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Robert Ier,
roi
de France ,
né vers 865 (?), mort le 15 juin 923. Il était le second
fils de Robert le Fort, et le frère
cadet du roi Eudes ( Capétiens).
Son règne se place au moment on la lutte entre les Carolingiens
et la famille capétienne arrive à l'état aigu, pendant
une des périodes les plus confuses de l'histoire de France. En 888,
Robert reçut le gouvernement de la Bourgogne
inférieure ou cisjurane, d'après le chroniqueur Hugues de
Fleury. Vers la même époque, il succéda à son
frère Eudes dans la dignité de duc (dux Francorum)
ou de margrave (marchio) qui consistait dans le commandement militaire
des troupes des empereurs carolingiens placées entre la Seine et
la Loire. La région soumise à l'autorité de Robert
est la plus ancienne qui ait reçu le nom de France, et les chroniqueurs
l'appellent quelquefois aussi le Celtique (Celticae dux). Mais un
duché de France proprement dit, indépendant et héréditaire,
dont les historiens modernes font souvent mention, ne paraît pas
encore avoir existé à cette époque de l'histoire des
Capétiens. Robert était aussi comte d'Angers
et de Paris, c.-à-d. chargé du
gouvernement amovible de ces villes et de leurs territoires, et abbé
laïque ou avoué des abbayes de
Marmoutiers, Saint-Martin de Tours, Saint-Aignan d'Orléans,
Sithieu ou Saint-Bertin (à Saint-Omer),
Saint-Vaast, Morienval, etc, et enfin de celles de Saint-Germain-des-Prés
et de Saint-Denis, près de Paris.
A la mort d'Eudes
(898), Robert reconnut encore l'autorité du Carolingien Charles
le Simple, qui lui confirma le titre et les pouvoirs de duc des Francs.
Robert dirigea plusieurs expéditions contre les Vikings
dans la région de la Loire, les repoussa de Chartres
(911) et les battit sur les bords de la Loire (921). Robert paraît
avoir vécu en bonne intelligence avec Charles le Simple jusque vers
l'année 920. A cette époque, Robert se mit à la tête
des seigneurs et du Clergé de France pour protester contre les empiétements
du favori du roi, Haganon. Robert avait pour lui l'un des principaux seigneurs
du Nord de la France, Héribert, comte de Vermandois et de Champagne ,
qui était son beau-frère. L'archevêque de Reims,
Hérivée, prit le parti de Robert, et tous les vassaux de
la seigneurie ecclésiastique de Reims, qui était très
étendue, prirent les armes pour la famille capétienne. Charles
le Simple se réfugia à Laon. Robert
détacha également du parti de Charles le Simple le duc de
Bourgogne, Raoul, qui épousa une fille de Robert, et le duc de Lorraine,
Giselbert, qui était en révolte permanente contre l'autorité
des Carolingiens.
En 922, à l'occasion de la nomination
de l'abbé de Chelles, la guerre éclata
entre Robert et Charles le Simple. Le roi
carolingien se retira en Lorraine, puis revint envahir les terres de l'archevêque
de Reims, mais fut forcé de se retirer devant Robert et Raoul
de Bourgogne, qui l'attaquèrent entre Epernay et Tours-sur-Marne.
Robert envoya ensuite son fils Hugues le Blanc avec une petite armée
prêter appui au duc Giselbert pour combattre Charles le Simple en
Lorraine. Au commencement de l'année 923, Robert étendit
encore ses alliances et se rapprocha de l'empereur d'Allemagne
Henri
l'Oiseleur, avec lequel il eut une entrevue personnelle sur les bords
de la Roër ou de la Ruhr (d'après Flodoard). Avec l'appui des
principaux seigneurs et des prélats, Robert Ier
fut couronné roi, à Reims, le 29 juin 922. Aussitôt
après son élection, il investit son fils Hugues le Blanc
de la dignité de comte de Paris. Charles
le Simple, qui avait rassemblé une armée considérable
en Lorraine, rentra en France et marcha sur Laon. Robert Ier
établit son camp près de Soissons, sur les bords de l'Aisne,
dans une région déjà rendue célèbre
par les grandes batailles des luttes de l'Austrasie
et de la Neustrie .
Charles le Simple
attaqua Robert Ier à l'improviste,
le dimanche 15 juin 923, et lui livra une bataille acharnée. Les
troupes françaises étaient au nombre de 20 000 hommes et
l'armée carolingienne au nombre de 10 000 seulement, d'après
Richer, qui était du parti des Carolingiens, et les premières
perdirent plus de 11 000 hommes, la seconde seulement 7118. Robert y fut
tué et la tradition raconta qu'il périt dans un duel légendaire,
soit avec Charles le Simple lui-même, soit avec le comte lorrain
Fulbert, porte-étendard de l'armée carolingienne. Malgré
la mort de Robert Ier, Charles le Simple
fut forcé de battre en retraite, poursuivi par Hugues le Blanc et
Héribert de Vermandois. Les Carolingiens
avaient encore de nombreux partisans en France, et ils virent dans la mort
de Robert ler une preuve de la vengeance
céleste. Longtemps après cette époque, quelques chroniqueurs
appelaient encore Robert Ier,
pseudo-rex;
et tyrannus (Chronique de Maillezais, Richard le Poitevin,
etc.). (E.-D. Grand). |
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