| Charles-Julien Lioult de Chênedollé est un écrivain français, né à Vire (Calvados) le 4 novembre 1769, mort au château du Coisel le 2 décembre 1833. Fils d'un membre de la chambre des comptes de Normandie qui portait le nom de la terre seigneuriale de Saint-Martindon, il fut dès l'enfance connu sous celui de Chênedollé; c'était le nom d'un étang appartenant à sa famille. Elève des cordeliers de Vire, puis des oratoriens de Juilly (1787-1788), il passa les trois années suivantes dans une studieuse retraite sous le toit paternel, émigra en 1791, servit dans l'armée de Condé et se rendit à Hambourg (1795). Il fut présenté à Rivarol, dont la verve l'éblouit tout d'abord et dont il fut pendant deux ans le collaborateur pour un Dictionnaire de la langue française qui n'a jamais paru. Un motif futile servit de prétexte à leur brouille. Chênedollé passa en Suisse, où il vit Mme de Staël à Coppet, et passa trois années à Paris (1799-1802). Il appartint à la petite société groupée autour de Mme de Beaumont (Chateaubriand), s'éprit de la soeur du grand écrivain (Mme Lucile de Caud), qu'il rêva un moment d'épouser, puis rentra en Normandie où il se maria et ne fit plus à Paris que de rares et courtes apparitions. Nommé professeur de littérature à Rouen en 1810 et inspecteur de l'académie de Caen en 1812, il prit sa retraite en mars 1832, avec le titre d'inspecteur général, qu'il avait obtenu deux ans auparavant. Chênedollé a publié l'Invention, poème dédié à Klopstock (1795), et surtout le Génie de l'homme (1807), poème didactique en quatre chants dont l'idée première lui avait été suggérée par Rivarol, et des Etudes poétiques (1820), disséminées d'abord dans les recueils du temps, qui, si elles eussent été rassemblées quelques mois avant les Méditations de Lamartine, auraient paru ce qu'elles étaient réellement, c.-à-d. un signe précurseur de la rénovation littéraire, et non un pastiche; mais, soit malchance on paresse, Chênedollé ne sut pas plus paraître à propos qu'il ne sut faire ses affaires au moment opportun; c'est ainsi qu'il laissa échapper deux fois, en 1817 et en 1824, les chances que semblait présenter sa candidature à l'Académie française. On lui doit aussi, en collaboration avec Fayolle, un Esprit de Rivarol (1808) tiré surtout de ses propres souvenirs et une édition, présentée à tort comme complète, des Oeuvres du brillant pamphlétaire (1808, 5 volumes). Il avait laissé sur ses impressions d'enfance et de jeunesse, sur ses lectures, sur ses années d'émigration et sur ses amitiés nombreuses et durables un précieux Journal intime dont Sainte-Beuve avait eu communication et qui, avec les lettres écrites ou reçues par Chênedollé, a permis au maître portraitiste de tracer l'une de ses plus complètes et les plus agréables esquisses. (M. Tx.). | |
| Charles-Auguste Lioult de Chênedollé est un écrivain belge, né à Hambourg en 1797, mort à Bruxelles en 1862, fils du précédent. Il fit ses études à l'université de Liège, devint professeur au collège de cette ville, puis à la faculté des lettres. Après la révolution de 1830, il se fit naturaliser Belge. Il a publié un très grand nombre d'écrits dont la bibliographie complète a été donnée par Ulysse Capitaine dans son Nécrologe liégeois pour 1862 : en voici les principaux : Dissertation sur les Concordats (Liège, 1827); Notice historique sur les évêques, leur origine, leurs prérogatives (Liège, 1829); Biographie générale des Belges morts au vivants (Bruxelles, 1849); Mémoires et Souvenirs sur la cour de Bruxelles et sur la Société belge depuis l'époque de Marie-Thérèse jusqu'à nos jours (en collaboration avec P. Roger; Bruxelles, 1856). Il avait commencé la table analytique des Bulletins de la Commission royale d'histoire et une Histoire de l'ordre de Léopold qui demeurèrent inachevées. (E. H.). |