| Nicée (Nikaia). - Nom de plusieurs cités grecques antiques : 1° Forteresse des Locriens Epicnémidiens au Sud des Thermopyles, dont la cession par Phalencus à Philippe de Macédoine rendit ce dernier maître du défilé et termina la guerre sacrée. Elle fut saccagée plus tard par les Phocéens, et ses habitants émigrèrent dans la cité du même nom en Bithynie. Elle fut ensuite occupée par les Etoliens. Leake l'identifie avec Pundonitza. 2° Ville de Thrace, près d'Andrinople (auj. Edirne), où périt en 378 l'empereur Valens, défait par les Goths. 3° Ville de l'Inde (Pendjab) fondée par Alexandre le Grand, sur le bord de l'Hydaspe; en face était Bucephalia. 4° Colonie marseillaise de Ligurie qui est devenue l'actuelle ville de Nice, au Sud de la France. 5° Ville de Bithynie (auj. Isnik), sur la rive Nord-Est du lac Ascania, dans une plaine fertile, mais marécageuse. Elle fut fondée vers 316 av. J.-C. par Antigone sur l'emplacement de la cité d'Ancore ou Helicore, colonie des Bottiéens, détruite par les Mysiens. Lysimaque changea son premier nom d'Antigoneia pour celui de Nicée en honneur de sa femme, fille d'Antipater. Une autre version attribue l'origine de ce nom aux colons venus de la Nicée locrienne. La ville était très régulière, formant un carré de quatre stades de côté, avec quatre portes, rues se coupant à angle droit, gymnase central (que Pline le Jeune restaura après un incendie). Elle prospéra rapidement et devint l'une des résidences des rois de Bithynie, dont le premier fut Zipoetes en 288; elle disputait la préséance à Nicomédie; le 38e discours de Dion Chrysostome se rapporte à ce conflit. L'astronome Hipparque et l'historien Dion Cassius y naquirent. Une quantité de monnaies de Nicée ont été conservées, commémorant des fêtes en l'honneur de dieux ou d'empereurs. Lorsque Constantinople devint capitale de l'empire d'Orient, Nicée gagna, à ce voisinage, son enceinte fut agrandie. Le fameux concile de 325 s'y réunit probablement au lieu occupé par les ruines de la mosquée d'Orkhan. Nicée était d'ailleurs le siège d'un des plus anciens évêchés chrétiens. Détruite par un tremblement de terre, elle fut relevée par Valens (368). Au Moyen âge, les progrès des musulmans finirent par en faire une place frontière. Les Seldjoukides la prirent en 1078 ; les Croisés la reprirent en 1097, mais elle fut rétrocédée aux Turcs pour quelque temps. Au XIIIe siècle, au temps de l'empire latin de Constantinople, Théodore Lascaris en fit sa capitale. Elle fut définitivement conquise par le sultan ottoman Orkhan (1326). Une grande partie des édifices furent démolis et leurs matériaux employés à en construire d'autres, spécialement des mosquées. L'enceinte du IVe siècle, assez bien conservée, a 10 à 12 m de haut, 5 à 6 m de large à la base, environ 4700 m de tour, quatre portes et deux poternes. A travers les jardins et les champs de la pauvre bourgade d'isnik sont dispersées les ruines des mosquées, des bains et palais turcs, des édifices et, aqueducs antiques; deux môles forment dans le lac un petit port. (A.-M. B.). Les conciles de Nicée. - 325, premier concile oecuménique. Convoqué par Constantin, il siégea du 19 juin (?) au 25 août (?), dans l'oratoire du palais impérial, qui était la plus vaste église de la ville. L'empereur y exerça une action prépondérante. Athanase porte à 318 le nombre des évêques qui y assistèrent. Il ne fut point procédé à une rédaction officielle des actes de ce concile, ni de ceux du concile général qui le suivit (Constantinople, 381). Suivant Eusebe (Vita Constantini, III, 34), on ne mettait par écrit que les décisions adoptées, lesquelles étaient alors signées par tous les membres présents. Il ne semble point qu'on se soit occupé d'en former un recueil, ni même d'en dresser une liste authentique. Ce qui est resté se réduit à la définition dogmatique relative à la personne de Jésus-Christ, à des canons, dont le texte est fort controversé, et à-une lettre synodale. La lettre de convocation, adressée par l'empereur aux évêques, ne nous est connue que par le résumé que Eusèbe en a fait. Deux autres circulaires, écrites par Constantin après la clôture, ont été reproduites par Socrates et par Théodoret. Les autres renseignements contemporains, dignes de créance, doivent être cherchés dans les écrits d'Athanase et d'Eusèbe, vraisemblablement sincères, mais suspects de partialité inconsciente. Dans ces conditions, la fabrication de documents apocryphes, l'interpolation des canons primitifs, les traductions infidèles et les entreprises analogues devaient se produire avec grande facilité ; elles se sont produites avec une abondance qu'expliquent l'autorité et la majesté, attribuées au premier concile général de l'Église chrétienne. Ce sont les évêques de Rome qui en ont ordinairement bénéficié. L'objet principal de la convocation, ainsi que les délibérations et la décision qui s'y rapportent sont indiqués, avec des développements suffisants, au mot Arianisme. La lettre synodale relate une convention adoptée sur l'époque de la fête de Pâques. Én outre, le concile fit un certain nombre de canons sur la discipline. Le nombre de ces canons est communément fixé à vingt ; une version arabe en contient soixante autres, dont l'inauthenticité paraît manifeste. 787, septième concile oecuménique. Il est le dernier de ceux que les Grecs et les Latins s'accordent à classer parmi les conciles généraux. Les Actes de cette assemblée, amplement rédigés, forment un volume. Anastase le Bibliothécaire en a fait une traduction latine, qui n'est pas toujours conforme aux textes grecs qui nous sont parvenus; elle est précédée d'une préface très intéressante, adressée au pape Jean VIII. D'après les listes produites par Mansi (Sacrorum conciliorurn nova et amplissima collectio), 260 évêques ou leurs représentants assistèrent à la première session (24 septembre); 310 signèrent la décision capitale, votée dans la VIIe, qui fut la dernière pour Nicée (13 octobre). Longtemps après la tenue de ce concile, les Latins prétendirent qu'il avait décrété l'addition au Symbole du mot Filioque. Cela n'est nullement prouvé; mais ce qui est bien certain, c'est que ce deuxième concile oecuménique de Nicée, renouvelant et confirmant la liste des hérétiques condamnés par les précédents conciles généraux, y maintint le nom du pape Honorius. Le 23 octobre, les Pères de ce concile se réunirent à Constantinople pour faire lire solennellement devant l'impératrice Irène et son fils Constantin leur décret sur les images. Ils tinrent alors une VIIIe session, dans laquelle vingt-deux canons furent adoptés. I. Il confirme les lois et les définitions des six conciles précédents. Il. Avant de consacrer un évêque, on examinera s'il sait le Psautier, l'Évangile, les Épîtres de saint Paul et les canons. III. Les élections des évêques faites par les princes, sont nulles. l'es évêques doivent être élus par les évêques. VI. VI.Le concile provincial doit être assemblé au moins une fois chaque année. VII. On ne doit point consacrer d'église sans y mettre des reliques. (E.-H. Vollet). | |