Beauharnais (François, marquis de), né à La Rochelle en 1756, mort en 1823, représenta la noblesse aux États généraux de 1789, émigra, servit comme major général dans l'armée de Condé, écrivit à Bonaparte pour l'engager à replacer les Bourbons sur le trône, se rallia néanmoins à l'Empire et fut chargé de plusieurs ambassades. Sa fille, Emilie-Louise de Beauharnais, épousa le comte de Lavalette, qu'elle sauva par son noble dévouement. Son frère, Alexandre, vicomte de Beauharnais, né en 1760, à la Martinique, fut également député de la noblesse aux États généraux, mais adopta les principes de la Révolution, fut nommé en 1792 général de division et commanda un corps à l'armée du Rhin, mais se vit accusé de trahison pour avoir tardé à secourir Mayence, fut arrêté en 1794 comme suspect dans sa terre de La Ferté-Beauharnais, et périt sur l'échafaud. Il avait épousé Joséphine Tascher de La Pagerie, qui fut ensuite l'épouse de Napoléon, et il en avait eu un fils, le célèbre Eugène de Beauharnais, et une fille, Hortense, qui devint reine de Hollande, par son mariage avec Louis Bonaparte.
Beauharnais (Eugène de), fils du précédent et de Joséphine Tascher de La Pagerie, né à Paris en 1781, se fit remarquer fort jeune de Bonaparte en allant lui réclamer l'épée de son père qui avait été enlevée lors du désarmement de Paris, et fut appelé à jouer un rôle fort important lorsque ce général eut épousé sa mère (1796). Il l'accompagna en qualité d'aide de camp dans les campagnes d'Italie et d'Égypte, se distingua à Marengo, et devint en peu de temps colonel, puis général de brigade (1804). Lors de la création de l'Empire, il fut élevé à la dignité de prince (1804), et bientôt après nommé vice-roi d'Italie (1805). En peu d'années, il rétablit l'ordre et ramena la prospérité dans ce pays.
En 1806, Napoléon lui fit épouser la princesse Amélie, fille du roi de Bavière Maximilien-Joseph, l'adopta solennellement et le désigna comme héritier présomptif de la couronne d'Italie. Chargé en 1809 du commandement de l'armée d'Italie contre l'Autriche, il éprouva d'abord un revers à Sacile, mais bientôt il réussit à repousser l'ennemi, opéra sa jonction avec la grande armée aux environs de Vienne, gagna la bataille de Raab, et fut une des principales causes du succès de celle de Wagram.
Dans la guerre de Russie il commanda un corps de la grande armée; se signala aux combats d'Ostewno, de Mohilow, à la Moskova, à Viazma et à Krasnoï, et, après le départ de Napoléon, ramena l'armée jusqu'à Magdebourg; on admire universellement cette retraite. Pendant les revers des armées napoléoniennes, on lui offrit de lui garantir la couronne d'Italie s'il consentait à séparer sa cause de celle de Napoléon : il repoussa avec une généreuse indignation cette proposition. Après la chute de l'Empire, il se retira avec le titre de duc de Leuchtenberg, auprès du roi de Bavière, son beau-père. Il mourut à Munich en 1824, d'une attaque d'apoplexie.
On doit au général Vaudoncourt l'Histoire politique et militaire du prince Eugène, Paris, 1828, 2 vol. in-8. A. du Casse a publié ses Mémoires et sa Correspondance, 10 v. in-8, 1858-1860. Le prince Eugène a laissé 6 enfants : le duc de Leuchtenberg, qui épousa en 1835 la reine du Portugal dona Maria, et mourut la même année; Joséphine, mariée à Oscar Bernadotte, prince héréditaire de Suède; Eugénie, mariée au prince de Hohenzollern-Hechingen; Amélie, mariée à don Pedro, empereur du Brésil; Théodolinda, mariée à Guillaume, comte de Wurtemberg; et le prince Maximilien, qui prit le titre de duc de Leuchtenberg après la mort de son frère aîné, et qui épousa en 1839 une fille de l'empereur Nicolas.
Beauharnais (Fanny, comtesse de), née à Paris en 1738 , morte en 1813, avait épousé, fort jeune, le comte de Beauharnais, oncle de François et d'Alexandre, dont elle fut obligée de se séparer. Elle cultiva la littérature avec passion et admit dans sa familiarité plusieurs gens de lettres, entre autres Dorat-Cubières. Elle a composé des poésies (Paris, 1772) et un assez grand nombre de romans : on trouve dans ses écrits de la sensibilité et de la philosophie, mais ils ne s'élèvent pas au-dessus du médiocre.
Son fils, Claude, comte de Beauharnais, mort en 1819, fut sous l'Empire chevalier d'honneur de Marie-Louise et sénateur, et devint pair de France sous la Restauration. Il est le père de Stéphanie, fille adoptive de Napoléon Ier, qui épousa Charles-Louis-Frédéric grand-duc de Bade, et qui mourut en 1859, grande-duchesse douairière.