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Jonas (personnage
de la Bible)
est l'un des douze petits prophètes de
l'Ancien Testament.
Chargé par la divinité d'annoncer aux habitants de Ninive
la destruction de leur ville, il recula devant cette mission dangereuse,
s'enfuit à Joppé et s'y embarqua à Japho pour
Tharsis (Espagne). Mais le vaisseau ayant
été assailli par une horrible tempête en punition de
sa désobéissance. Jonas est bien obligé d'avouer que
le danger couru par le navire n'a pas d'autre cause que son propre refus
d'obéir à la divinité. Là-dessus, on le jette
à l'eau.
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Le
prophète Jonas. D'après un bas-relief d'une des portes
de bronze de Saint-Paul hors les Murs, à Rome exécutée
à Constantinople vers la fin du XIe siècle, et détruites
par l'incendie qui suivit la mort de Pie VII.
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Englouti par un grand
poisson (une "baleine"...), Jonas reste dans
son ventre trois jours et trois nuits et témoigne par une fervente
prière de son retour à de meilleurs sentiments. La divinité,
touchée de son repentir, ordonne au poisson de vomir le prophète
sur le rivage, puis elle lui renouvelle l'ordre d'aller à Ninive.
Cette fois-ci, Jonas obéit et il annonce à Ninive sa destruction
prochaine :
«
Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. »
Les habitants, effrayés de ses menaces,
font pénitence, ordonnent un jeûne public, et Dieu leur pardonne.
Jonas, de nouveau,
éprouve un mouvement de mauvaise humeur en voyant que la clémence
divine a rendu vaines les menaces dont il était porteur. Sur quoi,
la divinité veut lui donner une leçon de tolérance;
elle lui procure, par une dispensation bienveillante, l'ombrage d'une plante
(Un ricin), qui le protège contre l'ardeur du soleil, et soudain
elle lui enlève-cet abri protecteur : un ver pique la racine de
la plante, la fait sécher, et Jonas reste, comme auparavant, exposé
aux feux d'un soleil d'Orient. La douleur que Jonas en ressent lui fit
désirer la mort. Aux plaintes du prophète, Dieu répond
:
«
Fais-tu bien de t'irriter à cause du ricin?... Tu as pitié
de cette plante, qui ne t'a coûté aucune peine et que tu n'as
pas fait croître, qui est née dans une nuit et qui a péri
dans une nuit. Et moi, je n'aurais pas pitié de Ninive, la grande
ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes qui ne
savent pas distinguer leur droite de leur gauche et des animaux en grand
nombre. » (IV, 9-11.)
Le
Livre de Jonas.
L'écrit,
fort court, qui porte ce nom et figure dans le recueil des douze petits
prophètes de la Bible hébraïque,
se donne pour le récit d'aventures, dont le héros est un
prophète du nom de « Jonas, fils d'Amithaï », cité
dans les Livres des Rois (2, XIV, 25)
comme contemporain de Jéroboam II, roi d'Israël (première
moitié du VIIIe siècle avant
notre ère), C'est la raison pour laquelle la synagogue lui a donné
place dans le canon sacré avant Michée, contemporain d'Isaïe.
C'est à tort que quelques critiques modernes ont contesté
que la place de Jonas fût marquée dans la collection prophétique,
sous le prétexte que sa prophétie se réduit à
un récit; en effet, la narration
qui fait partie de presque tous les écrits prophétiques y
joue souvent un très grand rôle.
Le Livre de Jonas
est moderne par tout son contenu, moderne par sa langue, moderne par ses
connaissances géographiques qui comprennent du Tigre
jusqu'à l'Espagne,
moderne par les allusions aux pratiques, relativement récentes,
du jeûne et des vieux, moderne par ses connaissantes historiques,
qui lui ont fait très ingénieusement choisir Ninive pour
une action dont le héros appartient au VIIIe
siècle av. J.-C., moderne plus encore par cette circonstance, -
qui prouve quelle étendue a pris son horizon religieux, - que le
prophète n'est plus l'organe de Dieu à l'égard des
seuls Israélites, mais à l'endroit des différentes
nations du globe, moderne par la facilité avec laquelle on annexe
ici au judaïsme la capitale de l'Assyrie,
moderne par les termes du cantique de Jonas qui font allusion au rituel
du temple de Jérusalem pour
l'époque du IIIe siècle avant
notre ère, moderne par son propos avoué d'universalisme libéral,
mais plus particulièrement encore par la note d'indulgence et de
pitié qui met dans l'ombre les sévérités de
la justice divine, moderne enfin par les allures très particulières
du récit, où Dieu, prophète, hommes, bêtes et
plantes, forment les éléments d'un petit drame, conçu
dans l'esprit de cette littérature haggadique
qui prit un si grand développement aux abords du christianisme.
Le Livre de Jonas est donc une ouvre de la seconde moitié
du IIIe siècle avant notre ère, de très peu antérieure
à la clôture du recueil prophétique que nous plaçons
aux environs de 200 av. J.-C. (M. Vernes). |
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