| L'Amour et Psyché. - Ce sujet a été fréquemment traité par les peintres et les sculpteurs. Le tableau de François Gérard, au musée du Louvre, traduit sous une forme chaste l'allégorie quelque peu voluptueuse par laquelle les Grecs avaient exprimé les premières émotions de l'âme qui s'éveille au souffle de la passion. Psyché, le bas du corps enveloppé d'une gaze transparente, reçoit avec étonnement le premier baiser de l'Amour, gracieusement penché vers elle. Elle porte la main à son coeur ému; la pensée, le sentiment s éveillent dans son être jusque-là endormi, et sur son front le papillon de l'âme palpite et bat des ailes. ( L'Amour et Psyché, par François Gérard. Ce tableau, exposé au Salon de 1798, a beaucoup de grâce virginale et de délicatesse; mais il n'en est pas moins maniéré, et son coloris de porcelaine est d'une incontestable fadeur. Popularisé par la gravure de Godefroy et la lithographie d'Aubry le Comte, il est un spécimen de la peinture ultra-classique dans le genre mièvre. On voit également, au musée du Louvre, deux groupes d'une grâce apprêtée et qui ont pour auteur Antonio Canova. Dans le premier, Psyché, la tête légèrement penchée, tient avec précaution entre ses doigts délicats un papillon, son emblème ou celui de l'âme, qu'elle pose sur la main gauche de l'Amour. Celui-ci, enlaçant de son bras droit le corps de son amie, appuie légèrement la tête sur son épaule et regarde l'insecte brillant qu'elle lui confie. Dans le second groupe, qui date de 1793, Psyché, persécutée, invoque la mort, qu'éloigne la cruelle Vénus; auprès d'elle est le vase dans lequel on l'avait condamnée à aller puiser de l'eau du Styx. L'Amour l'aperçoit : la beauté de celle qu'il a délaissée ranime son ardeur; il dirige son vol vers elle, et, la soutenant au moment où elle va se précipiter dans un abîme, il la serre dans ses bras et la relève en lui prodiguant ses caresses. On trouve dans ces deux oeuvres les qualités de Canova : sa délicatesse et sa grâce, mais aussi ses plus graves défauts : un académisme mou et même morbide, et plus de précieux que de vrai sentiment. | |