| Maïmon (Salomon), philosophe né à Mirz, en Lituanie polonaise, en 1754, mort à Nie der-Siegersdorf, près de Liegnitz, le 22 novembre 1800. Fils d'un rabbin pauvre, il était d'une précocité extraordinaire, talmudiste renommé à onze ans, marié à douze et père à quatorze. Maltraité par les siens, il gagna l'Allemagne, étudia la médecine à Berlin et y vécut misérable jusqu'au moment où il obtint une place de maître d'hôtel à Posen. De retour à Berlin (1773), il se mit à l'étude de la philosophie de Wolff, et fit la connaissance de Moïse Mendelssohn qui l'introduisit dans la société juive (La diaspora juive). Mais il n'arriva pas à se créer une situation, chercha en vain à s'établir à Hambourg, Amsterdam, Hanovre, apprit en passant le latin au gymnase d'Altona, passa quelques années comme précepteur dans la maison du banquier Sigman Meier et trouva enfin un asile assuré auprès du comte Kalkreuth à Nieder-Siegersdorf (1790). Jusqu'alors il n'avait publié que des articles isolés. La philosophie kantienne, qu'il n'avait connue qu'en 1788, détermina l'orientation de ses idées. C'est sous cette influence qu'il écrivit d'abord son Versuch ueber die transcend. Philosophie (Berlin, 1790, in-8), dont Kant avait lu et approuvé le manuscrit. Dans son Philos. Waerterbuch (id., 1791, in-8), il réunit par ordre alphabétique une série de dissertations sur les principaux points de la philosophie. Cet ouvrage suscita entre Reinhold et lui une violente polémique. Maïmon défendit ses idées dans les Streifereien im Gebiete der Philos. (id., 1793, in-8). Après avoir publié deux ouvrages d'histoire et de critique philosophique : Ueber die Progresse der Philosophie (id., 1793, in-8) et Die Kathegorien des Aristoteles mit Anmerkungen erlaeutert (id., 1794, in-8), Salomon Maïmon fit paraître son plus important ouvrage : Versuch einer neuen Logik (id., 1794 ; 2e éd., 1798, in-8). Il publia encore Kritische Untersuchungen ueber den menschl. Geist oder das haehere Erkenntnissvermaegen (id., 1797, in-8). Salomon Maïmon cherchait à corriger la doctrine de Kant en accordant une large part au scepticisme. II rejette le concept de chose en soi et prétend que la matière des choses extérieures qui produisent les impressions de notre sensibilité est purement inintelligible. L'impression reste ainsi un fait réel, mais inexplicable. Il contestait la distinction kantienne de la sensibilité et de l'entendement ainsi que la subjectivité des intuitions de temps et d'espace. En morale, il reconnaît à la jouissance intellectuelle une valeur morale. (Th. Ruyssen). | |