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Charax (GĂ©ographie
ancienne). - Nom de plusieurs villes grecques,
dont l'origine était un camp retranché. Elles se trouvent surtout dans
la région de l'Asie colonisée par les Grecs;
après Charax Spasinou, la plus célèbre (ci-dessous), on en peut
citer en Médie, en Arménie,
en Choarène, près des Portes Caspiennes;
en Phrygie, près de Célènes,
sur le golfe de Nicomédie; dans la Chersonèse taurique,
etc.
Charax Spasinou (La
ville de Hyspaosinès). - Pline, Josèphe,
Ptolémée, Lucien
et les inscriptions anciennes ne séparent jamais ces deux mots, Spasinou-Charax.
pour distinguer cette ville des autres du même nom. C'est elle qui a donné
son nom à la Characène. Charax était située au fond du golfe Arabo-Persique
dans le delta du Tigre,
sur une Ă©minence artificielle entre le Tigre et l'Eulaus (mod. Karoum),
ou plutĂ´t au confluent de l'Euleus avec un canal (mod. Haffar) partant
du Tigre, car l'Eulaeus est un fleuve qui se jette directement dans la
mer. Elle était environnée d'ouvrages construits pour la défendre contre
les attaques des deux fleuves, mais ces travaux d'art furent insuffisants,
car elle fut ruinée à plusieurs reprises par les eaux. Fondée par Alexandre
le Grand, qui lui donna le nom d'Alexandrie
(Alexandria Characenes), elle fut peuplée avec les habitants d'une
autre ville royale appelée Durine, dont l'emplacement est inconnu, et
avec les vétérans de l'armée macédonienne (Pline, VI, 31). Un demi-siècle
plus tard, cette ville était détruite par la mer et elle fut restaurée
en 205 par Antiochus III le Grand, sous
le nom d'Antiochia.
Longtemps soumise aux SĂ©leucides,
elle fut occupée en 129 av. J.-C. par Hyspaosinès (Spasinès des auteurs)
satrape d'Antiochus qui se rendit indépendant
et en fit la capitale de son royaume. Il la restaura, Ă©leva de nouvelles
digues et exhaussa le terrain sur une longueur de trois mille pas (5 kilomètres).
Du temps de Pline, vers 60 de J.-C., Charax Ă©tait,
par suite des alluvions, beaucoup plus éloignée de la mer que lors de
sa fondation.
Après la chute des dynasties locales,
elle passa sous la domination des Sassanides
qui la restaurèrent, y établirent un gouverneur et un atelier monétaire.
Elle s'appela alors en pehlvi Karak-Maishan (Karax de Mésène)
mais pour les Grecs elle conserva toujours son nom de Spasinou-Charax
et c'est sous ce nom (Spasinucara) qu'elle figure dans la Table
de Peutinger qui nous donne l'Ă©tat des connaissances
géographiques au IVe siècle de notre
ère. Au VIIe siècle, Charax était détruite,
c'est Bassorah,
fondée en 14 de l'Hégire sur la rive droite du Tigre, qui lui succéda
comme port commercial. La ville moderne de Mohammerah est sur l'emplacement
de l'ancienne Charax. Charax est le lieu de naissance du géographe grec
Isidore de Characène qui vivait sous César,
l'auteur des Mansiones parthicae; et d'un autre géographe latin,
Denys, contemporain de Pline; on ignore si c'est
le même que Denys le Périégète.
(E. Drouin).
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