| La Rabida. - Célèbre monastère espagnol, situé à Punta Umbria, sur la côte de la province de Huelva. Avant le XIIIe siècle, il y eut là une de ces forteresses religieuses (analogues aux maisons des ordres militaires chrétiens), que les Arabes nommaient rabidas, très répandues en Espagne. A en juger par l'emploi dans la construction primitive de fûts et de chapiteaux romains et wisigothiques, la fondation de cette rabida peut remonter aux temps du califat de Cordoue. Le pays fut reconquis par les troupes chrétiennes au XIIIe siècle, et la Rabida donnée, à ce que l'on croit, aux chevaliers du Temple, remplacés bientôt par les franciscains. D'abord, on dut utiliser le temple musulman dont les traces subsistent; mais bientôt on érigea une église nouvelle de style gothique, avec des réminiscences romanes et arabes. Pour la construction on employa la pierre et les briques, ce qui fait contraste avec les murs de torchis des additions postérieures. La voûte actuelle (du XVIIIe siècle) a remplacé l'ancien lambrissage de type musulman (mudéjar). Dans la première moitié du XVe siècle, de nouvelles constructions furent faites : le cloître, les cellules et autres dépendances du couvent (salle à manger et vestibule de l'Est). Le cloître est orné de peintures. Ces innovations coïncident avec l'établissement à la Rabida des frères hiéronymites autorisés par une bulle du pape Eugène IV (1431). Peu de temps après (1481), Christophe Colomb arrivait aux portes du couvent avec son fils Diego et liait connaissance avec Fr. Juan Pérez et Fr.-Antonio de Marchena, dont l'appui fut décisif pour l'accomplissement des projets du grand voyageur. C'est à cette circonstance que la Rabida doit sa célébrité historique. Colomb fit encore deux visites à ses amis Pérez et Marchena, et c'est là qu'il parla pour la première fois avec le médecin Garcia Hernandez et les Pinzones. Au XVIe siècle, de nouvelles constructions agrandirent le couvent. Du côté Nord, au premier étage, était la salle capitulaire, qu'on dit aujourd'hui, par erreur, la cellule du P. Marchena. A la même époque furent ouvertes les chapelles dans le côté Nord de l'église. Au XVIIIe siècle, on éleva l'étage supérieur du cloître, et la voûte du presby- tère fut remplacée par une coupole gréco-romaine. D'autres remaniements et additions furent faits à la fin du XVIIIe et au commencement du XIXe siècle. En 1828, quand Washington Irving visita le monastère, il le trouva fort négligé et détruit en partie. En 1816, le gouvernement tâcha d'y installer un asile (Casa de Refugio) des invalides de la marine. En 1856, le célèbre monastère fut déclaré monument national. En 1868 et 1875, on travailla de nouveau pour embellir et agrandir l'édifice. Enfin, une restauration scientifique fut entreprise par ordre du gouvernement peu avant le quatrième centenaire de la découverte de l'Amérique (1892). A la Rabida fut célébré en 1892 le congrès d'américanistes, qui ouvrit les fêtes du Centenaire. (R. Altamira). | |