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Tarsis
ou Tharsis. - Pays où Salomon
envoyait ses flottes. Il y a sur ce pays un très grand nombre de
sentiments divers. Josèphe, le paraphraste
chaldéen
et l'Arabe l'expliquent de Tarse, ville de Cilicie;
les Septante, saint Jérôme, Théodoret, l'entendent
de Carthage.
Eusèbe fait descendre les Espagnols de Tarsis. Les géographes
arabes veulent que Tarsis soit Tunis en Afrique,
et Bochart que ce soit Tartessus, île dans
le détroit de Gadès. Le Clerc entend par Tarsis Thassus,
île et ville dans la mer Égée. Grotius croit que tout
l'Océan est nommé Tarsis, à cause de la fameuse ville
de Tartessus, dont nous avons parlé. Sanctius croit que la mer en
général est nommée Tarsis, et que les vaisseaux de
Tarsis sont ceux qu'on emploie dans les voyages de mer, par opposition
aux nacelles et aux barques dont on se sert dans les fleuves. Les Septante
traduisent quelquefois Tarsis par la mer, et l'Écriture
donne également le nom de vaisseaux de Tarsis à ceux qu'on
équipait à Asiongaber,
sur la mer Rouge, et qui allaient dans l'Océan, comme à ceux
qu'on équipait à Joppé et dans les ports de la Méditerranée.
Nous ne voyons guère d'autre moyen que celui-là pour expliquer
tous les passages où il est parlé des vaisseaux de Tarsis.
Car, d'un côté,
beaucoup d'auteurs reconnaissent assez clairement que Tarsis signifie la
ville de Tarse et la Cilicie;
et de l'autre, ils remarquent qu'on équipait des vaisseaux de Tarsis,
ou des vaisseaux pour aller à Tarsis, dans des lieux d'où
l'on ne peut présumer qu'on voulût aller à Tarse en
Cilicie. Par exemple, l'auteur du Livre de Judith,
décrivant la route d'Holopherne, dit qu'il alla en Cilicie et qu'il
pilla tous les enfants de Tarsis. Jonas, fuyant
de devant la face de Dieu, s'embarqua à
Joppé pour aller en Tarsis, apparemment à Tarse en Cilicie.
Les prophètes lsaïe et Ezéchiel mettent parmi
les vaisseaux marchands qui venaient trafiquer à Tyr ceux de Tarsis.
La Cilicie était tout à fait à portée de Tyr,
et il n'y a guère d'apparence qu'on y vînt trafiquer des côtes
de l'Océan. Enfin le Psalmiste met les rois de Tarsis avec ceux
des îles : Reges Tarsis et insulae. Or les îles marquent
ordinairement celles de la Méditerranée et les pays maritimes
où les Hébreux avaient accoutumé d'aller par cette
mer.
De tous ces passages
on a souvent conclu que le pays de Tarsis était sur la Méditerranée,
et qu'apparemment c'est la Cilicie.
Lors donc qu'on voit équiper des vaisseaux destinés à
aller à Tarsis dans la mer Rouge et à Asiongaber,
on doit conclure l'une de ces deux choses, ou qu'il y a deux pays du Tarsis,
l'un sur l'Océan, et l'autre sur la Méditerranée,
ce qui ne nous paraît nullement probable; ou que les vaisseaux de
Tarsis en général ne signifient autre chose que des vaisseaux
de long cours, de grands vaisseaux, opposés aux barques et aux nacelles.
Le capitaine Seely,
dans les Merveilles d'Elora,
ou Récit d'un voyage aux temples d'Elora (Inde),
semble vouloir que ce fût à Elora, ou dans cette partie de
l'Inde, que la flotte de Salomon allait une
fois tous les trois ans chercher de l'or et de l'argent, de l'ivoire, des
singes et des paons (III Reg. X, 22), parce qu'on y voit des figures
de singes et de paons sculptées dans un grand nombre de temples.
Barbié
du Bocage, après avoir dit que «
si la position d'Ophir est des plus controversées
il en est de même de celle relative à Tarsis », continue
en ces termes-:
«
Les uns, se fondant sur ce que les vaisseaux de Tyr, de même que
ceux d'Asiongaber,
prenaient part aux navigations de Tarsis, ont cru entrevoir qu'il y avait
deux lieux ou pays de ce nom, l'un situé sur la côte de la
mer Méditerranée, et l'autre sur la mer des Indes (Gosselin,
Recherch., Il, 127); les autres, n'admettant qu'un seul Tarsis,
lui ont assigné des glaces arbitraires. Ainsi on l'a marqué
sur la côte méridionale de l'Arabie, sur les côtes orientales
de l'Afrique, dans l'Inde,
à Ceylan, dans la mer Noire et dans la Thrace, à Tarse de
Cilicie,
à Tunis, à Carthage
et même sur les côtes occidentales de l'Afrique.
Toutefois l'opinion la plus commune l'indique à Tartessus en Espagne,
au delà du détroit des colonnes d'Hercule
[Gibraltar].
Heeren (Politiq. etc., Il, 469) voit dans l'expression de Tarsis
un mot d'une acception générale désignant les contrées
occidentales de l'Europe. Le savant Gosselin, dans sa Dissertation sur
les voyages de Tarsis (Recherch.), émet une opinion différente,
énoncée vaguement avant lui, il est vrai, par quelques auteurs,
mais non discutée. Il fait du mot Tarsis du texte hébreu,
rendu tantôt par le mot mer, tantôt par le mot Carthaginois,
tantôt par le mot Tarsis lui-même, une expression synonyme
du mot mer, d'où il suit que les expressions vaisseaux de Tarsis
devraient toujours se. traduire par les mots vaisseaux de la mer. Cette,
opinion, conforme à la traduction de Luther,
comme l'observe Heeren, a été observée par le savant
docteur Vincent, dont le nom peut faire autorité en pareille matière.
Et en effet, rendue de la sorte, l'expression Tarsis s'explique facilement
dans le plus grand nombre des circonstances où il est cité.
Dans ce cas il indique la mer, une mer quelconque, aussi bien la mer Rouge,
le golfe Arabique et la mer des Indes, que la Méditerranée.
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