partie du règne
d'Edris-Seghir se passa à soumettre les tribus masmoudiennes et certaines
des populations de l'Atlas; ce prince parcourut ensuite le Sous et combattit
le kharédjisme, dont il avait décrété l'abolition. Il confia de grands
commandements aux chefs des Aureba, désireux de leur faire oublier les
rigueurs du début de son règne et qui avaient été contraires à la
politique de son père. Ayant repris Tlemcen, qui s'était affranchi de
son autorité, il s'avança jusqu'au Chélif et passa trois années ainsi
dans l'Est de ses États. Peu avant la fin de son règne, il recueillit
8000 musulmans expulsés d'Andalousie
par El-Hakem à la suite d'une révolte, et il les établit dans sa capitale,
où cette population, d'origine celto-romaine contribua à la prospérité
de la nouvelle ville. Edris Il mourut en 828,
à l'âge de trente-trois ans, étouffé par un grain de raisin. Il laissait
un empire qui comprenait à peu près le Maroc actuel et s'étendait dans
l'Est jusqu'à la Mina; mais, dans la vallée de l'oued Ziz, les Miknasa
régnaient en maîtres, et la dynastie des Beni-Ouassoul à Sidjlmassa
protégeait ouvertement le kharédjisme. Edris laissait douze fils, et
l'aîné d'entre eux, Mohammed, lui succédait à Fès, mais il ne tarda
pas à fractionner l'empire en neuf commandements, dont le démembrement
amena de longues luttes qui furent fatales à la dynastie, la guerre ayant
éclaté et s'étant généralisée. Parmi tous ces princes, Omar, qui
paraissait avoir hérité des velléités guerrières du père, mourut
prématurément en 835;
l'année suivante, un autre fils, Mohammed, cessa également de vivre,
mais il laissait à Fès un fils nommé Ali auquel les Berbères Aureba
prêtèrent serment de fidélité. Quant aux autres, ils régnèrent assez
obscurément dans leurs provinces et nous n'entrerons pas dans le long
et fastidieux détail des luttes qu'ils engagèrent entre eux.
Vers 910,
la grande tribu des Miknasa avait profité de cet affaiblissement de la
dynastie édrisite et avait soumis toute la contrée comprise entre Taza,
Tesoul et la frontière orientale du Maghreb el-Acsa. Dix ans plus tard,
le chef des Miknasa assiégeait Fès et forçait
le descendant d'Edris, Yahia-ben-Edris, à reconnaître la suzeraineté
du sultan fâtimidee. L'année suivante, Yahia est interné à Asilah,
et Messala, le chef miknasien, s'empare de ses trésors. Après la mort
de Messala, un prince édrisite, El-Hasan, releva toutefois le prestige
de sa famille; il s'empare de Fès, en chasse le gouverneur, Rihan le Kétamien,
et complète son succès par la victoire de Taza sur les Miknasa. Mais
ce triomphe est de courte durée, car, victime peu après d'une sédition,
il est jeté en prison et meurt misérablement, le pouvoir restant cette
fois-ci aux Miknasa. En 931,
le calife d'Espagne enlève Ceuta,
grâce à un coup de main; cette ville tenait encore pour la famille d'Edris,
et sa perte est vivement ressentie par les derniers représentants de cette
dynastie. Sur ces entrefaites, Moussa-ben-Abou l'Afia, chef des Miknasa,
devenu maître de Fès, s'efforce de conquérir les places du Rif demeurées
fidèles aux descendants d'Edris; leur capitale y était une place réputée
inexpugnable, Hodj en-Neser; il pille Nokour et, étendant son action vers
l'Est, il entre en vainqueur à Tlemcen. Il entame des pourparlers avec
les Omeyyades devenus maîtres de Ceuta; il répudie la suzeraineté fâtimide
pour laquelle il avait jusqu'alors combattu. Cette défection devait lui
être fatale. En 933,
une armée fâtimide s'étant mise en route vers le Maghreb el-Acsa, Moussa
est vaincu à la bataille de Mes soun, non loin de Taza, et doit se réfugier
dans la ville de Tesoul, où les Edrisites, profitant de sa défaite, viennent
l'attaquer.
Fès
abandonné se livre aux Fâtimides, dont l'autorité est représentée
par Hamed-ben-Hamdoun. Grâce aux luttes qui suivirent ces événements,
les Edrisites consolidèrent le pouvoir qu'ils avaient recouvré à la
suite de leur alliance avec les Fâtimides; en 936,
El-Hasen-Kennoun, chef de la dynastie, s'empare d'Asilah, tandis que son
cousin Hasen rentre vainqueur à Tlemcen. Ce prince étant mort en 949
fut remplacé par son fils, Abou l'Aich-Ahmed, surnommé El-Fadel ou l'Homme
de mérite, qui entretenait des relations avec la cour omeyyade et
rompit par la suite avec les Fâtimides; puis, les autres Edrisites imitant
son exemple, tout le Nord du Maroc se trouva placé sous la domination
du souverain de l'Espagne musulmane, qui réclama aussi Tanger et Ceuta.
Fès reçut alors un gouverneur envoyé au nom du calife. Seule, l'oasis
de Sidjilmassa, où régnait un Miknasien des Beni-Ouassoul, refusa de
suivre l'exemple. En 951,
leur armée omeyyade, envoyée dans le Rif, s'empare de Tanger et force
El-Fadel à la soumission que le calife d'Espagne ne jugeait ni assez prompte
ni assez complète. Au cours des interminables luttes qui s'établirent
alors entre les Fâtimides et les Omeyyades, le chef des premiers réussit,
à force de persévérance et à la seconde tentative, à s'emparer de
Fès. La ville, livrée au pillage, est dotée d'un gouverneur.
Djouher, le chef
de l'armée, se rend au Rif, soumet les Edrisites qui fout amende honorable
et se trouvent, au nom des Fâtimides et répudiant leur alliance omeyyade,
confirmés dans leur possession de cette contrée et du Ghomara avec la
ville de Basra (aujourd'hui détruite [entre Onazzan et Alkasar el-Kebir])
comme résidence. En 959,
à son retour à Kaironan, le général fâtimide traînait à sa suite,
enfermés dans une cage de fer, le souverain qu'il avait détrôné Ã
Sidjilmassa et l'infortuné gouverneur de Fès.
Ces résultats devaient être bien fragiles; tandis que le calife fâtimide
est absorbé par la guerre de Sicile, le Maghreb, à peine reconquis et
livré à lui-même, retourne peu à peu aux Omeyyades, dont l'action gouvernementale
est plus voisine. Sidjilmassa répudie les Fâtimides, et les Edrisites
dans le Rif, comblés de cadeaux par les souverains d'Espagne, se font
les champions des Omeyyades jusqu'au moment où ils abjurent à nouveau
leur parti devant la rapide et brillante campagne de Bologguine qui avait
reçu à Kairouan l'investiture. Après le départ des Fâtimides, quand
El-Moezz se fixa au Caire, les Omeyyades en
profitèrent pour regagner le terrain perdu. La destruction de l'empire
édrisite fut décidée par le calife écoeuré de tant de lâcheté; la
résistance fut cependant plus dure qu'on ne l'avait prévu à la cour
de Cordoue.
Une armée, débarquée
à Ceuta,
fut d'abord défaite, mais le dernier prince édrisite, El-Hasen, se voit
forcé d'abandonner sa capitale de Basra; il fuit au Ksar-Masmouda et se
réfugie enfin à Hodj en-Neser avec son trésor. Il ne tarde pas à devoir
se rendre, accablé sous le nombre croissant des assiégeants; il a la
vie sauve (octobre 973).
Ainsi disparut ce qui restait de l'empire édrisite. Tous les descendants
d'Edris furent recherchés et emmenés à Cordoue
où ils vécurent d'une pension; plus tard, on les dirigea vers Alexandrie
où le souverain fâtimide les recueillit. Il est superflu d'entrer ici
dans le long détail des luttes qui se continuèrent au Maghreb, notamment
quand l'Edrisite El-Hasen-ben-Kannoun, s'enfuyant d'Égypte, rentrait (984),
s'alliait aussitôt avec les chefs des Beni-Ifren et concluait un traité
contre les Omeyyades. C'est dès lors une guerre de partis dont l'écheveau
est singulièrement compliqué. El-Hasen vaincu est mis à mort. En 994,
Ziri, chef des Maghraoua dévoués à cette époque aux Omeyyades d'Espagne,
ayant jugé des inconvénients stratégiques qu'offrait la position de
la ville de Fès comme capitale, fonda, près
de l'oued Isly, la ville d'Oudjda. Ce même Ziri ne tarda pas à entrer
en lutte avec les Omeyyades et ne fut vaincu définitivement qu'après
deux expéditions en l'an 1000,
époque où il fit sa soumission. Son fils, El-Moezz, fut nommé en 1006
gouverneur du Maghreb par les Omeyyades et s'établit à Fès.
A la chute des Omeyyades
qui régnaient depuis trois siècles et à qui l'empire musulman doit un
si grand éclat, la lutte s'établit au Maroc entre les Maghraoua et les
BeniIfren. El-Moezz, fils de Ziri, ayant voulu arracher Sidjilmasa des
mains des Beni-Khazroum qui s'y étaient déclarés indépendants, avait
été défait et contraint de rentrer à Fès
après avoir perdu son aimée en 1016.
Dès lors la puissance des Maghraoua fut contre-balancée par celle de
leurs contrées du Sud; la vallée de la Molouïa ne tarda pas à relever
de Sidjilmassa ainsi que la petite ville de Sefrou, toute voisine de Fès.
En 1026,
sous le successeur d'EI-Moezz, Hammama, Ies Maghraoua reprennent d'abord
le dessus, mais en 1033
leur chef doit se réfugier à Oudjda avant de pouvoir rentrer à Fès.
Après sa mort, Fès redevint le théâtre des luttes sans fin où s'exerça
la puissance des Maghraoua. Comme en Sicile, comme en Espagne, la division
des musulmans au Maghreb el-Acsa allait avoir les conséquences les plus
importantes en favorisant l'arrivée d'un nouvel élément ethnographique.
(H.-P. de la Martinière). |
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