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La lettre F de l'alphabet latin n'est autre chose que le digamma grec dérivé du vau (clou) phénicien, emprunté lui même à un caractère de l'écriture hiératique des Egyptiens. Pour exprimer un son de la nature de celui de l'F, plus fort que celui du V, on a pris la lettre phénico-cadméenne dont la prononciation s'en rapprochait le plus, le (gamma), et pour marquer la plus grande intensité d'articulation, on doubla la lettre . Cette forme a fait donner à ce caractère par les grammairiens de basse époque le nom de double gamma, digamma. On trouve cette lettre déjà formée dans certaines inscriptions cadméennes; elle fut retournée plus tard lorsque la direction de l'écriture eut été changée et passa dans plusieurs anciens alphabets de la Grèce et notamment dans celui des colonies chalcidiennes de l'Italie. Mais elle ne fut jamais admise dans l'alphabet attique où l'aspiration qu'elle exprimait au commencement des mots fut noté par des esprits. -
La valeur de cette lettre dans l'alphabet grec devait être à peu près celle de notre v, sinon du w, mais elle se transforma en passant dans l'alphabet latin et y prit le son de notre f, articulation propre aux langues de l'Italie. Dans les plus anciennes inscriptions latines, à côté d'un F, semblable de tous points à celui des alphabets grecs, on en trouve un autre formé de deux barres verticales dont l'une, celle de droite, est plus courte que l'autre. Cette forme particulière a été produite par la tendance de l'alphabet latin, qu'on a déjà signalée à propos d'autres lettres, à isoler les différents traits des lettres et à les tracer de bas en haut; elle a longtemps persisté et on la retrouve jusque dans les graffiti ou inscriptions tracées à la pointe, et dans les tablettes de cire d'assez basse époque. Le tableau 1 rend compte de cette dérivation de l'F latin. 1 - Origine et dérivation de l'F latin. La forme de l'F capitale a persisté dans les inscriptions presque sans altération pendant tout le Moyen âge; dans les manuscrits, comme il était assez facile de confondre les deux lettres E et F, on a assez fréquemment, pour les distinguer, fait dépasser par cette dernière les autres lettres d'environ une demi-hauteur. Plus souvent, on a terminé la barre verticale en pointe, ce qui est devenu la règle dans l'écriture onciale où on la faisait descendre au-dessous de la ligne. Dans la cursive de la chancellerie impériale, la barre supérieure s'est arrondie au point de former souvent une panse, ouverte ou fermée, et la seconde barre a été marquée par un trait fort léger; cette forme, avec toutes les variations que comporte la liberté de cette écriture, a été, en somme, celle de la cursive de toutes les époques et de tous les pays, mais sa combinaison avec d'autres lettres en a souvent modifié notablement l'aspect. 2- Ecritures de la première période du Moyen âge. Les formes semi-onciales et minuscules ne diffèrent pas beaucoup de la ferme cursive. Il faut cependant noter que la barre supérieure a été rarement assez recourbée pour former une pause complète et que la barre inférieure a été généralement plus fortement marquée que dans la cursive. La forme typique est celle qui a été reproduite par le caractère romain de l'imprimerie, f. Dans l'écriture gothique, les traits sont devenus plus anguleux, mais la forme générale s'est conservée, même dans les majuscules, quelque ornement qu'elles aient reçu. 3- Ecritures gothiques. Dans les écritures cursives du Moyen âge, la queue de l'f s'est généralement prolongée au-dessous de la ligne, surtout dans les écritures diplomatiques, pour se terminer en pointe ou se recourber soit à gauche, soit plus souvent à droite et jusqu'au point de former une panse inférieure analogue à la panse supérieure. La lettre F n'est pas une de celles qui présentent des particularités dans les écritures dites nationales, sauf peut-être dans l'anglo-saxonne et l'irlandaise, où les formes onciales et minuscules sont assez caractéristiques et prêtent à une confusion avec la lettre r (tableau 5). 4- Ecritures modernes. Comme l'F se rencontre souvent au commencement des mots, il n'est guère de lettres qu'on ait eu plus souvent sujet d'orner comme initiales dans les manuscrits. Notre frontispice pourra donner une idée de ce qu'ont été ces ornements aux différentes époques. (GE). 5- Ecritures dites nationales. |
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