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La
formation de la Lituanie.
L'obscurité
qui enveloppe les origines de la Lituanie ne se dissipe guère avant
le XIIIe siècle. Même à
partir de cette époque, la chronologie est incertaine, et dans cette
longue série de guerres où les mêmes adversaires se
trouvent en présence, la mobilité des frontières,
l'occupation et la perte plusieurs fois renouvelées des mêmes
territoires, la distinction peu claire entre les États conquis ou
seulement dominés font qu'il est impossible de dater tous les accroissements
territoriaux des Lituaniens et qu'en les attribuant à tel ou tel
de leurs princes, on commet nécessairement des erreurs.
Avant de se grouper
d'abord autour d'un petit nombre de chefs, puis d'un chef unique, les Lituaniens
vivaient par dans dans leurs forêts et leurs marécages, ayant
une sorte d'organisation communale très simple, sans lois écrites,
et n'éprouvant pas le besoin d'en avoir une autre, vivant des produits
de la terre et entretenant des relations commerciales avec les Slaves et
les Suédois. Divisés entre eux, ils ne s'unissaient que pour
attaquer les Russes
sur le territoire desquels ils faisaient de nombreuses incursions.
La première
mention qui soit faite des Lituaniens dans l'histoire se trouve dans la
Chronique de Nestor qui relate les victoires remportées sur
eux en 1040 et 1045 par le grand prince de Kiev,
Iaroslav. Ces expéditions et surtout
le besoin de défendre contre les Allemands
leur indépendance et leur religion les groupèrent au commencement
du XIIIe siècle; il semble qu'alors
leurs nombreuses principautés se soient fédérées.
Ringold (1239), qui passe pour avoir été leur premier grand
prince, remporta plusieurs victoires sur les Russes affaiblis par les invasions
mongoles
et étendit sa domination jusqu'à Polotsk ,
Vitebsk
et Smolensk .
Après lui,
Mindvog s'efforça par tous les moyens de faire l'unité lituanienne.
Maître de Grodno
et de Novogrodek, il eut à lutter contre les Russes ,
les Polonais ,
contre ses neveux qui, mariés à des princesses russes, voulaient
se détacher de la Lituanie, contre les Porte-glaive ( Les
Chevaliers Teutoniques ).
Pour résister à ces derniers, il fit appel au pape et reçut
le baptême en 1252. Mais, les moines-soldats allemands
continuant les hostilités, Mindvog abjura en 1260 et souleva les
peuples païens. Vainqueur en 1261, il mourut assassiné, en
1263, avant d'avoir achevé son oeuvre, et la Lituanie, ensanglantée
par la lutte du fils de Mindvog contre les assassins de son père,
retomba dans une anarchie complète qui dura vingt ans. Viten rétablit
l'ordre. Son successeur et sans doute son frère, Gédimine
(1315-1340), chef de la dynastie des Jagellons, fut le véritable
fondateur de la puissance lituanienne. Bientôt battu avec son allié
d'alors, le roi de Pologne ,
par les Teutoniques, les Porte-glaive et le roi de Bohème
qui s'étaient croisés contre les païens de Lituanie,
il remporta de grands succès sur les Russes
soutenus par les Tatars ,
occupa la Volynie
et s'avança jusqu'à Kiev dont
il ne s'empara peut-être pas, contrairement à l'opinion la
plus répandue.
A ce moment, la Lituanie
est à l'apogée de sa grandeur et peut être regardée
par les Occidentaux comme une barrière opposée aux Mongols .
Comprenant que la Lituanie ne pouvait plus rester isolée, Gédimine
noua des relations avec les différents peuples de l'Europe ,
organisa le pays, empruntant beaucoup aux Russes ,
y attira des artisans et des artistes étrangers et négocia
avec les villes hanséatiques. Le pape put espérer un moment
qu'il se convertirait. Demeuré païen, il permit du moins aux
franciscains et aux dominicains allemands
de prêcher et d'avoir leurs églises, concédant d'ailleurs
les mêmes avantages à l'Église russe.
Après une
période de troubles qui suivirent la mort de Gédimine, deux
de ses fils, Olgerd (1345-1377) et Keistut, gouvernèrent ensemble.
Le règne d'Olgerd est rempli par ses guerres contre les Chevaliers
teutoniques ,
qui le vainquirent et s'avancèrent jusqu'à Vilna (Vilnius )
sans que ces succès eussent des résultats décisifs,
contre les Polonais ,
contre les Tatars
et les Moscovites. Vainqueur de ces derniers, il marcha trois fois sur
Moscou, pénétra jusqu'en Crimée ,
et à sa mort la Lituanie étendait sa domination de la Baltique
à la mer Noire, du Bug aux sources du Donetz; à l'intérieur,
Olgerd favorisa le développement de l'influence russe qui, peu à
peu, absorba l'élément lituanien; sous son règne,
l'Église orthodoxe fit de nombreux adeptes. Le mariage d'Hedwige,
reine de Pologne, et de Jagellon, fils d'Olgerd, en réunissant la
Lituanie et la Pologne (1386), arrêta ce mouvement. Mais le mariage
de Jagellon, sa conversion et celle des Lituaniens baptisés officiellement
ne marquent pas la fin de la nationalité lituanienne. Jagellon dut
laisser le gouvernement de la Lituanie à Vitovt, dont il avait tué
le père, Keistut, le héros des guerres contre les Teutoniques.
Ce prince fit tous ses efforts pour sauvegarder l'indépendance de
la Lituanie, et ce n'est qu'après sa mort (1440) que les destinées
des deux États furent véritablement unies.
L'union de la
Lituanie et de la Pologne.
En 1386, lors du
mariage de Jagellon avec Hedwige de Pologne ,
la grande-principauté de Lituanie comprenait :
1° la
Lituanie proprement dite, c.-à-d. le bassin supérieur du
Niémen et celui de son affluent, la Vilia, avec la capitale de Gédimine,
Vilna .
2° La plus grande
partie de la Samogitie ou pays des Jmoudes;
.3° la Russie
Blanche, c. -à-d. les anciennes principautés russes de Polotsk
et de Vitebsk .
4° La Russie
Noire, avec les villes de Tchernigov ,
de Perejaslavl, et l'ancienne métropole de la Russie ,
Kiev.
5° La Volhynie ,
avec Loutsk, la haute vallée du Prypet, avec Brest Litovski, c'est-à-dire
de Lituanie et, dans la même région, les villes d'origine
russe de Novogrodek et de Grodno .
La Lituanie était
donc l'État le plus vaste de l'Europe
de ce temps : de la Samogitie aux steppes du Sud, elle allait presque d'une
mer à l'autre, comme plus tard la Pologne
et la Russie .
Il s'en fallait, du reste, qu'elle fût un État cohérent
et solidement organisé. Elle n'avait pas d'unité nationale
: les Lituaniens proprement dits y étaient moins nombreux que les
Russes. Elle n'avait pas d'unité religieuse; une partie de la Lituanie
au centre et au Nord était encore païenne; à l'Ouest
dominait le catholicisme
importé de Pologne; à l'Est et au Sud, l'orthodoxie. Elle
n'avait pas enfin de constitution politique; le pouvoir y était
héréditaire dans la famille de Gédimine, mais tous
les princes issus de cette souche se le disputaient, et leurs disputes
favorisaient l'éclosion d'une puissante aristocratie en partie lituanienne,
en partie russe.
Cet état disparate,
fondé uniquement sur la conquête, ne pouvait durer qu'en adoptant
les institutions de ses voisins mieux structurés, Russes
ou Polonais .
Toutes les probabilités étaient pour qu'il prît une
forme russe. Déjà du temps de Gédimine, on avait vu
les Lituaniens adopter, pour leurs rapports avec les États voisins,
la langue de leurs sujets russes, qui resta jusqu'au XVIe
siècle la langue officielle de leur chancellerie; on avait vu les
fils du prince embrasser l'orthodoxie, une Église orthodoxe s'élever
à Vilna (Vilnius ),
un quartier russe s'y former. Toutes les ambitions lituaniennes étaient
tournées du côté de l'Est de Novgorod,
de Tver ,
de Moscou; à chaque nouvelle conquête
de ce coté devait correspondre un pas de plus dans la russification
des conquérants : il semblait que Vilnius fût destinée
à devenir la métropole d'une Russie occidentale, opposée
à la Russie orientale formée autour de Moscou.
Le cours de cette
histoire fut interrompu par le mariage de Jagellon. Celui-ci, devenu catholique ,
s'efforça de faire de sa principauté un pays catholique et
par conséquent polonais .
L'orientation nouvelle subsista, même après que Jagellon,
obligé de choisir entre ses deux couronnes, eût été
forcé de laisser la Lituanie à son cousin Vitovt. Les Lituaniens
prirent part, à côté des Polonais, à la grande
campagne contre l'ordre teutonique ,
qui se termina par la victoire de Tannenberg (1410) : ils y gagnèrent
la libération de la partie de la Samogitie, que les Teutoniques
avaient déjà conquise. D'autre part, les revers éprouvés
par Vitovt dans ses entreprises orientales, et notamment sa défaite
sur la Vorka (1399) par les Tatares ,
lui enlevèrent toute chance d'agrandissements nouveaux dans les
pays russes et contribuèrent, par conséquent, à rattacher
davantage la grande-principauté au royaume de Pologne.
Le catholicisme ,
jadis détesté des Lituaniens, parce qu'il était la
religion de leurs ennemis héréditaires, prit tout à
coup, sous des influences de cour, une extension menaçante pour
l'orthodoxie. Au congrès polonais et lituanien de Horodlo (sur le
Bug), en 1412, il fut établi que les Lituaniens catholiques auraient
accès à toutes les grandes charges du royaume de Pologne ,
mais que, par contre, les grandes charges de Lituanie ne seraient plus
accessibles qu'à des catholiques. Quelques années plus tard,
la création d'un patriarcat orthodoxe à Kiev
consomma la séparation de l'Église russe d'Occident d'avec
celle d'Orient, toujours soumise à l'autorité du patriarche
de Moscou. Vitovt n'entendait pas, du reste,
travailler à l'union de la Lituanie avec la Pologne. Il aurait voulu
faire de la grande-principauté un royaume égal en dignité
au royaume de Pologne, libre de toute ingérence polonaise. Mais
il échoua dans ses efforts pour se faire décerner par le
pape et l'empereur le titre de roi, et, peu après sa mort (1430),
une courte guerre civile qui mit au pouvoir le prince catholique Sigmund
décida des destinées de la Lituanie.
La Lituanie resta
désormais une sorte de grande annexe du royaume de Pologne ,
ayant tantôt le même souverain, tantôt un souverain particulier,
mais toujours un descendant de Jagellon, comme en Pologne. Cette situation
indécise dura ,jusqu'à la seconde moitié du XVIe
siècle. A ce moment, en Pologne, on put prévoir la prochaine
extinction de la dynastie de Jagellon, c'est-à-dire la disparition
du seul lien politique des deux pays; d'autre part, en Lituanie, on était
préoccupé de l'accroissement du pouvoir des princes de Moscou,
de leurs prétentions sur les terres russes
dépendantes de la grande-principauté. De ces préoccupations
résulta, en 1565, la célèbre Union de Lublin.
La noblesse des deux
pays y convint que les deux couronnes seraient désormais réunies
sur la même tête, avec des droits égaux, qu'il n'y aurait
plus qu'une seule diète et un seul sénat, qui siégeraient
à Varsovie ,
devenu ainsi une sorte de capitale mixte, pour remplacer à la fois
Cracovie
et Vilnius ;
que la Pologne
et la Lituanie conserveraient chacune ses grands dignitaires, chancelier,
vice-chancelier, maréchaux, hetmans, son
armée particulière et ses lois. Un arrangement particulier
rattacha à la Pologne la plus grande partie des provinces russes
du Sud, précédemment annexées à la Lituanie.
Il était évident
qu'en dépit de toutes les précautions prises pour assurer
l'autonomie de la Lituanie, l'Union de Lublin en faisait en réalité
une dépendance de la Pologne .
Sa polonisation plus ou moins complète devenait dès lors
inévitable. Déjà, sous les derniers princes, la cour
de Vilnius
était devenue toute polonaise : les villes, dotées, comme
les villes de Pologne, du droit de Magdebourg, étaient, comme elles,
allemandes
et juives .
La grande noblesse, la seule qui comptât en Lituanie, était
passée presque tout entière au catholicisme ;
quelques magnats étaient devenus calvinistes ,
comme les Radziwill. Dans un cas comme dans l'autre, la polonisation de
l'immense majorité de la classe dirigeante était complète,
dès le début du XVIIe siècle;
mais, en face de cette classe dirigeante, le peuple de la principauté
restait orthodoxe. Cette dualité religieuse rendait singulièrement
précaire l'union politique fondée à Lublin : aussi,
tous les efforts de la politique polonaise, aux XVIe,
XVIIe et XVIIIe
siècles, eurent-ils pour but la suppression totale de l'orthodoxie.
Les principaux agents de cette politique, les jésuites ,
imaginèrent un compromis qui devait faciliter la propagande catholique
: ce fut d'obtenir du clergé et du peuple russe leur soumission
à l'autorité du saint-siège ,
tout en leur garantissant le maintien de la liturgie en slavon et des usages
particuliers à l'Église orientale : c'est ce qu'on
appela l'Union des deux Églises, union qui, du reste, dans
la pensée de ses auteurs, ne devait être qu'une transition
à l'unité et même à l'uniformité complète.
Quoi qu'il en fût, l'Union fit de rapides progrès, malgré
la résistance du clergé orthodoxe, celle de quelques grandes
familles encore fidèles à l'ancienne foi, et celle du peuple
qui, dans plusieurs villes, et notamment à Vilnius et à Vitepsk,
se souleva contre le clergé uniate. En Petite-Russie, les troubles
aboutirent à une révolte ouverte et à un recul des
Polonais; en Lituanie, l'Union triompha, mais non sans que les Moscovites,
appelés par les orthodoxes opprimés, eussent profité
de l'occasion pour démembrer la grande-principauté.
Sous la coupe
russe.
En 1654, le second
des Romanov, le tsar Alexis Mikhaïlovitch,
prit successivement Polotsk ,
Vitepbk ,
Smolensk ,
Mohilev. L'année suivante, ce fut le tour de Grodno ,
de Kovno, de Vilnius .
Toute la Lituanie se trouva au pouvoir des Moscovites, et le tsar put espérer
un moment se faire proclamer grand-prince par les magnats : beaucoup d'entre
eux, notamment ceux des palatinats orientaux, préféraient
sa domination à l'autorité, pourtant si légère,
du roi de Varsovie. Mais le succès des Moscovites ne dura pas :
après 1660, les Polonais reprirent la plupart des places perdues,
et le tsar ne garda que Smolensk, à la trêve d'Androussovo,
en 1667. La reprise, par le tsar, des terres russes d'Occident, était
ajournée de plus d'un siècle.
Pendant ce siècle,
la polonisation de la noblesse lituanienne s'acheva, et l'Union continua
à progresser, grâce à des violences qui provoquèrent,
à maintes reprises, les ardentes protestations du clergé
orthodoxe et les plaintes du représentant de la Russie
à Varsovie. Cette situation, qui faisait envisager les Russes, par
la majeure partie du peuple de la grande-principauté, comme les
défenseurs de sa foi, facilita singulièrement les partages
qui, au XVIIIe siècle, transformèrent
la Lituanie presque entière en province russe. En 1772, au premier
partage, la Russie n'acquit que la Livonie
polonaise, avec Polotsk, et le reste de la Russie Blanche, avec Vitepsk
et Mohilev; au second partage, en 1793, elle reçut Minsk, Sloutsk
et Pinsk; au troisième, en 1795, le reste de la Lituanie, moins
les districts placés à l'Ouest du Niémen, qui devinrent
prussiens, mais passèrent à leur tour, en 1807, sous la domination
russe (traité de Tilsit
: cession de la province de Bialystok à la Russie ).
Détruite
politiquement, partagée entre les gouvernements russes de Vilnius ,
Kovno, Grodno ,
Minsk, Mohilev et Vitepsk, la Lituanie redevint russe lentement, sous la
pression, du reste intermittente, de l'administration. Les principales
étapes de cette russification ont été le transfert
de l'université de Vilnius à Kiev,
la persécution dirigée contre l'Union sous Nicolas ler,
et sa presque complète suppression dans les territoires de l'ancienne
grande-principauté, la répression sanglante des tentatives
de révolte, en 1831 et en 1833, l'exil et la confiscation des biens
de beaucoup de propriétaires polonais. Ces mesures violentes ont
peut-être moins fait pour la transformation de la Lituanie que l'abolition
du servage, qui a restreint l'autorité des seigneurs sur leurs paysans,
et le dessèchement des marais de Pinsk, qui a accru la salubrité
et la richesse du pays, ouvert de vastes territoires à la colonisation
pacifique des paysans russes, et semblait préparer, par la suppression
complète des obstacles naturels qui avaient si longtemps isolé
et protégé les Lituaniens, sa complète assimilation
à ses voisins de l'Est.
Depuis 1915.
L'invasion de la
Lituanie par les troupes allemandes en 1915, changea une fois de plus le
cours d'une histoire qu'on aurait pu croire déjà tout écrite.
Après la défaite des puissances centrales, les Bolcheviks,
désormais au pouvoir en Russie ,
tentèrent de reprendre possession du pays. Ils parvinrent à
Vilnius
début 1919, mais en furent bientôt chassés. Ils furent
suivis des Polonais ,
alors en guerre contre la Russie, mais eux aussi furent expulsés
du territoire Lituanien et acceptèrent même de reconnaître
l'indépendance de la Lituanie en 1920. En 1922, cependant la Pologne
reprit Vilnius, tandis qu'un gouvernement provisoire lituanien faisait
de Kalipeda (Mermel), alors sous administration de la SDN, sa nouvelle
capitale. En 1939, l'Allemagne
nazie reprit Mermel; l'année suivante, ce fut la Russie de Staline
qui se rappela au bon souvenir de la Lituanie, qui fut intégrée
à l'URSS ,
avec un statut de république socialiste soviétique. Les troupes
allemandes envahirent la Lituanie en 1941, y procédèrent
à la déportation de plus de 200 000 juifs ,
et en furent de nouveau expulsées en 1945 par les soviétiques,
qui eux aussi déportèrent massivement, cette fois des opposants,
envoyés en Sibérie .
Le pays ne put retrouver qu'en 1991 son indépendance (proclamée
un an plus tôt). En mars 2004, la Lituanie a adhéré
à l'OTAN, et au mois de mai suivant, elle est entrée dans
l'Union européenne. Elle sera en novembre de la même année,
le premier pays à ratifier le traité constitutionnel européen.
La lituanie est entrée dans la zone euro en 2015 et a rejoint l'OCDE
en 2018. (M. Roger / E. Haumant). |
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