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Lithographie

Lithographie (du grec lithos, pierre, et graphô, j'écris), art de tracer des caractères et des dessins sur une pierre calcaire, dite pierre lithographique, et de les reproduire sur le papier par l'impression. Pour qu'une pierre soit bonne, il faut qu'elle soit sans tache, d'un grain très fin, d'un ton uniforme, pesante et spongieuse. Les deux faces opposées sont parfaitement planes; l'une des deux surfaces est brute, l'autre a été bien polie au moyen de la pierre ponce. On écrit ou on dessine sur cette surface unie, avec une plume d'acier trempée dans une encre dite lithographique ou avec un crayon gras : puis on fixe l'écriture ou le dessin en lavant la pierre avec une eau de gomme à laquelle est mêlé un peu d'acide nitrique ou chlorhydrique. Ce lavage rend le dessin insoluble, pénètre la portion non dessinée de la pierre, et la rend incapable de recevoir et de retenir les corps gras, mais susceptible de retenir l'eau. Pour imprimer, on place la pierre dans un chariot, espèce de caisse où elle est maintenue solidement à l'aide de vis en fer ou de coins en bois : on la mouille avec de l'eau propre, puis on enlève les dessins ou les écritures avec de l'essence de térébenthine. On humecte de nouveau et très légèrement toute la pierre avec une éponge fine; on étend aussitôt, avec un rouleau élastique, de l'encre d'imprimerie, qui se fixe seulement sur le dessin. On place alors une feuille de papier blanc un peu humide sur la pierre, on la recouvre d'une seconde, dite de maculature, et on abat dessus un châssis de fer garni d'un cuir fort et bien tendu. On soumet le tout à la pression d'un rouleau ou d'un râteau en bois, qui agit perpendiculairement sur la surface. 

La lithographie fut découverte en 1798 par un nommé Senefelder, à qui le célèbre musicien Weber disputa cette invention; introduite en France, dès 1802, par Frédéric André, l'un de ses associés, elle ne commença d'y prospérer qu'à partir de 1814, grâce aux efforts du comte de Lasteyrie, à Paris, et d'Engelmann à Mulhouse. Motte, Bry, Lemercier, Chevalier, Langlumé, Jobard, la perfectionnèrent ensuite, et elle atteignit rapidement son apogée avec les dessins de Charlet, de Carle et d'Horace Vernet, d'Ach. Devéria, de Fragonard, de Picot, de Daguerre, d'Isabey, de Villeneuve, de Gosse, de Bourgeois, de Michalon, de Léon Noël, de Maurin, de Gavarni, de Grévedon, de Mouilleron, de Nanteuil, de Daumier, etc. 

On donne le nom de chromo-lithographie à la lithographie en couleur. On fait d'abord le trait sur la pierre, puis on fait autant d'épreuves qu'on a besoin d'employer de couleurs. On transporte chaque éprouve de trait sur une pierre différente, puis on modèle chaque couleur de manière à produire les effets désirés, en combinant les couleurs de manière qu'elles tombent les unes sur les autres. C'est un procédé long et minutieux, surtout quand les couleurs et les teintes sont nombreuses, et on n'y a bien réussi que depuis Engelmam. En Angleterre, Daty, Hogarth, et Rowney ont publié des fac-simile d'aquarelles, qui ont eu un très grand succès. En France, la chromo-lithographie a été employée pour les planches d'ouvrages importants, tels que la Monographie des vitraux de la cathédrale de Bourges, le Moyen âge et la Renaissance, l'Imitation de J.-C., le livre d'heures d'Anne de Bretagne, etc. Elle permet de reproduire avec une perfection étonnante non seulement les miniatures des manuscrits, mais encore les tableaux des grands maîtres : c'est ainsi qu'on a publié le Couronnement de la Vierge d'après Giovanni da Fiesole et la Vierge du Pérugin. (A19).



En bibliothèque - Senefelder, l'Art de la lithographie, Paris, 1810; Chevalier et Langlumé, Manuel du lithographe, 1838; Thénot, Cours complet de lithographie, 1836; Engelmann, Traité théorique et pratique de lithographie, 1839; Brégeaut, Knecht et Desportes, Manuel complet de l'Imprimeur lithographe, 1850.
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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