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Le
mot d'archives désigne tout à la fois un ensemble
de documents et le local où ils sont déposés. On donnait,
dans la basse latinité, le nom d'archives (du grec,
arkeion, par l'intercalation du digamma)
aux Trésors des reliques,
aussi bien qu'aux dépôts des chartes; souvent le même
endroit renferme les unes et les autres, comme cela eut lieu jusqu'au XIXe
siècle à l'abbaye de Saint-Denis
en France.
Tous les peuples
ont eu des archives. Celles des Hébreux, conservées dans
le temple de Jérusalem, périrent
lors de la prise de cette ville par Titus. Le Livre
d'Esdras
parle d'archives où étaient conservés les actes des
rois de Médie
et de Babylone; Tertullien
mentionne celles des Phéniciens. Les archives égyptiennes
ont été consultées par les historiens de l'ancienne
Grèce.
Un des moyens le
plus ordinairement employés par les Grecs pour mettre les actes
publics en sûreté, ce fut de les déposer, comme les
lois, dans les temples. A Athènes,
l'Aréopage
et le temple d'Athéna
furent destinés à la garde des archives. Nous voyons, dans
Tacite, que l'on conservait encore, dans le Péloponnèse,
au temps de Tibère, les originaux du traité
de partage fait entre ceux qui ceux disaient les descendants d'Héraclès
(Héraclides), lorsqu'ils s'en emparèrent.
Les Messéniens
produisirent ces originaux dans un différend qu'ils avaient avec
les Macédoniens, et, bien que le traité n'eût guère
moins de mille ans d'antiquité, on ne refusa point de le recevoir
comme un titre véritable, et l'arrêt rendu en conformité
prouve qu'il fut regardé comme authentique. II y a aussi, dans les
recueils d'inscriptions, plusieurs traités faits entre les villes
et des peuples entiers; quelques-uns remontent à plus de 2000 ans.
Chez les Romains,
les archives, traitées avec autant de respect, furent conservées
dans les temples d'Apollon,
de Vesta,
de Saturne.
Le temple de Jupiter
Capitolin renfermait le trésor des Édiles et les tables de
bronze sur lesquelles étaient gravés
les traités de paix et d'alliance; les actes des censeurs étaient
déposés dans le temple de la Liberté,
et les Annales des pontifes dans le temple de Junon
la Conseillère. Les tribunaux et les divers bureaux auxquels était
confiée l'administration de la République ou de l'Empire
avaient leurs archives séparées : on en comptait onze sous
la direction du Comte des largesses sacrées, et dix sous celle du
préfet du prétoire d'Afrique.
Les empereurs
romains eurent naturellement leurs archives; on les désignait
sous le nom d'Archives du palais, d'Archives sacrées (Scriniapalatii,
sacra scrinia, Scrinia Augusta). Elles se divisaient en deux grandes
catégories : les archives ambulantes (viatoria), qui suivaient
l'empereur dans ses voyages, et les archives permanentes (stalaria),
déposées dans le temple ou dans le palais. La religion chrétienne
ne changea rien à ces usages; on continua à Rome
de conserver les archives publiques. Malheureusement, diverses causes,
entre autres les guerres, les ravages des Germains, concoururent
à la ruine de ces antiques dépôts, et des dépôts
particuliers qui s'étaient formés dans les cités,
les villes, les communautés et les églises de l'Empire; un
sorte qu'il ne nous est resté aucune pièce originale des
quatre premiers siècles de notre ère. (P.). |
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