| Robert de Courtenay a été un empereur latin de Constantinople de 1219 à 1228, mort au commencement de l'année 1228. Il était fils cadet du comte d'Auxerre, Pierre de Courtenay et de Yolande de Namur. Il passa ses premières années, comme la plupart des fils des grandes familles, à la cour du roi de France. La couronne de Constantinople aurait du revenir à son frère aîné Philippe, comte de Namur, auquel les Grecs de l'empire latin envoyèrent une députation, mais qui se dessaisit de ses droits en faveur de Robert, qui n'avait pas encore atteint sa majorité. Celui-ci se rendit à Constantinople par I'Allemagne et la Hongrie, où il passa l'hiver de 1220-21, à la cour du roi André, son beau-frère. L'empire latin, fondé par les croisés, était alors très divisé, et se trouvait partage entre la famille de Courtenay, à Constantinople, les Lascaris, à Nicée, les Comnène, à Trébizonde, les Ange, à SaIonique, etc. La régence de l'empire de Constantinople fut exercée par Quesnes de Bethune jusqu'à la majorité de Robert, qui fut couronné empereur dans l'église de Sainte-Sophie, le 25 mars 1221. Robert chercha à se faire un allié de Théodore Lascaris, lequel lui promit sa fille Eudoxie, mais mourut avant la conclusion de ce mariage. Un gendre de Lascaris, Jean ou Calojean Ducas Vatatzès, que les chroniqueurs français appellent Vatace, Vataiche ou Vastache, refusa de remplir la pro messe de Théodore Lascaris à Robert, et fut le plus grand ennemi de l'empire latin. Pendant toute la durée de son règne, Robert sollicita des secours des princes d'Occident et demanda au pape de prêcher la croisade. Honorius III et Grégoire IX adressèrent des remontrances aux divers princes grecs, pour les amener à faire la paix avec Robert, excommunièrent les partisans des Grecs et accordèrent aux seigneurs qui partirent pour Constantinople les mêmes indulgences qu'aux croisés de la Terre Sainte. Les églises de l'empire de Constantinople donnèrent la moitié de leurs revenus et la moitié de leurs biens meubles, autres que les objets du culte, pour l'entretien de l'armée des Latins (1224). Le roi de France, Louis VIII, alors occupé au siège d'Avignon, promit un secours de trois cents chevaliers (1226). Malgré la défection d'Alexis et d'Isaac, proches parents de Théodore Lascaris, qui se rangèrent du côté de Robert, celui-ci fut battu par Jean Ducas et perdit toute l'Asie Mineure (1223). Ducas s'empara même d'Andrinople, et les Latins furent presque cernés dans Constantinople (1224). Pendant que Démétrius, fils de Boniface de Montferrat et roi de Salonique, était allé en Italie pour rassembler des secours, Théodore Comnène s'empara de Salonique (1224). Guillaume de Montferrat, frère de Démétrius, passa en Grèce avec une armée de secours, mais y mourut peu après son arrivée, sans avoir pu reprendre Salonique (1225). Robert fit la paix avec Jean Ducas et lui confirma toutes les conquêtes que Ducas avait faites sur l'empire latin. Robert devait, en échange de ces concessions, épouser la princesse Eudoxie. Le règne de Robert se termina dans une intrigue misérable. Epris d'une jeune fille d'Artois, fille de Baudouin de Neuville, et qui était fiancée à un seigneur bourguignon de sa cour, Robert l'épousa à la place d'Eudoxie, et maria celle-ci à Un simple seigneur, nommé Anseau de Cayeux. Le chevalier bourguignon se mit à la tête d'une conjuration contre Robert, pénétra dans le palais impérial, fit noyer la mère de la jeune Française et coupa le nez et les lèvres à celle-ci. Robert s'enfuit de Constantinople, se rendit auprès du pape, puis revint en Grèce, mais il mourut en Achaïe, sur les terres de la seigneurie de Villehardouin (1228). Dans ses actes diplomatiques, il s'intitulait Robertus, Dei gratia fidelissimus in Christo imperator, a Deo coronatus, Romaniae moderator et semper augustus. (E.-D. Grand). | |