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Don DeLillo

Don DeLillo est un écrivain américain né le 20 novembre 1936 dans le Bronx (New York). Il est l'un des principaux écrivains postmodernes américains, aux côtés de Thomas Pynchon et David Foster Wallace. Ses romans, écrits dans une prose  à la fois dense et poétique, abordent les dynamiques entre l'individu, la culture de masse, et l'histoire mondiale, avec une attention particulière aux questions de perception, de réalité et de pouvoir. Quelques-unes de ses oeuvres, comme White Noise, Libra et Underworld, ont marqué la littérature contemporaine, en offrant une réflexion profonde et prophétique sur la culture américaine et ses dérives. 

Donald Richard DeLillo est issu d'une famille italo-américaine de condition modeste. Son père travaille comme employé dans une entreprise de production de matériel automobile. Élevé dans le quartier ouvrier du Bronx, DeLillo grandit dans une communauté majoritairement immigrée, où les histoires et la culture populaire américaine jouent un rôle important dans sa formation. Enfant, il est attiré par le cinéma, les émissions de radio et, plus tard, la télévision. Adolescent, DeLillo s'intéresse également à la littérature. Il découvre des auteurs comme James Joyce, William Faulkner et Ernest Hemingway, qui le fascinent par leur utilisation de la langue. Il cite également les films d'Antonioni et Godard comme des influences marquantes sur sa perception du récit et de la structure narrative. Après le lycée, DeLillo fréquente l'université Fordham, une institution jésuite, où il obtient un diplôme en communication en 1958. Cependant, sa véritable passion pour l'écriture ne s'éveille pas pleinement durant ces années universitaires. Il passe beaucoup de temps à lire et à parcourir la ville, absorbant la culture vibrante et en pleine mutation de New York, une ville qui servira de cadre dans plusieurs de ses œuvres.

Après avoir obtenu son diplôme, DeLillo travaille comme rédacteur publicitaire pour l'agence Ogilvy & Mather à Manhattan. C'est pendant cette période qu'il commence à écrire de manière plus régulière. Il développe un intérêt pour la fiction, bien qu'il décrira plus tard son travail dans la publicité comme "une période d'ennui qui a nourri mon désir d'écrire". Il quitte finalement le monde de la publicité au milieu des années 1960 pour se consacrer pleinement à l'écriture. Il passe beaucoup de temps à lire, écrire, et errer dans la ville. Après plusieurs années de travail solitaire, DeLillo publie son premier roman, Americana, en 1971. Ce roman raconte l'histoire d'un jeune homme travaillant dans les médias, qui perd ses illusions sur la société américaine et part à la recherche d'un sens plus profond à sa vie. Americana est une satire de la culture de masse et du vide spirituel que DeLillo perçoit dans l'Amérique contemporaine. Bien que ce roman n'ait pas rencontré un succès commercial immédiat, il attire l'attention pour son style distinctif et son analyse incisive de la société américaine.

DeLillo continue sur sa lancée avec End Zone en 1972, une satire de la culture du football américain, et Great Jones Street en 1973, un roman sur un rockeur reclus qui se retire de la célébrité. Ces oeuvres contribuent à établir DeLillo comme une voix émergente dans la fiction américaine, abordant des thèmes comme la célébrité, la violence et l'absurdité de la culture de masse. C'est également dans les années 1970 que DeLillo commence à développer ses préoccupations sur la technologie et la menace de la catastrophe nucléaire. Son roman Ratner's Star (L'Étoile de Ratner,  1976) en donne un premier exemple. Ce roman expérimental, centré sur un jeune prodige des mathématiques qui participe à une mission scientifique pour déchiffrer un message extraterrestre, est à la fois une satire de la science moderne et une réflexion sur le langage et la connaissance.

Pendant cette période, DeLillo commence à se faire un nom parmi les cercles littéraires et critiques, bien que son travail reste en grande partie underground. Le romans Players (Joueurs, 1977) et Running Dog (Chien galeux, 1978) continuent la réflexion de leur auteur sur les thèmes de la culture de masse, de la violence et de la paranoïa. Dans Players, DeLillo s'intéresse au terrorisme et à l'aliénation des individus dans une société technocratique, tandis que Running Dog aborde le sujet de l'obsession américaine pour le pouvoir et les secrets d'État à travers une quête pour un film pornographique nazi perdu.  En 1982, DeLillo publie The Names (Les Noms), un roman qui se déroule principalement en Grèce et dans d'autres régions du Moyen-Orient. Le livre raconte l'histoire de James Axton, un consultant en analyse de risques, qui enquête sur une série de meurtres commis par une secte obscure. Ce roman aborde les thèmes de la violence, du langage, et de la quête de sens dans un monde de plus en plus fragmenté. The Names marque un pas vers une exploration plus globale de la condition humaine et de la tension entre l'individu et les systèmes mondiaux.

Le roman White Noise (Bruit de fond), publié en 1985, est l'oeuvre qui propulse véritablement DeLillo sur la scène littéraire internationale. Ce livre, considéré comme l'un de ses plus grandes oeuvres, se concentre sur Jack Gladney, un professeur d'études hitlériennes dans une petite ville, et sa famille. White Noise traite de la peur de la mort, de l'impact des médias et de la technologie sur la société, et de la superficialité de la culture de consommation. Le roman dépeint notamment la toxicité des informations et la manière dont les médias façonnent notre perception du réel. Il est également célèbre pour sa description d'un événement apocalyptique, le « nuage toxique aéroporté », qui reflète les craintes écologiques et technologiques de l'époque. White Noise remporte le National Book Award et devient un livre culte, salué pour son humour noir et sa réflexion sur la société moderne.

En 1988, DeLillo publie Libra, une semi-fiction basée sur la vie de Lee Harvey Oswald, l'assassin présumé du président John F. Kennedy. Libra mêle des faits historiques à une réflexion sur les théories du complot, l'obsession nationale pour l'assassinat de Kennedy, et le rôle des forces cachées dans les événements politiques. Le livre suscite la controverse en raison de son traitement romancé d'un événement aussi emblématique de l'histoire américaine, mais il est largement salué pour sa profondeur et son style. Libra consolide la réputation de DeLillo comme un écrivain fascinant, capable de sonder les aspects les plus sombres et insaisissables de l'histoire et de la culture américaines. Ce roman, en interrogeant la vérité historique, préfigure les débats sur la post-vérité et les manipulations narratives qui viendront plus tard.

Dans Mao II, publié en 1991, DeLillo poursuit sa réflexion sur les médias et leur l'impact de la culture de masse. Il introduit aussi de nouveaux thèmes liés au terrorisme et au pouvoir de l'image. Le roman suit un écrivain reclus, Bill Gray, qui est confronté à sa propre obsolescence dans un monde où le terrorisme devient le principal moyen de communication politique. Ce livre examine comment les images et les actes de violence terroriste rivalisent avec la littérature dans leur capacité à s'emparer de l'imagination du public. Mao II remporte le PEN/Faulkner Award et est souvent considéré comme l'une des oeuvres les plus prophétiques de DeLillo, anticipant l'essor du terrorisme médiatique dans les décennies suivantes.

En 1997, DeLillo publie ce qui est souvent considéré comme son chef-d'oeuvre, Underworld (Outremonde), un roman monumental qui couvre plusieurs décennies de l'histoire américaine, depuis la Guerre froide jusqu'à la fin du XXe siècle. Le roman débute par une scène magistrale : un match de baseball historique entre les New York Giants et les Brooklyn Dodgers en 1951, suivi par l'annonce du premier test nucléaire soviétique. À partir de cet événement, le livre tisse une mosaïque d'histoires sur l'Amérique. Il aborde des sujets tels que l'armement nucléaire, les déchets, la paranoïa de la surveillance et le consumérisme. Underworld est une réflexion sur la manière dont l'histoire est à la fois vécue et oubliée, et sur la manière dont les objets culturels (comme la balle de baseball qui traverse tout le récit) portent une signification symbolique. Ce livre a été salué pour sa complexité narrative et sa capacité à saisir l'essence de l'Amérique du XXe siècle.

Après les attentats du 11 septembre 2001, DeLillo publie en 2007 Falling Man (L'Homme qui tombe), un roman centré sur les conséquences de ces événements pour les individus et la société. Le livre analyse les répercussions émotionnelles et psychologiques de l'attaque sur un survivant et sa famille, tout en analysant la manière dont le terrorisme a redéfini la culture occidentale. Falling Man est vu comme une continuation des thèmes abordés dans Mao II et Underworld, en particulier le pouvoir du spectacle violent et son impact sur la conscience collective.

Dans Point Omega, publié en 2010, DeLillo s'engage sur des thématiques de plus en plus abstraites, avec une prose minimaliste. Ce court roman se déroule principalement dans le désert et se concentre sur un dialogue entre un théoricien de la guerre et un cinéaste. Le livre aborde la question du temps, de la guerre, et de la fin de la civilisation, dans un style beaucoup plus dépouillé que ses oeuvres précédentes. En 2016, DeLillo publie Zero K, un roman qui se penche sur la question de l'immortalité à travers le prisme de la technologie et de la cryogénisation. Le livre suit un homme dont le père milliardaire finance une installation où les riches peuvent être cryogénisés en attendant que la science découvre comment prolonger la vie humaine. Zero K aborde la peur de la mort, un thème récurrent chez DeLillo, mais dans un contexte où la science tente de repousser les limites de la mortalité humaine. En 2020, DeLillo a encore publié un court roman, Le Silence, qui relate les angoisses face aux déréglement de notre monde.

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