|
Juba
est la capitale et la plus grande ville du Soudan
du Sud.
Elle est située dans la région centrale du pays, sur la rive occidentale
du Nil Blanc,
à environ 300 kilomètres au sud de la frontière du Soudan
et à environ 1100 kilomètres au sud de Khartoum.
La ville, bâtie à environ 400 mètres d'altitude, est entourée de plaines
inondables et de terres agricoles fertiles. Le Nil Blanc est une ressource
vitale pour la ville et le pays, servant de voie navigable, de source d'eau
potable et de moyen de subsistance pour les populations locales.
Juba a un climat
tropical, avec une saison des pluies qui dure généralement de mai Ã
octobre et une saison sèche de novembre à avril. Pendant la saison des
pluies, les précipitations sont abondantes, tandis que la saison sèche
apporte des températures plus élevées, pouvant atteindre jusqu'à 40°C.
La population de
la ville (auj. 450 000 habitants environ) connaît une rapide augmentation,
en partie à cause des migrations internes. Le pays fait face à de nombreux
défis de gouvernance, à des tensions ethniques et à la gestion des ressources
naturelles, notamment le pétrole, qui constitue une grande part des revenus
de l'État. La ville a progressivement développé ses infrastructures,
bien que celles-ci soient encore limitées par les conflits passés. Des
initiatives ont été mises en place pour améliorer les services de base,
notamment les soins de santé, l'éducation et l'approvisionnement en
eau, mais ces progrès sont freinés par les conflits persistants et les
problèmes économiques.
Histoire
de Juba.
Avant la colonisation,
la région autour de Juba était habitée par divers groupes ethniques
nilotes,
dont les Azande, les Dinka, les Nuer et les Shillouk, qui ont des cultures
et des traditions variées. Ces groupes étaient principalement des agriculteurs,
des pêcheurs et des éleveurs, et leur vie était étroitement liée au
Nil Blanc et à ses affluents. Juba, bien que non établie comme une grande
ville avant la période coloniale, était un point de passage important
pour les échanges commerciaux et les déplacements entre les différentes
régions du sud du Soudan. Pendant la colonisation de l'Afrique, la région
qui comprend l'actuel Soudan du Sud faisait partie du Soudan anglo-égyptien.
La ville de Juba n'était qu'un petit poste de commerce local avant d'être
transformée en centre administratif sous la domination coloniale britannique
à la fin du XIXe siècle et au début
du XXe siècle. Au XIXe
siècle, Juba devient un carrefour commercial important pour le commerce
de l'ivoire et des esclaves, facilitant les
échanges entre les peuples de la région et les Européens. En 1920, les
Britanniques décidèrent d'installer un poste administratif à Juba,
qui devint plus tard une capitale provinciale. L'influence coloniale britannique
était marquée par une politique de ségrégation et de division entre
le nord et le sud du Soudan, les populations du sud étant largement laissées
à l'écart de la politique du Soudan musulman et arabe du nord.
Après l'indépendance
du Soudan en 1956, la région du sud du pays, majoritairement chrétienne
et animiste, se sentit marginalisée par le gouvernement central de Khartoum,
qui était dominé par des musulmans arabes. Ce sentiment de marginalisation
a conduit à plusieurs rébellions et à une première guerre civile qui
dura de 1955 à 1972. À la fin de cette guerre, un accord de paix a été
signé, mais la paix fut de courte durée, car la guerre a repris en 1983
après la décision du gouvernement central de décentraliser l'administration
et d'imposer la loi islamique (charia). Juba, située au sud du
Soudan, devint un bastion pour les rebelles du Mouvement populaire de libération
du Soudan (SPLM), dirigé par John Garang, qui luttait pour l'autonomie
et les droits des habitants du sud. Au cours de cette guerre civile, Juba
a été un point stratégique pour les forces rebelles, tout en subissant
les conséquences des violences et des conflits. La guerre civile du Soudan
du Sud s'est intensifiée au fil des années, mais un accord de paix
a été signé en 2005 avec le Comprehensive Peace Agreement (CPA), qui
a permis au Soudan du Sud de bénéficier d'une autonomie limitée pendant
six ans.
En 2011, Ã la suite
de l'accord de paix, le Soudan du Sud est devenu un pays indépendant,
et Juba a été désignée comme sa capitale. L'indépendance a été saluée
par une grande partie de la population, mais le pays a immédiatement été
confronté à des défis énormes, notamment la construction d'infrastructures,
la gestion des ressources naturelles et la réconciliation entre les groupes
ethniques. Cependant, les espoirs d'une paix durable ont été rapidement
ébranlés. En 2013, une nouvelle guerre civile éclata entre les forces
du président Salva Kiir et celles de l'ex-vice-président Riek Machar,
alimentée par des rivalités ethniques entre les Dinka (le groupe ethnique
du président) et les Nuer (le groupe de Machar). Le conflit a entraîné
des milliers de morts et des millions de déplacés, et Juba a été le
théâtre de combats violents. Malgré les défis politiques, économiques
et sécuritaires, Juba continue d'être la capitale du Soudan du Sud
et un centre vital pour le pays. Le gouvernement sud-soudanais, soutenu
par des acteurs internationaux et des organismes humanitaires, travaille
à la reconstruction de la ville et du pays, mais des défis considérables
persistent. |
|