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Thespis

Thespis. - Le plus ancien poète tragique grec (Aristophane, Guêpes, v.1479), fut, au VIe siècle avant notre ère (il naquit vers 580), le créateur même, le père de la tragédie athénienne. Originaire du dème d'lcaria, près d'Athènes, contemporain de Pisistrate, couronné peut-être en un concours poétique entre 536 et 534, maître de Phrynichos, il débuta sans doute, comme les chantres primitifs de Sicyone, par de rustiques dithyrambes. Le premier, il imagina de couper le choeur en plusieurs divisions, sans d'ailleurs lui ôter son caractère liturgique; entre les intermèdes chorégraphiques et les chants dithyrambiques qu'on entonnait aux fêtes de Dionysos, il inséra des tirades parlées, des récits débités par un personnage unique, étranger au choeur. Ce nouveau récitateur ou répondant  était chargé d'interroger ou de donner la réplique; plus tard, il deviendra l'acteur, investi de divers rôles (serviteur, messager, héros). Tel quel, il engageait déjà avec les choreutes une sorte de dialogue où se trouvait mis en action quelque point de la légende traitée, celle de Dionysos ou toute autre : il répondait aux questions par des narrations ou provoquait, à son tour, les confidences du choeur.

Ainsi se forma, se développa le drame, grâce au récit enclavé parmi les morceaux lyriques et qui prit lui-même (Aristote, Poétique, 12, 5) le nom d'épisode, germe de la tragédie complète résultant, avec le temps, des transformations de l'épisode primordial dédoublé, prolongé, et confié à deux, puis à trois interprètes. Thespis inventa, dit-on, des masques en toile et revêtit son acteur de costumes appropriés aux rôles. Nous ne possédons de lui que cinq ou six titres de pièces incertaines, dont le sujet devait être tiré de la légende héroïque tout entière (la première de ces tragédies aurait été jouée en 535). 

Voici ces titres, dont on ne peut même garantir l'authenticité : les Jeux funèbres de Pélias (ou Phorbas), les Prêtres, les Jeunes gens, Alceste, Penthée. L'anecdote, rappelée par Horace (Ad Pisones, v. 276) et par Boileau (Art poétique, ch. III, v. 67), de Thespis se barbouillant la figure de lie et promenant ses poèmes dramatiques sur des chariots, peut s'expliquer ainsi, selon Croiset : Thespis, à la fois acteur et entrepreneur, comme nos modernes forains, donnait ses représentations à travers les bourgades de l'Attique, aux fêtes de Dionysos, surtout en automne. Il circulait sur une sorte de roulotte avec son léger matériel; il formait et instruisait sommairement sa troupe, puis jouait en plein air sur la grande place du village. Telle est l'humble chrysalide du théâtre, promis à tant de gloire. (Victor Glachant).

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