| Wagram est un village d'Autriche, sur la rive gauche du Danube, dans la plaine du Marchfeld, à 10 kilomètres au Nord-Est de Vienne. Napoléon y remporta sur l'archiduc Charles une bataille les 5 et 6 juillet 1809 : il donna le titre de Prince de Wagram à Berthier, qui y avait puissamment contribué. Bataille de Wagram. Victoire de Napoléon I sur les Autrichiens, gagnée le 6 juilet 1809. Après son demisuccès à Essling, l'archiduc Charles négligea d'appeler à lui des renforts suffisants et de rendre inabordable la rive droite du Danube. Napoléon prit de suite le parti d'attendre la saison des basses eaux, de se tenir sur la défensive, et de rallier ses lieutenants, le prince Eugène, Macdonald, Marmont, qui pouvaient lui amener plus de 45000 hommes. Le prince Eugène se porta sur la Raab, s'efforçant en même temps de détacher les Hongrois de la maison d'Autriche : sa victoire du 14 juin dégagea tout le pays en-deçà de la Raab et du Danube, et entama la Hongrie. En même temps, Poniatowski passait la Vistule et soulevait la Galicie : mais les Russes ne soutinrent pas, contre l'archiduc Jean, le héros qui proclamait déjà l'indépendance de la Pologne. Dans l'île Lobau, l'empereur augmenta ses ressources en artillerie; outre le grand pont de bateaux qui fut rétabli, il en fit construire un autre, de plus de 700 m, sur pilotis, protégé par une estacade et par des fortifications. L'archiduc Charles avait multiplié les retranchements entre Essling et Aspern, supposant que Napoléon tenterait l'opération comme au 20 mai : mais c'est à l'Est de l'île, audessous d'Enzersdorff, qu'il avait résolu d'effectuer le passage, à couvert d'îlots boisés qui parsèment le petit bras du fleuve et dont il s'était rendu maître : les avant-gardes devaient se servir de grands bacs, puis, un pont de bateaux mobile et articulé, déployé tout à coup, sept autres ponts secondaires, qu'en deux heures il était possible d'installer, devaient suffire à jeter toute l'armée sur la rive droite. Dans la nuit du 3, une division déboucha entre Aspern et Essling, afin de tromper l'ennemi par cette diversion : pendant qu'il se concentrait à l'Ouest, le vrai passage s'opérait à l'Est, dans la nuit du 4 au 5 (70 000 hommes), sous la protection de 400 canons de gros calibre. Il s'acheva dans la journée, et l'empereur réunit ainsi 167 000 hommes et 550 pièces, contre les 140 000 hommes et les 400 canons de son adversaire, qui avait laissé à Presbourg l'archiduc Jean. - Plan de la Bataille de Wagram (juillet 1809). Les Autrichiens eurent donc à changer tout leur ordre de bataille : l'archiduc disposa ses forces en arc de cercle, la gauche sur le plateau de Wagram, le centre entre Wagram et Aderklaa (séparés par le ruisseau du Russbach), la droite entre Gerardsdorf, Stammersdorf et le fleuve. Dès le 5 au soir, les troupes françaises pénétraient en petit nombre, au centre même de la ligne autrichienne, à Wagram, mais elles durent se replier. L'archiduc Charles essaya de leur tourner par la droite, pour nous couper de notre base d'opérations; mais son aile gauche attaqua trop tôt, à Neusiedel, et fut repoussée. Le centre et la droite des Autrichiens ayant atteint Aspern et Essling, une batterie de 100 canons et la colonne de Macdonald refoulèrent le centre, et, devant Masséna, l'archiduc dut rappeler sa droite qui risquait ellemême d'être tournée. Enfin Davout, avec la droite française, passait le Russbach, enlevait Neusiedel, et, de concert avec Oudinot, le plateau de Wagram. La bataille avait duré plus de douze heures, les pertes étaient énormes des deux côtés; près de 50 000 hommes tués, blessés, hors de combat. L'archiduc opéra sa retraite sans perdre de canons. La poursuite du vainqueur fut ralentie par l'arrivée de l'archiduc Jean, qui produisit une panique : l'armée de Wagram n'était déjà plus celle d'Austerlitz (dont les meilleurs éléments étaient en Espagne). Napoléon ne reprit le contact de son adversaire que les 9 et 11 juillet à Znaïm, sur la route de Bohème : c'est là que le lendemain fut signé un armistice, suivi, seulement le 14 octobre 1809, de la paix de Vienne. (H. Monin). | |